Abstracts
Résumé
Six parcs, près de 500 heures d’observation, plus de 60 entrevues, une question: que font les jeunes de 16 à 25 ans, la nuit, à Montréal? Alors qu’elle se place en opposition à la vie civilisée et légitime du jour, la nuit se définit sous deux angles: d’une part comme un moment d’insécurité, de vulnérabilité accentuées pour certain-es, de l’autre comme un moment de liberté et d’explorations festives. Alors que Montréal entame une réflexion sur la gouvernance nocturne et au regard des exemples européens où la nuit est déjà bien investie par un encadrement misant sur la marchandisation de l’hyperactivité nocturne, nos données récoltées à l’été 2020 révèlent une troisième dimension de la nuit; celle où les jeunes vivent des activités nocturnes ordinaires, axées sur l’expérience sensorielle de l’accalmie, la recherche d’intimité (entre soi, en territoire connu) et de liberté (être soi-même, en-dehors des contraintes et exigences diurnes).
Abstract
Six parks, nearly 500 hours of observation, more than 60 interviews, just one question: what do young people aged 16 to 25 do at night in Montreal? While often placed in opposition to the civilized and legitimate life of day, the night is defined from two angles: on the one hand, as a moment of accentuated insecurity and vulnerability for some, on the other hand, as a moment of freedom and festive explorations. As the city of Montreal begins a reflection on nocturnal governance, and in view of European examples where the night is already well invested by a framework focusing on the commodification of nocturnal hyperactivity, our data collected in the summer of 2020 reveals a third dimension of the night: one where young people experience ordinary nocturnal activities, centered on the sensory experience of calm, the search for intimacy (between themselves, in known territory) and freedom (being themselves, outside the diurnal constraints and demands).
Appendices
Bibliographie
- Alessandrin, Arnaud, Johanna Dagorn et Laetitia Cesar-Franquet, 2017, « La nuit, tous les déplacements des femmes sont gris ». CAMBO : Cahiers de la Métropole Bordelaise 12 : 54–55.
- Archambault, Michel, Pascale Daigle, Hélène Huard, Sylvain Lefebvre et Olivier Filiatrault, 2005, Analyse de l’environnement externe (benchmarking) des expériences étrangères dans le domaine des festivals et événements. Montréal, Chaire du Tourisme, ESG UQAM.
- Bellot, Céline, Isabelle Raffestin, Marie-Noële Royer et Véronique Noël, 2005, Judiciarisation et criminalisation des populations itinérantes à Montréal. Montréal, Secrétariat National des Sans-abri. En ligne : https://www.homelesshub.ca/sites/default/files/3eti2wov.pdf
- Bertrand, Romain, 2002, Indonésie : la démocratie invisible. Violence, magie et politique à Java. Paris, Karthala.
- Bianchini, Ranco, 1995, « Night cultures, night economies ». Planning Practice and Research 10 (2) : 121–126.
- Boucher, Nathalie, 2012, « Vies et morts des espaces publics à Los Angeles : Fragmentation et interactions urbaines ». Montréal, Institut national de la recherche scientifique – Centre Urbanisation Culture Société.
- Boucher, Nathalie, 2017, « The People in Los Angeles Public Spaces Are Not Dead : Micro-Sociability in the Square, Plazas, and Parks of the Modern Global City ». Dans Jenny Banh et Melissa King (dir.) Anthropology of Los Angeles : City, Image, and Politics. 45–72. Lanham, Lexington Books.
- Buhagiar, Peggy et Catherine Espinasse, 2004, Les passagers de la nuit : vie nocturne des jeunes. Paris, L’Harmattan.
- Burnett, Jon, 2011, « UK: racial violence and the night-time economy ». Race & Class 53 (1) : 100–106.
- Cabantous, Alain, 2009, Histoire de la nuit : XVIIe-XVIIIe siècle. Paris, Fayard.
- Campbell, Christine et Paul Eid, 2009, La judiciarisation des personnes itinérantes au Québec : un profilage social. Montréal, Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. En ligne : https://cdpdj.qc.ca/storage/app/media/publications/itinerance_avis.pdf
- Candela, 2017, « Pour une sociologie politique de la nuit ». Cultures & Conflits 105-106 (printemps/été) : 7–27.
- Casséus, Thierry, 2016, Entre contestation et résignation : L’expérience de profilage racial de jeunes racisés ayant reçu des constats d’infraction dans le cadre du contrôle de l’occupation de l’espace public montréalais. Mémoire de maîtrise en travail social, Université de Montréal.
- Chatterton, Paul et Robert Hollands, 2002, « Theorising urban playscapes: producing, regulating and consuming youthful nightlife city spaces ». Urban studies 39 (1) : 95–116.
- Chausson, Nicolas, 2017, « Vers un urbanisme de la nuit. Une première lecture des nuits de la métropole lyonnaise à travers le concept de qualité de vie ». Dans Laurent Matthey, Simon Gaberell et Raphaël Pieroni (dir.), Planifier la nuit ? Quand les politiques d’aménagement s’emparent des enjeux culturels et festifs nocturnes : 15–22. Genève, R-EMU.
- Chausson, Nicolas, 2019, Penser la “métropole nocturne” : entre tensions, risques et opportunités : une première approche des nuits de la métropole lyonnaise à travers le concept de qualité de vie. Thèse de doctorat, Géographie, Université Grenoble Alpes.
- Code criminel, 1985, Lois et règlements du Canada. Ch. C-46, Partie V : Infractions d’ordre sexuel, actes contraires aux bonnes moeurs, inconduite, article 175-1, Troubler la paix, etc., alinéa c). En ligne : https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/C-46/page-40.html#h-115408
- Conseil jeunesse de Montréal, 2022, « Montréal nocturne : perspective jeunesse sur l’utilisation des espaces publics ». Montréal, Conseil jeunesse de Montréal. En ligne : http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/cons_jeunesse_fr/media/documents/avis_montreal_nocturne.pdf
- Cossette, Sarah-Maude et Nathalie Boucher, 2021, « Les adolescentes, tacticiennes de l’espace public. Usages engagés et expériences transgressives des adolescentes dans les parcs de Pointe-aux-Trembles (Montréal) ». Revue canadienne de recherche urbaine 30 (2) : 109–123.
- Crozat, Dominique, 2020, SmartNights — Argumentaire du projet. SmartNights : pour des nuits urbaines durables et inclusives. En ligne : https://smartnights.hypotheses.org/159
- Day, Kristen, 2011, « Feminist approach to urban design ». Dans Tridib Banerjee and Anastasia Loukaitou-Sideris (dir.), Companion to urban design : 150–161. Londres, Routledge.
- Deleuil, Jean-Michel, 1993, Lyon la nuit, espaces, pratiques, représentations. Thèse de doctorat, Géographie, aménagement et urbanisme, Université Lumière – Lyon 2.
- Desjeux, Dominique, Magdalena Jarvin et Sophie Taponier, 1999, Regards anthropologiques sur les bars de nuit. Espaces et sociabilités. Paris, L’Harmattan, coll. Dossiers sciences humaines et sociales.
- Espinasse, Catherine, Luc Gwiazdzinski et Edith Heurgon, 2005, La nuit en question(s). La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube.
- Galinier, Jacques et al., 2010, « Anthropology of night: cross-disciplinary investigations ». Current Anthropology 51(6) : 819–836.
- Gauthier, Madeleine, 2004, « La ville fait-elle encore rêver les jeunes ? ». Dans Pierre-W. Boudreault et Michel Parazelli (dir.), L’imaginaire urbain et les jeunes. La ville comme espace d’expériences identitaires et créatrices : 29–43. Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec.
- Goffman, Erving, 1973, La mise en scène de la vie quotidienne II. Les relations en public. France, Éditions de Minuit.
- Golicnik, Barbara et Catharine Ward Thompson, 2010, « Emerging relationships between design and use of urban park spaces ». Landscape and Urban Planning 94 (1) : 38–53.
- Gwiazdzinski, Luc, 2002, « Les temps de la ville : nouveaux conflits, nouvelles frontières ». Anthropos. Villes et frontières : 195–212. En ligne : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00700791/file/Les_temps_de_la_ville_nouveaux_conflits_nouvelles_frontiA_res.pdf
- Gwiazdzinski, Luc, 2005, La nuit, dernière frontière de la ville. La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube.
- Hall, Edward T., 2003, « Proxemics ». Dans Setha M. Low et Denis Lawrence-Zuniga (dir.), The Anthropology of Space and Place : Locating Culture : 51–73. Oxford, Blackwell Publishers.
- Homan, Shane, 2019, « ‘Lockout’ laws or ‘rock out’ laws? Governing Sydney’s night-time economy and implications for the music city ». International Journal of Cultural Policy 25 (4) : 500–514.
- Johnston, Jennifer Lee, 2002, Open 24 hours: a case study of Vancouver and the twenty-four hour city concept. Mémoire de maîtrise, Planification urbaine, University of British Columbia.
- Joseph, Isaac, 1981, « Éléments pour une analyse de l’expérience de la vie publique ». Espaces et Sociétés 36 : 57–76.
- La parlure, s.d., « Chiller ». Dans Le dictionnaire collaboratif du français parlé. En ligne : https://www.laparlure.com/terme/chiller
- Lieber, Marylène, 2002, « Le sentiment d’insécurité des femmes dans l’espace public : une entrave à la citoyenneté ? ». Nouvelles Questions Féministes 21: 41–56.
- L’internaute. s.d. « Chiller ». Dans Dictionnaire français. En ligne : https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/chiller
- Lloyd, Kathleen, Josephine Burden et Jackie Kiewa, 2008, « Young girls and urban parks: planning for transition through adolescence ». Journal of Park and Recreation Administration 26 : 21–38.
- Lofland, Lyn H., 1998, The Public Realm. Exploring the City’s Quintessential Social Territory. New York, Aldine de Gruyter.
- Lovatt, Andy et Justin O’Connor, 1995, « Cities and the Night-time Economy ». Planning Practice & Research 10 (2) : 127–134.
- Low, Setha M., 2000, On the Plaza : The Politics of Public Space and Culture. Austin, University of Texas Press.
- Marcus, Clare Cooper et Carolyne Francis (dir.), 1998, People Places. Design Guidelines for Urban Open Spaces. New York, John Wiley & Sons.
- Maurin, Marine, 2017, « Femmes sans abri : vivre la ville la nuit. Représentations et pratiques ». Les Annales de la recherche urbaine 112 : 138–149.
- Mouchtouris, Antigone, 2003, Les jeunes de la nuit : représentations sociales des conduites nocturnes. Paris, L’Harmattan.
- New York Nightlife Association, 2004, The $9 Billion economic impact of the nightlife industry on New York city: a study of spending by bar lounges and clubs/music venues and their attendees. New York, New York Nightlife Association. En ligne: http://rhiweb.org/resource/economic/nyc.pdf
- Oloukoï, Chrystel, 2016, « Nuits, objets de peurs et de désirs à Maboneng (Johannesburg, Afrique du Sud) ». Sociétés politiques comparées 38 (janvier-avril), en ligne : http://www.fasopo.org/sites/default/files/charivaria2_n38.pdf.
- Paquot, Thierry, 1997, « Le sentiment de la nuit urbaine aux XIXe et XXe siècles ». French Literature Series 24 : 1–32.
- Seijas, Andreina et Mirik Milan Gelders, 2020, « Governing the Night-time City: The Rise of Night Mayors as a New Form of Urban Governance after Dark ». Urban Studies 58 (2) : 316–334.
- Skelton, Tracey, 2000, « Nothing to do, nowhere to go? Teenage girls and public space in the Rhondda Valleys, South Wales ». Dans Sarah Halloway et Gill Valentine (dir.), Children’s Geographies : Playing, Living, Learning : 69–85. London, Routledge.
- Talbot, Daborah, 2011, « The Juridification of Nightlife and Alternative Culture: Two UK Case Studies ». International Journal of Cultural Policy 17 (1) : 81–93.
- Unt, Anna-Liisa and Simon Bell, 2014, « The Impact of Small-scale Design Interventions on the Behaviour Patterns of the Users of an Urban Wasteland ». Urban Forestry & Urban Greening 13 (1) : 121–135.
- Winkin, Yves, 2001, Anthropologie de la communication. De la théorie au terrain. Paris, Éditions du Seuil.