Abstracts
Résumé
Cet article étudie les rapports entre le désordre des choses et l'intervention du destin dans les incipit de Robinson Crusoe de Daniel Defoe, de Vendredi ou les Limbes du Pacifique de Michel Tournier (principalement), et de Vendredi ou la vie sauvage, du même auteur. Au début de Robinson Crusoe, le monde des hommes domine encore celui des choses, représentées plus tard sur l'île par des objets qui ont été conservés comme tels (sauvés du naufrage) ou confectionnés sur place, grâce aux outils eux aussi rescapés.
L'incipit de Vendredi ou les Limbes du Pacifique organise au contraire le désordre des choses. Robinson, dont le destin récapitule la conception grecque (recoupant ainsi un certain nombre de mythes), celle du XVIIe siècle élisabéthain et une vision moderne peut-être issue de Voltaire, saura dépasser ce désordre, voire ensuite un ordre par lui reconstruit, pour se dissoudre dans l'immatériel. La valeur symbolique des objets qui, peuplant le navire, représentent l'ancien monde, s'atténue dans Vendredi ou la Vie sauvage, qui nous ramène à la force des choses.
Abstract
This article studies the relationship between the disorder of things and the interference of fate in the incipit of Defoe's Robinson Crusoe, Tournier's Vendredi ou les Limbes du Pacifique and, written by the same author, Vendredi ou la Vie sauvage. At the beginning of Robinson Crusoe, the world of men still dominates the world of things, later represented on the island by the objects preserved from the shipwreck or made there with tools that had been saved.
On the contrary, the Vendredi ou les Limbes du Pacifique '5 incipit turns disorder into order. Robinson, whose destiny is influenced by the Greek conception of fate, the XVIIth Elizabethan worldview and by the modern vision that Voltaire maybe inspired, will take control of the disorder to impose a personal order and eventually dissolve into a totally ethereal being. The symbolic value of objects that were found on the ship and that represent the Old World is toned down in Vendredi ou la Vic sauvage, which brings us back to the reality and the power of material world.