Abstracts
Résumé
Moze, le premier récit de l’auteure française d’origine algérienne Zahia Rahmani, explore une figure paternelle ambiguë, celle du père harki. Anciens supplétifs de l’armée française, certains harkis sont rapatriés après l’indépendance de l’Algérie dans une France qui refuse de les reconnaître comme citoyens à part entière. Le père harki apparaît dans le récit de Rahmani comme un homme honteux, dont la condition même de père est empêchée par sa honte. Dans cet article, nous analysons le rapport de la narratrice à son père harki à la lumière de la figure d’Antigone. À l’instar de l’héroïne de la tragédie de Sophocle, la narratrice de Moze cherche à relever le père mort, à le ramener du côté de l’humanité et s’emploie à faire pour lui oeuvre de sépulture.
Abstract
In Zahia Rahmani’s first novel Moze, the French author born in Algeria, explores an ambiguous paternal figure: the harki father. Harkis were Muslim Algerian loyalists who served as Auxiliaries in the French Army during the Algerian War. After the independence of Algeria some of them were repatriated in France where they were not considered as full citizens, and, even worse, as fully human. In Rhamani’s novel, the harki father is a shameful man whose fatherhood is impeded by his shame. In this article, we use Antigone’s framework to examine the relationship between the narrator and her harki father. Like the heroine of Sophocle’s tragedy, the narrator of Moze wants to raise a (symbolic) mound for her dead father as a way of assessing his humanity. To do so, the narrator performs “une oeuvre de sépulture,” a kind of burial with words.