Abstracts
Résumé
Les relations littéraires entre Jean-Paul Sartre et Georges Bataille, y compris l’article de Sartre sur L’expérience intérieure de Bataille (1943), montrent leurs convergences et divergences sur la question du sacré non-religieux. Sensibles aux expériences extatiques, ils interprètent différemment la connaissance, l’expérience et l’écriture du sacré. Sartre, en critiquant Bataille, cherche à distinguer deux attitudes intellectuelles devant le sacré, intérieure (existentialiste) et extérieure (scientiste) ; Bataille les tient pour inséparables. Sartre, dans ses oeuvres littéraires et philosophiques, isole deux aspects affectifs du sacré (le bonheur et l’angoisse), en les relatant dans différents textes ou dans différents passages d’un texte ; Bataille au contraire les réunit, montrant l’ambiguïté du sacré. Sartre parle du sacré dans des récits bien bâtis ou dans des traités systématiques, tandis que Bataille emploie une écriture fragmentaire, un « sacrifice des mots ». Si le premier traite le sacré théoriquement, à distance, le second le fait pratiquement, se plaçant au coeur de l’absolument autre.
Abstract
The literary relations between Jean-Paul Sartre and Georges Bataille, including Sartre’s article about Bataille’s Inner Experience (1943), display their convergences and divergences on the question of the non-religious sacred. Both authors acknowledged but differently interpreted the experience, understanding and writing about ecstatic experiences. Sartre, criticizing Bataille, tries to distinguish two cognitive attitudes towards the sacred: the inner (existentialist) and the outer (scientific); Bataille claims they are inseparable. Sartre’s literary and philosophical works isolate two affective aspects of the sacred (delight and anxiety), referring to them in different texts or parts of texts, while Bataille attests to a oneness with ambiguous aspects. Sartre presents the sacred in well-structured narratives or systematic treaties while Bataille’s writing is fragmentary, a “sacrifice of words.” Sartre takes a theoretic, remote view of the sacred, Bataille goes to the core of the absolute otherness.