Volume 45, Number 1, 2009 Écritures de l’insignifiant Guest-edited by Audrey Camus
Table of contents (9 articles)
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Présentation : d’une insignifiance l’autre
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L’insignifiant : de Barthes à Proust
Stéphane Chaudier
pp. 13–31
AbstractFR:
La difficulté d’appréhender la notion d’insignifiance s’explique par notre irrépressible désir de produire du sens : il suffit qu’une chose ait un sens pour qu’elle nous semble homogène à l’esprit et que, par conséquent, on s’imagine pouvoir agir sur elle. Le « sens » rassure ; le non-sens amuse, en tant que manifestation excessive, théâtrale d’un sens provisoirement congédié. L’insignifiant, lui, inquiète. Et s’il n’était que l’apparence trompeuse du signifiant ? Un signifiant méconnu et d’autant plus menaçant qu’il semble d’abord inoffensif ? En se limitant à Barthes et à Proust, cette étude voudrait contribuer à montrer la fécondité littéraire et heuristique d’un imaginaire poétiquement paranoïaque du sens, imaginaire pour lequel l’insignifiant représente à la fois un ennemi, un défi, un tourment, et la source d’une dilection sans doute masochiste, mais ô combien créatrice. Dans l’analyse célèbre de l’effet de réel, Barthes débusque le sens de ce qui prétend échapper au sens. Puis la réflexion du sémiologue évolue : dans l’anamnèse, le biographème ou encore la photographie, il s’agit plutôt de capter dans les étants une manifestation de l’être ; les choses comblent précisément par leur résistance à l’injonction de signifier. Mais le signe barthésien n’accueille l’insignifiance de la chose que lorsque celle-ci est morte, inaccessible : cette onto-sémiologie est mélancolique. Chez Proust, le statut et la valeur de l’insignifiant varient, selon le régime qui les assume. Dans le régime poétique de la mémoire involontaire, l’insignifiant ouvre la voie à la vraie vie, au passé retrouvé. Dans le régime obsessionnel de la quête de la vérité, l’insignifiant est un piège : il décèle l’information capitale, celle que l’aimée, maligne, veut dérober. Dans le régime de l’humour et de l’amour, l’insignifiant est reconnu comme un bienfait : on jouit (à deux) d’un réel (provisoirement) libéré du sens.
EN:
What could be the significance of the notion of “insignificance”? We are compelled by an overwhelming desire for “sense” that impels us to impose a meaning upon every aspect of reality. We tend to believe that the best or even the only way of acting is to discover what things mean. In this respect, meaningful events are reassuring; our ability to unveil their signification situates them within structures of human rationality. On the other hand, we tend to suspect that an insignificant phenomenon contains a foreboding meaning that we cannot hope to grasp. This paper makes a literary attempt to illustrate the poetic or heuristic benefits of this restless anxiety-ridden search for meaning, exemplified by the works of Proust and Barthes. In Barthes’s famous analysis of “l’effet de réel” (“the reality effect”), the “presence for presence’s sake” was meant to suppress “meaning” and to fixate a critical measure of reality. Then insignificance ceased to appear as suspect: it was defined as the most moving manifestation of life. Photography, the practice of “anamnesis” and tiny biographical details were considered as subtle attempts to recapture the transient insignificance of life. Proust was also concerned with “meaninglessness.” In his chief novel, In search of lost time, this notion seems to be very highly praised since the past, “le temps retrouvé,” can only be recalled through these tiny, insignificant sensations, deprecatingly discarded by a rational approach to life. However, the jealous Narrator persists in raking his brain in a futile effort to find significance in insignificant details about his purportedly lesbian mistress. Humour and disinterested love ultimately allowed him to accept and enjoy the insignificance of life.
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Chronique d’une vie ordinaire : poétique de la conversation dans Adieu, de Danièle Sallenave
Marie-Pascale Huglo
pp. 33–49
AbstractFR:
Dans Adieu, Danièle Sallenave fait le portrait d’un vieil homme vu par son petit neveu, qui lui rend visite, l’interroge, le photographie un mois durant. Le récit se présente comme la chronique fragmentaire des conversations entre les deux hommes par le plus jeune, conversations émaillées d’anecdotes familiales, de biographèmes, de réparties parfois humoristiques, souvent sans intérêt. Comme le titre du récit l’indique, la disparition proche du vieil homme donne à la chronique une force d’émotion jamais exprimée, qui procure une valeur à ce qui, a priori, n’en a pas. Pourtant, la mélancolie sourde d’Adieu ne cède pas à la tentation d’ériger le minuscule en « monument ». Sallenave se garde bien de métamorphoser le vieil homme qui n’est « rien, ni personne » en légende. Le choix de fragmenter le récit, l’usage très poussé de la citation, la façon même de rapporter le contexte immédiat d’énonciation, tous ces procédés manifestent le souci de saisir l’insignifiant au ras de la conversation ordinaire, sans le mythifier. Entre la mélancolie de la trace et le présent d’une rencontre, entre la résistance au récit et l’insistance du récit, l’insignifiant relève, chez Sallenave, d’enjeux éthiques et poétiques qu’il s’agira d’examiner.
EN:
In Adieu, Danièle Sallenave portrays an old man through the eyes of his nephew. During the course of one month, the young man visits his uncle, asks questions and takes snapshots. He sets out the chronicle of their conversations, full of anecdotes, biographical details, witty and mundane remarks. In keeping with the title of the book, the impending death of the old man gives the journal a poignant emotion and adds value to whatever is said or done. The tacit melancholy does not, however, magnify the minute details of everyday life. Sallenave is careful not to legendize the old man who is but an ordinary human being. The sketchy narrative, the extensive use of direct quotation and the constant awareness of the immediate circumstances of speech are an obvious attempt to capture the insignificant aspects of everyday conversation as they are, without giving them mythical status. Between the melancholy of what will inevitably disappear and the matter-of-fact encounters, between the resistant and the insistent narration, the insignificant elicits an examination of the ethical and poetical.
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L’impardonnable simplicité des outils d’écriture : Graveurs d’enfance de Régine Detambel
Sandrina Joseph
pp. 51–65
AbstractFR:
Témoignant de l’intérêt marqué chez les auteurs français contemporains pour l’ordinaire et le minuscule, Graveurs d’enfance — publié par Régine Detambel en 1993 — éprouve à plus d’un égard les limites du récit conventionnel. Ce recueil de cinquante brefs textes lyriques consacrés à autant de fournitures scolaires constitue une collection de gravures, de portraits littéraires qui font de la description et de l’énumération les procédés structurants de l’oeuvre. Conçu à la manière d’un catalogue de musée ou de papeterie, Graveurs d’enfance s’apparente indéniablement à un inventaire ou à un mode d’emploi en ce que Detambel se prête au jeu de l’écriture sous contraintes, des contraintes formelles copiant des procédés anciens. L’auteure, qui ressasse amoureusement son discours sur l’infime, se fait de la sorte un devoir d’extraire les choses inventoriées de leur condition insignifiante en louant leur impardonnable simplicité, en recourant au lyrisme pour parler de ce qui est trivial, en confondant les outils de l’écolier avec ceux de l’écrivain. Pour que l’insignifiant prenne sens dans Graveurs d’enfance, il faut donc un lecteur disposé à se prêter au jeu du beau langage comme si, pour se réinventer, le récit se devait à la fois de contester et de calquer les procédés surannés de la tradition littéraire.
EN:
Régine Detambel, who published Graveurs d’enfance in 1993, is one of the many contemporary French writers to be enthralled by the ordinary and the minuscule, hence testing the rules which preside over the elaboration of a conventional narrative. Dedicated to the life and death of the writing tools used by every schoolchild, this collection of fifty brief lyrical texts, or literary portraits, is organized by two discursive “devices”: description and enumeration. Graveurs d’enfance clearly resembles an inventory or user guide in which the writer asserts her affiliation to “l’écriture des contraintes” by copying—and playing with—many outmoded literary techniques. By relentlessly writing on insignificant objects aided by “le beau langage,” Detambel imbues these objects with meaning in a manner worthy of a student and writer. It is the task of the reader to play the game of the writer in order to give meaning to the insignificant, allowing the narrative to reinvent itself by breaking and adhering to the rules established by tradition.
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Le souci de l’effacement : insignifiance et poétique narrative chez Jean-Philippe Toussaint
Nicolas Xanthos
pp. 67–87
AbstractFR:
Le présent article se propose d’explorer la poétique narrative de Jean-Philippe Toussaint à l’aune de l’insignifiant. Il s’agit, dans un premier temps, de voir en quoi l’insignifiant s’inscrit à même la diégèse, dans un usage de l’espace et dans des activités spécifiques. Dans un deuxième temps, on tâche de montrer le travail d’indifférenciation, et partant d’insignifiance, que Toussaint fait subir à la forme narrative, autant par rapport aux rôles fondamentaux de patient (ce que ses narrateurs personnages tendent à être) et d’agent (ce qu’ils ne parviennent à peu près pas à être) que dans la structuration de l’intrigue. Dans un troisième temps, on met en relation cette poétique de l’insignifiant avec un projet narratorial qui traverse l’oeuvre de Toussaint et consiste à proposer un équivalent romanesque à cet « autoportrait […] mais sans moi et sans personne » qui semble hanter ses romans. La poétique narrative de l’insignifiant devient alors le moyen de cet effacement de soi.
EN:
Examined here is Jean-Philippe Toussaint’s poetic narrative rife with insignificance. First we seek to discern how the insignificant is detailed within the diegesis, within space and specific activities. We then broach the work of indifferentiation, from the insignificance to which Toussaint subjects the narrative form, as per the fundamental roles of the patients (his typical characters) and the agent (what they mostly avoid being) in structuring the intrigue. Thirdly, we relate this poetic of the insignificant to a narrative palate that colours Toussaint’s oeuvre, like the Romanesqueness of this “self-portrait” (…) without me or anyone else” that haunts his novels. Thus does the poetic narrative of the insignificant serve to erase the self.
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Les contrées étranges de l’insignifiant : retour sur la notion de fantastique moderne
Audrey Camus
pp. 89–107
AbstractFR:
Quoique la critique ait unanimement enregistré une évolution essentielle du genre fantastique au xxe siècle, elle peine à s’entendre sur la nature de cette évolution plurielle. Postulant que le fantastique moderne tel qu’il a été circonscrit par Sartre puis Todorov constitue bien un nouvel avatar du genre, l’article se propose de revenir sur leurs analyses pour interroger tout à la fois la singularité positive de cet avatar et le rapport de dépendance et de continuité qu’il entretient malgré tout avec la tradition. Caractérisé par l’absence d’action et l’absence de réaction du protagoniste dans un monde devenu « tout entier bizarre », ce fantastique multiplie les signes précurseurs et les indicateurs génériques déceptifs, déjouant les attentes du lecteur. Devenu seul témoin de l’étrange, ce dernier est ainsi conduit à réduire ces incohérences par l’interprétation, cependant que le texte, par l’activité symbolique déficiente qu’il déploie, tend à lui refuser le statut d’interprète pour rendre l’étrange à sa littéralité singulière. Le fantastique moderne, qui livre son lecteur à l’indéterminé à travers la mise en déroute successive de ses compétences pragmatique, générique et herméneutique, apparaît finalement le moyen pour le texte de synthétiser l’insignifiant dans sa banalité.
EN:
Although critics unanimously signaled the essential evolution of the fantastic genre during the twentieth century, there was no consensus as to the real nature of this evolution. Assuming that the “modern fantastic” as exemplified by Sartre and Todorov, is truly a new avatar of the genre, this article resumes their analyses and questions both the positive uniqueness of the modern fantastic, and its dependence on and continuity with tradition. The modern fantastic, identified by the protagonist’s absence of action and reaction in a world that becomes “essentially bizarre,” jolts the reader by upsetting his expectations, with innumerable foreboding deceptions and false generic indices. The reader alone witnesses the strangeness of the story and ultimately retreats from these narrative issues. Yet the story continues relentlessly, deploying an inchoate mass of symbols that tend to baffle the reader-interpreter, compounding the strangeness through its idiosyncratic literalness. The modern fantastic condemns the reader to a kind of vagueness, by successively disabling his pragmatic, generic and interpreting skills. This finally appears to be the meaning in which the story synthesizes insignificance through its very monotony.
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Malaise dans la signification
Jacques Poirier
pp. 109–124
AbstractFR:
On ne peut habiter le monde que s’il possède un sens, et donc si chacun de ses éléments, même le plus infime, se révèle « signifiant » : voilà ce que semblent répéter la plupart des oeuvres — du conte de fées à la fable métaphysique, en passant par le roman policier. Incapable, bien souvent, d’affronter le réel en soi, la littérature procède donc à une allégorisation permanente, faisant de l’objet un « signe », et du monde un discours. Or, une bonne part de la littérature moderne s’emploie à retirer de tels alibis, et confronte l’homme au gris, au fade, au neutre. Mettant à l’écart les « grands discours » et les postures héroïques, les écrivains contemporains plongent en effet leurs personnages dans cette indifférence que suscite un monde anomique. Le héros des temps modernes est donc celui qui affronte, non les dragons et les monstres, mais ces tragédies du minuscule, nées de tous ces détails hostiles qui nous font éprouver la résistance du réel. Face à cet enlisement, le lecteur éprouve, le plus souvent, une impression de dérision puisque de telles existences, vides de signification, semblent n’avoir de fin qu’elles-mêmes. Pourtant il n’est pas certain que l’accumulation des détails matériels et que la substitution de l’anecdotique à l’essentiel constituent de simples « formations écrans » destinées à occulter le néant qui menace. Dans quelques cas, cette atténuation/exténuation du monde apparaît comme la voie d’une « plénitude minimale » qui, une fois mise à l’écart l’arrogance du monde, autorise la sensation immédiate et le simple bonheur d’exister. Plutôt que de chercher à comprendre les choses, sans doute vaut-il mieux en apprécier la pesanteur physique : les palper, les goûter, les sentir… Façon de substituer les sens au Sens, et la saveur au savoir.
EN:
The world can only be fit to live in if it has meaning, that is to say—if even the slightest of its elements proves to be meaningful. This is the apparent essence of most literary works, from fairy tale to metaphysical fable to popular detective novel. Because literature is quite often unable to tackle reality in itself, it resorts to a permanent allegorization, turning the object into a sign and the world into discourse. Still, a large part of modern literature devotes itself to obviating such alibis, and instead confronting us with the dull, the insipid, the colourless. Thus, by setting aside fine talk and heroic postures (noble holiness, etc.), contemporary writers plunge their characters into the indifference created by an anomic world. Hence the modern day hero does not fight dragons and monsters but rather the petty tragedies arising from all the hostile details that cause us to “resist” reality. In the face of such opprobrium the reader senses a personal derision, of meaningless and seemingly purposeless lives turned in on themselves. But it’s uncertain whether the accumulation of material details and the replacement of the essential by the anecdotal are but smoke screens to hide the terrifying emptiness. In some cases, this subduing/exhausting of the world appears to be a way to a “minimal plenitude” that sets aside the world’s arrogance and adheres to the immediate feeling, the simple joy of living. Rather than try to understand, perhaps it is better to appreciate the physical presence: to touch, taste, smell… to replace Sense by the senses, and knowledge by sensuality.
Exercices de lecture
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Rimbaud assassin ? Petite sociocritique de Matinée d’ivresse
Denis Saint-Amand
pp. 127–138
AbstractFR:
L’article se propose d’explorer le texte « Matinée d’ivresse », extrait d’Illuminations d’Arthur Rimbaud. Après un retour sur la thématique haschischine qui traverse le poème, on s’attache à démontrer qu’en fait d’ode à la drogue, ce texte est une diatribe fustigeant la mode des psychotropes et, partant, certains poètes autrefois fréquentés par Rimbaud. En plus de cette lecture ponctuelle, l’article se veut programmatique et appelle à une relecture du dernier recueil rimbaldien à l’aune de cette dimension parodique, et, plus largement, prône une méthodologie sociolittéraire pour explorer l’oeuvre du poète.
EN:
This article explores the text “Matinée d’ivresse,” from Arthur Rimbaud’s Illuminations. Returning to the hashish theme which punctuates the entire poem, we will attempt to demonstrate that this text, far from being an ode to drugs, is a diatribe denouncing the fashionable use of psychotropic substances and, implicitly, some of the poets who were then in contact with Rimbaud. In addition to that limited reading, we shall also re-examine Rimbaud’s last collection, focusing on this parodic dimension and, more generally, advocating a socio-literary methodology to explore the poet’s work.
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Éléments d’énonciation hétérotopique postmoderne dans 6 810 000 litres d’eau par seconde. Étude stéréophonique (Niagara) de Michel Butor
Stéphane Girard
pp. 139–159
AbstractFR:
L’ouvrage 6 810 000 litres d’eau par seconde. Étude stéréophonique (aussi connu sous le titre de sa traduction anglaise, Niagara) de l’écrivain d’avant-garde français Michel Butor, publié en 1965, est ici étudié dans une perspective à la fois inspirée par la sémiotique du discours, la linguistique de l’énonciation et la pragmatique. L’analyse textuelle, fondamentalement structuraliste, porte plus spécifiquement sur les nombreux énoncés métadiscursifs dont est composé l’ouvrage et qui sollicitent le positionnement du corps du récepteur pour orienter, par l’intermédiaire d’un véritable jeu interprétatif, le sens et le système axiologique de l’ensemble. Nous affirmons que le régime énonciatif de l’ouvrage relève de la notion d’hétérotopie telle qu’elle est définie par le postmodernisme et qu’il ouvre à la relation complexe, pour ne pas dire paradoxale, qu’entretient tout texte avec son contexte.
EN:
The 1965 book 6 810 000 litres d’eau par seconde. Étude stéréophonique (also known as Niagara, the title of its English translation) by French avant-garde author Michel Butor is examined here from the perspectives of discursive semiotics, linguistics of enunciation, and pragmatics. This fundamentally structuralist textual analysis zeroes in on the book’s numerous meta-discursive utterances that ask the reader, through playful interpretation, to decipher the book’s meaning and overall axiological system. We posit that this enunciation structure relates to the concept of heterotopia defined by postmodernism while showing us the complex, even paradoxical, relationship between the text and its context.