Abstracts
Résumé
Dany Laferrière publie L’énigme du retour (2009) après Je suis un écrivain japonais, paradigme, s’il en est, de la « littérature-monde en français ». Le titre renvoie à L’énigme de l’arrivée de V. S. Naipaul, mais l’hypotexte principal est le Cahier d’un retour au pays natal du poète martiniquais Aimé Césaire. La mort du père, qui établit une relation d’intratextualité avec Le cri des oiseaux fous et Pays sans chapeau, et l’expérience personnelle de trente années d’exil permettent de relire le manifeste poétique de la négritude ; les textes cités et la mort du poète, de comprendre la folie de l’exilé. L’écriture du voyage et l’écriture du deuil procèdent d’une poétique de la perception, mise en exergue par la multiplication des figures de peintres. Ni retour en arrière ni réécriture, L’énigme du retour marque un tournant dans l’oeuvre de Dany Laferrière. La mort du père, mort réelle mise en récit et mort symbolique mise en fiction, devient le principe d’une théorie de la fiction romanesque qui prend place entre les pères fondateurs (Aimé Césaire, Jacques Roumain et Jacques Stephen Alexis) et la fratrie-monde (Alain Mabanckou, Yanick Lahens, Edwidge Danticat et Dany Charles, le neveu).
Abstract
After Je suis un écrivain japonais – paradigm of the “World Literature in French” –, Dany Laferrière published L’énigme du retour (2009). The title refers to V.S. Naipaul’s The Enigma of Arrival, but the main hypotext is Aimé Césaire’s Cahier d’un retour au pays natal. The death of the father, which establishes an intratextuality with Le cri des oiseaux fous and Pays sans chapeau, and the thirty years of exile allow, on one hand, a rereading of the poetic manifesto of négritude. On the other hand, the quoted texts and the death of the poet allow for an understanding of the madness of the exiled. Travel writing and the writing of mourning are the results of a poetics of perception, highlighted by the multiplication of figures of painters. Neither a backward step nor a rewriting, L’énigme du retour is a turning point in the work of Dany Laferrière. The death of the father – the real death as well as the symbolic one fictionalized – becomes the rule of a theory of fictional writing that takes place between the founding fathers (Aimé Césaire, Jacques Roumain and Jacques Stephen Alexis), and the “Littérature monde-siblings” (Alain Mabanckou, Yanick Lahens, Edwidge Danticat and Dany Charles, the nephew).