Abstracts
Résumé
Publié en 2008, Léonard et Machiavel, de Patrick Boucheron, entend prolonger par la littérature le travail d’historien de l’auteur sur Machiavel et sur la Renaissance. Il s’agit, pour Boucheron, de se tenir sur le bord extrême de la frontière entre fiction et histoire pour s’interroger, sans forcer l’archive, sur ce qu’aurait pu être une rencontre, probable mais non attestée, entre Léonard de Vinci et Nicolas Machiavel. Entre maintien de la frontière et assaut contre celle-ci (pour paraphraser la formule de Kafka citée par l’historien), le récit littéraire apparaît comme le lieu d’une négociation dont les avancées et les reculs nous disent quelque chose du statut des deux pratiques, historienne et littéraire, aujourd’hui. Une véritable « poétique de l’histoire » est mise en oeuvre dans Léonard et Machiavel, qui emprunte aux ressources du littéraire et les mobilise pour « ouvrir » le discours savant, créer des brèches et ainsi styliser le passé.
Abstract
The intent of Patrick Boucheron’s Léonard et Machiavel, published in 2008, is to extend through literature the author’s historical work on Machiavelli and the Renaissance. It requires that Boucheron stays at the very edge on the border between fiction and history to reflect, without forcing the archive, on what could have been a probable, yet unconfirmed, meeting between Leonardo da Vinci and Niccolò Machiavelli. Between the preservation and the assault on the frontier (to paraphrase Kafka’s expression, quoted by the historian), the literary narrative is where the progress and setbacks of the negotiation between the contemporary practices of history and literature take place, informing us of their respective status. A “poetics of history” is developed inside Léonard et Machiavel, borrowing from the resources of literature and mobilizing them to “open” the scholarly discourse and create breaches, thus stylizing the past.