Abstracts
Résumé
L’oeuvre de Maylis de Kerangal s’inscrit dans le tournant ethnographique de la littérature contemporaine, analysé par Dominique Viart. Même si son oeuvre est essentiellement romanesque, elle n’en est pas moins frottée à l’anthropologie et l’ethnographie. C’est ce « terrain d’entente » entre littérature et ethnographie, pour reprendre la belle formule d’Éléonore Devevey, que cet article explore à travers trois pratiques que la romancière emprunte à l’ethnographie. Il s’agit d’abord pour elle de se confronter au terrain, pour aborder d’autres formes de vie et forger une littérature d’intervention. Il s’agit ensuite d’en appeler aux pouvoirs de la description dense pour rendre compte de la complexité sensible du monde et enfin de s’ouvrir au vivant, pour ébranler les barrières entre les règnes et puiser dans l’animisme une esthétique profondément vitaliste.
Abstract
Maylis de Kerangal’s work participates in the contemporary literature’s ethnographic turn analyzed by Dominique Viart. Although her work is primarily novelistic, it is nonetheless rubbed with anthropology and ethnography. This article explores the “place of agreement” between literature and ethnography, to use Éléonore Devevey’s beautiful expression, through three practices that the novelist borrows from ethnography. First, to address other ways of life and bring about a literature of intervention, she confronts the field. Then, to account for the world’s sensitive complexity, she calls on the power of a dense description. Last, to bring down the fences between the realms, to draw from animism a deeply vitalistic aesthetics, she opens herself to life.