Abstracts
Résumé
Dans l’oeuvre de Normand de Bellefeuille, où le brouillage, voire le refus des genres canoniques et des catégories entendues, à commencer par celle de la poésie elle-même, n’est rien moins que systématique, on chercherait en vain une pratique franche du poème en prose. Si la prose investit le champ de l’écriture, ce n’est jamais que pour donner toute latitude au texte, genre neutre et souverain auquel se trouvent inféodés toutes les pratiques singulières et tous les usages consentis de l’exercice du poème. Les Cold Cuts publiées en 1985 sont à cet égard exemplaires. En réintroduisant dans la prose le principe du syllabisme, naguère attribut définitionnel de la poésie, l’auteur réactive et fait parler autrement, avec humour, une antinomie fondatrice. En donnant à lire une prose encadrée, cadastrée, soustraite à sa linéarité caractéristique et soumise à divers critères de régulation, il place une fois de plus le poème et le sens sous haute surveillance.
Abstract
In the work of Normand de Bellefeuille, one will seek a forthright practice of the prose poem in vain : his blurring, even refusal of canonical genres and accepted categories—beginning with poetry itself—is nothing less than systematic. If prose occupies the field of writing, it is only to give full latitude to the text, a neutral, sovereign genre with which the singular practices and usages granted to poetry are associated, as exemplified in Cold Cuts (1985). By reintroducing the principle of syllabism—until recently poetry’s defining attribute—into prose, the author reactivates a founding antinomy, and makes it speak otherwise, with humour. In presenting framed, bounded prose, removed from its characteristic linearity and subjected to various regulating criteria, he once more places both poem and meaning under suspicion.