Abstracts
Résume
Mille huit cent cinquante-sept est véritablement l’« année Flaubert ». Non seulement le maître de Croisset publie-t-il le roman qui le rendra célèbre, Madame Bovary, mais, fait moins connu, il donne aussi à L’Artiste la toute première version publiée de Latentation de saint Antoine. Le présent article avance que, par ces deux publications, Flaubert opère une stratégie globale de repositionnement des genres dans le champ littéraire. En effet, autant la forme dramatique (alors principalement représentée par le mélodrame) que le roman (encore largement tributaire du feuilleton et de sa nature populaire) sont à l’époque des genres dévalués qui dominent le champ de grande diffusion mais sont à peu près absents de l’avant-garde. Il y a donc chez Flaubert une volonté conquérante de s’approprier ces genres et d’en transformer la valeur, ce qui le situe au coeur de cette modernité de 1857 où quelque chose bascule de l’ancien au nouveau.
Abstract
Eighteen hundred and fifty-seven is truly “Flaubert’s year.” Not only does the master of Croisset publish the novel that will make him famous, Madame Bovary, but (a lesser known fact) he also presents L’artiste with the very first published version of La tentation de saint Antoine. In this paper, we suggest that with these two publications Flaubert implements a global strategy of repositioning of genres in the literary field. Indeed, the dramatic form (principally represented by melodrama) as well as the novel (still largely the tributary of the serial and its popular nature) are, at the time, devalued genres that dominate the field of mass distribution, yet are almost absent from the avant-garde. Thus there is in Flaubert a conquering will to appropriate these genres and to transform their value, which situates him in the heart of the modernity of 1857 when something swings from the old to the new.