Abstracts
Résumé
Questionnant la réécriture du métissage dans Rouge, mère et fils, cette lecture d’un récent roman de Suzanne Jacob se propose de retracer la part d’inquiétante étrangeté qui opère dans l’histoire d’une mère, d’un père et d’un fils ou, plus globalement, dans celle d’une communauté, toutes deux régies par des histoires muettes. En tissant une fiction où de nombreuses histoires individuelles se superposent et se nouent de façon tout à fait étonnante, Suzanne Jacob fait du métissage la trame même de son texte et révèle sans pardon l’impuissance existentielle de ceux qui refusent à la fois les histoires et l’Histoire qui les relieraient au passé et leur permettraient d’envisager l’avenir dans une reconnaissance mutuelle. C’est grâce au personnage du Trickster, figure mythologique fort ambiguë des légendes amérindiennes et dotée, dans Rouge, mère et fils, d’un certain pouvoir de guérisseur, que cette reconnaissance, qui est toujours celle du métissage, devient possible.
Abstract
Questioning aspects of rewriting métissage in Rouge, mère et fils, this reading of Suzanne Jacob’s latest novel proposes to retrace the troubling strangeness (the uncanny) that operates in the story of a mother, a father and a son or, more generally, the story of a community, both governed by silent stories. Superimposing several individual stories and combining them in astonishing ways, Suzanne Jacob turns métissage into the storyline itself and relentlessly reveals the existential powerlessness of those who, at the same time, refuse to accept the stories and the history that would connect them with the past and allow them to face the future in mutual recognition. The character of the Trickster, a very ambivalent figure in Native American tales, who, in Rouge, mère et fils is given a certain healing power, makes this recognition possible, a recognition which also remains a recognition of métissage.