Abstracts
Résumé
Dans Blesse, ronce noire (Paris, José Corti, 1995), Claude Louis-Combet se consacre à la vie imaginaire et érotique du poète Georg Trakl et de sa soeur Margarethe. Leur drame incestueux repose sur un fantasme d’union et de complétude qui articule tout un théâtre d’images troubles, si ce n’est doubles, du masculin et du féminin. Drame qui doit en passer par un scénario cynégétique pour que le frère et la soeur, le chasseur et sa proie, investissent la scène de la rencontre des corps. Celle-ci aura été autant désirée que retardée, mise à distance par ces images dans lesquelles les amants préfèrent se contempler et se leurrer plutôt que d’ouvrir les yeux, c’est-à-dire de faire face à l’impossible de leur rêve du comme un. Aussi l’acte sexuel sonne, non l’hallali de la jouissance, mais la curée funeste du désir. À l’impossible de la coïncidence des sexes, les amants Trakl n’opposent que le déni d’un jeu d’ombres.
Abstract
In Blesse, ronce noire (Paris, José Corti, 1995), Claude Louis-Combet focuses on the imaginary and erotic life of the poet Georg Trakl and his sister Margarethe. Their incestuous drama draws on a phantasm of union and completeness that conjures a veritable theatre of troubled, even dual, imagery of masculine and feminine. The drama unfolds as a cynegetic scenario where brother and sister, the hunter and the prey, yield to a scene of bodies meeting. This should have been as much delayed as desired, the images made remote with the lovers choosing to contemplate each other in self-delusion rather than to clearly see and confront the impossibility of their dream as one. The sexual act yields not joy but the disastrous reprisal of desire. There is the impossible coalescing of the sexes, the Trakl lovers confronting but the denial of a game of shadows.