Abstracts
Résumé
On hésite encore à reconnaître que le roman médiéval (romance) est animé d’une volonté de contestation qui l’apparente aux romans plus tardifs (novel) qu’on a retenus comme signant l’acte de naissance du genre. Le roman en vers des xiie et xiiie siècles n’a pourtant pas toujours été dupe du « mensonge idéalisateur » (Thomas Pavel) : dès la fin du xiie siècle, on voit en effet apparaître plusieurs oeuvres dans lesquelles les motifs merveilleux font l’objet d’un traitement parodique, seule voie de renouvellement pour les vieilles merveilles de ces romans déjà vieux. Cet article se propose de voir comment les romanciers médiévaux qui s’amusent à ruser avec la merveille viennent en fait nous rappeler que depuis ses enfances le roman possède l’intéressante faculté de procéder, par le rire, à son propre examen critique.
Abstract
We are sometimes slow to acknowledge that the medieval romance is infused with a contending spirit which is more clearly apparent in the later prose romance (novel) where it has been interpreted as signifying the birth of a new genre. For even the verse romances of the 12th and 13th centuries are not always taken in by the “idealizing fiction” (Thomas Pavel): starting from the 12th century we can see many examples in which the fabulous elements appear to be treated in a parodic fashion, as the only way to breathe new life into the old marvels of these already old stories. This paper will attempt to show how the medieval romances, by cleverly poking fun at these marvels, lead us to appreciate that from its infancy the romance embodies the interesting ability of using laughter as a tool to encourage a critical reexamination of itself.