Abstracts
Résumé
Si l’on en croit les historiens de la musique populaire, les vraies stars de la « punkitude » hexagonale ne seraient pas tant les groupes comme Métal Urbain, Asphalt Jungle ou Stinky Toys qui tentent — en s’inspirant de groupes britanniques comme Sex Pistols ou The Clash — d’implanter le mouvement en France, que les journalistes spécialisés qui oeuvrent à donner un sens à ce phénomène social et esthétique. Que retenir dès lors de cette étrange situation, où la prose devient l’élément le plus représentatif d’un courant essentiellement musical ? Dans le but de comprendre les tenants et aboutissants de cette « exception française », cet article se propose de relire des textes de trois des « théoriciens » de la punkitude hexagonale : « Je chante le rock électrique » (1973) d’Yves Adrien, L’aventure punk (1977) de Patrick Eudeline et Un jeune homme chic (1977) d’Alain Pacadis. L’exercice vise moins à situer le mouvement punk français en lui-même qu’à déterminer comment les auteurs en question le perçoivent, l’analysent à chaud et imaginent son destin. Un examen dynamique de la mise en forme de leurs textes permet ainsi de mettre en évidence le raisonnement qui les soutient, l’efficace de leur ton et, surtout, la façon dont ils renvoient les uns aux autres de manière à produire un micro-récit, plausible pour les années 1970, de l’histoire de l’émergence du punk en France.
Abstract
According to historians of popular music, the real stars of French “punkitude” are not so much bands like Métal Urbain, Asphalt Jungle or Stinky Toys, who—inspired by British bands like Sex Pistols or The Clash—attempt to implement the movement in France, than the journalists who try to make sense of this social and aesthetic phenomenon. What can therefore be understood of this strange situation, where prose becomes the most significant aspect of an essentially musical trend ? In order to understand the ins and outs of this “French exception,” this article covers the texts of three “theorists” of hexagonal punkitude : “Je chante le rock électrique” (1973) by Yves Adrien, L’aventure punk (1977) by Patrick Eudeline and Un jeune homme chic (1977) by Alain Pacadis. This exercise seeks less to analyze the French punk movement in itself than to determine how the authors in question perceive it, analyze it in real time and imagine its fate. A review of the dynamics shaping their texts makes it possible to identify the logic that supports them, the effectiveness of their tone, and especially how they relate to one another to produce a micro-narrative, plausible for the seventies, of the history of the emergence of punk in France.