Abstracts
Résumé
La nouvelle de Maylis de Kerangal Ni fleurs ni couronnes (2006) se situe au sud de l’Irlande au début du xxe siècle. L’ancrage historique du récit – le naufrage du Lusitania – aurait pu donner lieu à un déploiement narratif d’envergure. Or au contraire, Maylis de Kerangal fait du naufrage le départ d’un parcours limité dans l’espace et le temps. Une lecture attentive de Ni fleurs ni couronnes montre en quoi l’action du personnage suit une trajectoire initiatique dont les étapes sont constitutives du récit lui-même et de sa tension romanesque. À l’instar d’une autre nouvelle, Tangente vers l’est (2012), Ni fleurs ni couronnes allie un parcours dense et une attention aux paysages, aux gestes et aux corps, de sorte à cheviller l’aventure du personnage à une concision narrative proche du conte. Finalement, cette analyse montre que la portée romanesque de l’initiation n’est pas réservée aux seuls romans ; elle constitue plutôt un geste essentiel de l’écriture narrative de Maylis de Kerangal.
Abstract
Maylis de Kerangal’s short fiction Ni fleurs ni couronnes (2006) is set in the south of Ireland at the beginning of the 20th century. The historical anchoring of the story – the sinking of the Lusitania – could easily have given rise to an adventure filled novel. Instead, Maylis de Kerangal prefers to tell the story of a young man’s initiation. A careful reading of Ni fleurs ni couronnes shows that the sequence of events constitutes an initiation process whose steps are constitutive of the narrative itself and its adventurous thrill. Like another short fiction, Tangente vers l’est (2012), Ni fleurs ni couronnes combines a particularly dense journey with attention to landscapes, gestures and bodies, to peg the young man’s adventure to a narrative brevity close to the tale. In the end, this analysis shows that the scope of initiation is not reserved for novels alone; rather, it is at the core of Maylis de Kerangal’s narrative writing.