Abstracts
Résumé
Cette étude s’attache aux poèmes publiés par Banville dans la presse pendant la guerre franco-prussienne de 1870. L’article montre comment la satire poétique se renouvelle au contact de la culture médiatique et devient une poésie de la résistance à l’envahisseur. Sont examinés les liens entre les poèmes de Banville et la caricature dessinée de l’époque : leur dimension plastique, fondée sur le jeu du noir et du blanc et la touche de couleur expressive ; l’art de la charge et du portrait caricatural ; l’usage d’allégories très suggestives, de figures de l’envahisseur susceptibles de mobiliser les lecteurs tout en leur faisant prendre conscience des dangers de l’image ; une carnavalisation de l’horreur qui libère de sa hantise. L’étude souligne en outre l’importance du modèle théâtral, qui transforme la parole en spectacle comique, suscitant un renouveau du vers et des expérimentations destinés à rendre cette parole plus expressive. Elle fait voir comment la satire poétique puise à la source vive de l’esprit français, cultivé par la petite presse et le théâtre populaire, pour faire jaillir un rire vengeur et créer une langue comique versifiée capable d’élever la poésie au-dessus de la circonstance.
Abstract
This study examines Banville’s poems published in the press during the 1870 Franco-Prussian War. The article shows how poetic satire undergoes a renewal in contact with media culture and becomes a poetry of resistance to the invader. We examine the connections between Banville’s poems and the caricatures of the time: their pictorial dimension, based on the interplay of black and white and the touch of expressive color; the art of skewering and caricatural portraiture; the use of highly suggestive allegories, featuring figures of the invader capable of mobilizing readers while making them aware of the dangers of imagery; a carnivalization of horror that liberates from its haunting. The study also underscores the importance of the theatrical model, which transforms speech into a comic performance, prompting a revival of verse and of experiments aimed at making this speech more expressive. It illustrates how poetic satire draws from the vibrant source of the French spirit, cultivated by the small press and popular theater, to unleash a vengeful laughter and create a versified comic language capable of elevating poetry above circumstances.