Abstracts
Résume
Cet article a pour thème un aspect de la poétique de Saint-Amant : certains vers dans ses poésies évoquent des signes obscurs et clairs. Dans la mesure où le poète s’abstient d’en déchiffrer certains, nous pouvons inscrire Saint-Amant dans la tradition de la poésie hermétique. Fort de sa liberté que lui donne le genre du caprice, le poète mystifie son lecteur. Cette poésie peut prendre un ton mélancolique dès que le poète la place à l’enseigne de la perte lorsqu’il thématise les jeux en jouant avec les mots dans ses vers. Il s’agit d’étudier des pointes qui n’aboutissent que difficilement. En restant donc hermétiques, elles appellent à la continuation du jeu dans l’espérance d’un retour à la plénitude du sens. L’hermétisme grotesque du jeu se nourrit de l’oeuvre de Rabelais, dont la connaissance est le privilège des initiés avec lesquels Saint-Amant communique : ce sera un hermétisme bas, un grotesque rabelaisien qui remédie par un message non spirituel aux signes vidés de leur sens. On verra à la fin de l’article que l’hermétisme grotesque du jeu se trouve déjà chez des auteurs comme Rutebeuf, au Moyen Âge, et que par ce même hermétisme, Saint-Amant inspira un « Spleen » à Baudelaire.
Abstract
This article explores a particular aspect of Saint-Amant’s poetics, namely the verses in his poetry that contain both obscure and clear signs. In refusing to decipher some of those signs, Saint-Amant joins the tradition of hermetic writing. Free to write what he wants, the poet capriciously mystifies his reader. At times, melancholy engulfs the poetry, for example when he writes on gambling, his word-signs conveying the sense of loss. This article examines such word-signs whose meanings are hidden. They remain hermetically sealed continuing the game of search for lost meanings. Saint-Amant’s playful and strange hermeticism is inspired by Rabelais’ works, which only the poet’s adept readers can have the privilege of unraveling, but now it is an earthy form of Rabelasian hermetics, charging the verse-signs with new earthy meanings. This article shows that such playful and strange hermeticism had existed in earlier medieval authors such as Rutebeuf, and that this same hermeticism of Saint-Amant inspired one of Baudelaire’s “Spleens.”