Abstracts
Résumé
Georges Hérelle (1848-1935) est bien connu, de son vivant, pour ses excellentes traductions en français de l’oeuvre de l’écrivain italien Gabriele D’Annunzio et pour ses travaux d’érudition sur le théâtre populaire basque. Dans notre étude récente, Georges Hérelle : archéologue de l’inversion sexuelle « fin de siècle » (Paris, Éditions du Félin, 2014), nous avons insisté sur l’important rôle qu’il a joué comme historien et surtout archiviste de l’homosexualité, en examinant son journal intime, ses notes de voyage, ses albums de photographies et ses manuscrits inédits. Se caractérisant comme « timide et un peu sauvage », Hérelle avoue, dans son journal intime, « sa crainte d’être indiscret ». Il décide, très jeune, de mener une double vie. Dans le contexte de sa longue carrière de professeur de philosophie, il conserve l’image publique d’un homme convenable et modeste. C’est une question de survie, dit-il, parce qu’il est entouré d’une société extrêmement hostile et intolérante. Par ailleurs, il fréquente discrètement dans sa vie privée un tout petit groupe d’amis homosexuels. Dans l’article présent, nous abordons un nouvel objet d’étude, à savoir les lettres des années 1860 et 1870 qu’Hérelle a adressées à Paul Bourget et à d’autres amis intimes. Hérelle et ses amis se racontent les menus détails de leur vie quotidienne, mais aussi leurs aventures amoureuses, pensées intimes et ambitions littéraires. Ces jeunes gens sont à la recherche d’un langage qui leur permettrait de décrire avec précision la nature de leurs sentiments amoureux. Notre analyse révèle une image singulièrement riche de la vie homosexuelle à un moment historique précis – les premières années de la Troisième République – pour lequel il existe très peu de témoignages autobiographiques d’homosexuels.
Abstract
Georges Hérelle (1848-1935) was well known, during his lifetime, for his excellent French translations of the work of the Italian author Gabriele D’Annunzio and for his research on Basque popular theatre. In our recent study, Georges Hérelle: archéologue de l’inversion sexuelle «fin de siècle» (Paris, Éditions du Félin, 2014), we’ve concentrated on the important role he played as a historian and particularly as an archivist of homosexuality, drawing from his private journal, his voyage log, his photograph albums and his unpublished manuscripts. Describing himself as “timid and a bit wild,” Hérelle admits in his journal his “fear of being indiscreet.” He decided while still very young to lead a double life. In the context of his long career as a professor of Philosophy, he maintained the public image of a conventional, modest man. It was a question of survival, according to Hérelle, because he was surrounded by a hostile and intolerant society. However, in his private life, he discretely kept company with a small group of homosexual friends. In this article, we focus on a new object of study: the letters that Hérelle wrote in the 1860s and 1870s to Paul Bourget and other close friends. Hérelle and his friends discuss the details of their daily lives, but also their romantic adventures, intimate thoughts and literary ambitions. These young people were searching for a language that would allow them to describe precisely the nature of their romantic feelings. Our analysis reveals a singularly rich image of homosexual life at a precise historical moment – the first years of the Third Republic – for which there exist very few autobiographical accounts by homosexuals.