Abstracts
Résumé
Laurent Tailhade (1854-1919) occupe une place particulière dans l’histoire littéraire. Après des débuts parnassiens, c’est surtout sa verve satirique qui s’exerce et lui offre une certaine notoriété dans la dernière décennie du xixe siècle jusque dans les quinze premières années du xxe : ses cibles sont nombreuses, depuis certaines gloires établies comme Barrès ou Pierre Loti jusqu’aux acteurs de l’affaire Dreyfus les plus emblématiques comme Esterhazy ou Henri Rochefort. Cette réputation lui est octroyée à bon droit, mais l’examen de son oeuvre poétique complète révèle une dynamique plus subtile qui fait alterner les poèmes charges que l’on trouve regroupés dans les Poèmes aristophanesques (1904) et les pièces lyriques rassemblées dans les Poèmes élégiaques (1907). Loin de proposer une oeuvre aux compartiments étanches, Tailhade élabore une esthétique de contrastes, voire de rupture, qui privilégie en définitive l’expérience d’une décharge énergétique.
Abstract
Laurent Tailhade (1854-1919) holds a distinct place in literary history. After initial Parnassian beginnings, it is primarily through his satirical verve that he exercises his talents and gains a certain notoriety in the last decade of the 19th century and into the first fifteen years of the 20th century. His targets are numerous, ranging from established figures like Barrès or Pierre Loti to the most emblematic actors of the Dreyfus Affair such as Esterhazy or Henri Rochefort. This reputation is well deserved, but the examination of his complete poetic work reveals a more subtle dynamic that alternates between the satirical poems which are found grouped in Poèmes aristophanesques (1904) and the lyrical pieces gathered in Poèmes élégiaques (1907). Far from presenting a work with rigid divisions, Tailhade develops an aesthetic of contrasts, or even of rupture, that ultimately favors the experience of an energetic discharge.