Abstracts
Résumé
Considérés par les chercheurs en cinéma comme de simples documents éclairant la genèse d’un film, et largement ignorés par les littéraires, même dans le cadre des études sur les rapports entre l’écrit et l’écran, les journaux de tournage n’ont jusqu’à présent donné lieu qu’à quelques études ponctuelles. En raison de leur instabilité générique et de leur hétérogénéité, ils ont, en outre, rarement été envisagés comme un ensemble cohérent. Cet article explore cette question générique en analysant trois d’entre eux : le vibrant Journal d’un film écrit par Cocteau pendant le tournage de La Belle et la Bête ; celui tenu par François Truffaut sur le plateau de Fahrenheit 451, ainsi que Pas à pas dans la brume électrique où Bertrand Tavernier raconte la fabrique de son film Dans la brume électrique. Après avoir étudié l’inscription parfois malaisée de ces textes dans un contexte éditorial, cette étude met en évidence leur parenté sur deux plans : tonal d’une part, les tournages étant présentés comme des aventures collectives aux accents souvent épiques, pragmatique ensuite, en montrant que l’écriture diariste offre aux auteurs un espace privilégié d’affirmation de leur éthos de créateur.
Abstract
Diaries kept by film directors throughout the shooting of their films have either been considered as mere documents by film scholars or completely ignored by literary scholars, even within the narrow frame of literature and film studies. Because these texts are of varying quality and take on numerous forms, they have seldom been envisioned as a coherent whole. This corpus will be explored through the analysis of three diaries: Jean Cocteau’s Journal d’un film, which documents the filming of La Belle et la Bête; the diary François Truffaut kept on the set of Fahrenheit 451; and Pas à pas dans la brume électrique, in which Bertrand Tavernier recounts the making of his film Dans la brume électrique. After observing the difficulties of writing and editing these texts, this article will bring to light their similarities on two separate levels: first in their tone, presenting the filmings as collective and often epic adventures, and then from a pragmatic point of view, by showing how the keeping of such diaries enables directors to shape their ethos as “auteurs.”