Abstracts
Résumé
Avec le personnage de Mik Ezdanitoff (« de la revue Comète »), Hergé a rendu hommage au Jacques Bergier de la revue Planète. Cet article propose de lire Vol 714 pour Sydney à la lumière de la philosophie, de la politique, voire de l’esthétique véhiculées au cours des années 1960 par cette revue dirigée par Louis Pauwels. On se demandera si l’intérêt que porte Hergé aux objets volants non identifiés et aux « civilisations extraterrestres » ne procède pas en partie d’une quête de rédemption politique, plus d’un quart de siècle après la « politique de présence » prônée par le roi Léopold III pendant l’Occupation de la Belgique, ce d’autant plus que, dans le texte d’introduction au premier numéro de la revue, Pauwels mobilisait une rhétorique transposant la résistance maquisarde sur le terrain du paranormal, où, cette fois, Hergé, comme d’autres anciens inciviques de la Belgique libérée (Raymond De Becker, Bernard Heuvelmans), pourrait être d’emblée du bon côté des choses, et racheter, à l’échelle cosmique, ses errances passées.
Abstract
With the character of Mik Ezdanitoff (Mik Kanrokitoff in the English-language version), Hergé pays tribute to Jacques Bergier, a frequent contributor to the magazine Planète. This paper attempts to read Flight 714 for Sydney from the perspective of the philosophy, politics and aesthetics expressed in this magazine founded by Louis Pauwels. It contends that Hergé’s interest in Unidentified Flying Objects and “extra-terrestrial civilizations” stems from a quest for political redemption, twenty-five years after the German occupation of Belgium. In the introduction to the first issue of Planète, Pauwels had transposed the rhetoric of resistance to the terrain of the supernatural, thus offering Hergé and other former journalists of the collaborationist press (such as Raymond De Becker and Bernard Heuvelmans) the opportunity to cosmically redeem their misguided past.