FR:
Que faire des objets usés qui ont accompagné notre quotidien, des objets que l’on ne souhaite plus conserver mais que l’on se refuse à jeter ? Après un temps d’usage et d’usure, se pose la question de leur devenir et par là, celle de leur transmission. Ce texte porte sur l’analyse de ventes, de ce qui en Suède, se nomme les Loppis. Situées en milieu rural, ces ventes sont effectuées durant l’été par des particuliers qui proposent leur vieux objets à vendre pendant plusieurs jours, voire semaines, dans leur grange ou leur jardin. Comparables aux ventes de garage en Amérique du Nord, aux vide-greniers ou brocantes en Europe, les Loppis ont la particularité d’engager les acheteurs à la recherche hasardeuse des lieux où elles se trouvent. Cette logique circulatoire et incertaine conduit à des échanges, des partages – d’espaces (on vient chez les gens) et de paroles (on parle avec eux) – qui tendent à se substituer à un échange monétaire. Les objets s’y échangent pour peu d’argent. Ils sont davantage transmis que vendus. Ainsi est assuré un devenir à des objets dont le travail de conservation se trouve délégué à un autre, de passage.
EN:
What to do with used items that have been part of our daily life, items we don’t want to keep any longer but can’t bear to throw away? After the wear and tear period comes the question of what will become of them and then, what about passing them on. This text deals with an analysis of sales, what in Sweden they call Loppis. Located in the countryside, these sales are held in the summer by individuals who offer their old items for sale for several days, sometimes weeks, in their barn or their garden. Similar to North American garage sales, attic sales or flea markets in Europe, Loppis have as their unique feature the involvement of buyers in the risky search for the places where they are held. This circular and unpredictable logic leads to exchanges and sharing – of spaces (you come to where people live) and words (you talk with them) – which tend to replace an exchange of money. The items trade hands for very little cash. They are more transferred than sold. In this way items are sure to become something, items whose preservation is delegated to someone else, someone just visiting.