Volume 34, Number 1-2, 2012
Table of contents (18 articles)
Articles
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Ethnographic Things: Objects and Subjects in Haida History
Robert St. George
pp. 3–27
AbstractEN:
The social history and aesthetic value of art made by Haida people are subjects often in conflict or marked by a lack of clarity. This essay attempts to explore the things made on Haida Gwaii for different purposes: for entirely local use and in relation to one or two mythic cycles. Then, beginning in the mid-nineteenth century, the collectors, dealers, and museum of the western world arrived; they took thousands of objects away, and by 1880 many Haida artists could assert continuity by making model houses, totem poles, and boats for growing souvenir markets.
FR:
L’histoire sociale comme la valeur esthétique de l’art Haida sont des sujets souvent de conflits ou sont marqués par un manque de clarté. Cet article propose d’explorer les objets de Haida Gwaii pour un usage strictement local et par rapport à un ou deux cycles mythiques. Puis, à partir de la moitié du XIXe siècle, les collectionneurs, les marchands et les musées du monde occidental sont arrivés; ils se sont pris des milliers d’objets, et, en 1880, de nombreux artistes Haida pouvaient affirmer la continuité en fabriquant des maisons modèles, des totems et des bateaux pour les marchés de souvenirs.
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Mexicans with Sweaters, Working in the Oil/Tar Sands, In Newfoundland’s Third Largest City: Regionalism, Narrative, and Imagination in Fort McMurray, (Texas?)
Cory W. Thorne
pp. 29–58
AbstractEN:
Northern Alberta is a space of conflict, not only in terms of environmental politics, but likewise in terms of regional identity and community sustainability. Using a variety of forms of narrative (drawing from mediated and unmediated sources in image, text, and sound), we can reveal the dominant cultural imaginaries that frame and limit our abilities to progress beyond these conflicts. This is a study of regionalism, nationalism, and identity in a city divided between an imagined Albertan conservatism, a displaced Newfoundland outport, and a cosmopolitan global work-force. It is a study of narrative in everyday life, in an effort to deconstruct divisive attitudes in acknowledgement of a more complex and diverse reality.
FR:
Le Nord de l’Alberta constitue un espace de conflits, non seulement en ce qui concerne les politiques environnementales, mais également sur le plan de l’identité régionale et de la viabilité des collectivités. En se basant sur une variété de récits tirés de différentes sources visuelles, textuelles et sonores, il est alors possible de mettre en lumière les imaginaires culturels dominants qui orientent et limitent notre capacité à penser au-delà de ces conflits. Ce que nous proposons est une étude sur le régionalisme, le nationalisme et l’identité dans une ville divisée entre un conservatisme albertain imaginaire, une enclave de Terre-Neuviens déplacés, et une main d’oeuvre globale et cosmopolite. Il s’agit d’une analyse des récits dans la vie quotidienne qui contribue à déconstruire certaines perspectives porteuses de dissensions par la mise en évidence d’une réalité plus complexe et multiple.
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“Once I’m there I can find out where I am”: Place Making and the Homeless Geographies of a Downtown Toronto Street Kid Community
John Bodner
pp. 59–89
AbstractEN:
Contemporary folklorists working on place have increasingly highlighted power and conflict as key aspects of spatial construction and the concomitant identity formation this practice provides. Utilizing this perspective and building on the work of social geographers’ research on the homeless I document the ways in which urban spatial regimes structure everyday practices of a street kid community in downtown Toronto. Utilizing the distinction between prime and marginal space to build an ecological map of the urban landscape I argue that my research participants’ utilization of de Certeau’s tactic of temporal manipulation claim public microsites for subsistence practices but reproduce their own esoteric subculture within marginal or refuse spaces that constitute a distinct backstage which rarely appears in the literature.
FR:
Les folkloristes contemporains qui travaillent sur l’espace ont récemment mis en évidence l’importance du pouvoir et des conflits en tant qu’aspects clés dans la construction des lieux et la formation d’identités découlant de pratiques spatiales. En utilisant cette perspective et en s’appuyant sur des travaux de recherche en géographie sociale sur les sans-abri, cet article documente comment un régime spatial urbain structure les pratiques quotidiennes d’une communauté d’enfants de rues au centre-ville de Toronto. En recourant à la distinction entre espace de choix et espace marginal pour construire une cartographie écologique du paysage urbain de Toronto, je soutiens que l’utilisation par mes participants de ce que de Certeau appelle des tactiques de manipulation temporelle permet une réappropriation des microsites publics pour des pratiques de subsistance, mais participe aussi à la reproduction de leur propre sous-culture ésotérique dans des espaces marginaux, qui constituent une arrière-scène distincte qui apparaît rarement dans la littérature.
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“I lit the candle with fire from my heart”: Observing Yom Hashoah (Holocaust Remembrance Day) at a Jewish Home for the Aged
Jillian Gould
pp. 91–112
AbstractEN:
At the Yom Hashoa (Holocaust Remembrance Day) ceremony at the Terraces of Baycrest in Toronto, resident survivors sit at a head table facing the room. They are the embodiment of the ceremony: the victims we remember and the survivors before us. As the eyewitnesses of the darkest time in Jewish history, they mourn their family and friends, and the community mourns with them.
This paper presents a case study of this unique service, which stands apart because it is situated in a seniors’ residence. Other Holocaust Remembrance Day observances typically take place “outside” in public institutional spaces: synagogues, schools, community centres, museums; but here, residents invite the community “inside”—into the institutional home—and highlights each survivor’s experiences. By giving residents an opportunity to bring to the foreground their individual narratives, Baycrest staff members facilitate the confirmation of each person’s self-worth and sense of identity. In this way, a creative ritual like the Yom Hashoah Ceremony helps residents to face death, mourning, and remembrance in a supportive, familiar environment while contributing to the sense of family, culture, and community shared by the residents and their extended families.
FR:
Lors de la cérémonie de Yom Hashoa (Journée du souvenir pour la Shoah) aux Terrasses de Baycrest, à Toronto, les résidents survivants s’asseoient à une table d’honneur faisant face à la salle. Ils sont l’incarnation de la cérémonie: les victimes dont on se souvient et les survivants devant nous. Comme témoins des moments les plus sombres de l’histoire juive, ils portent pleurent de leur famille et leurs amis, et la communauté se recueille avec eux. Cet article présente une étude de ce service unique, qui se distingue par sa situation dans une résidence pour personnes âgées. Les autres célébrations du Jour du souvenir de la Shoah ont généralement lieu « à l’extérieur », dans les espaces institutionnels publics : synagogues, écoles, centres communautaires, musées. Ici, ce sont les résidents qui invitent la communauté « à l’intérieur », et met en lumière l’expérience de chaque survivant. En donnant aux résidents l’occasion de mettre à l’avant-plan leurs propres récits individuels, les membres du personnel du Baycrest faciliter la mise en valeur de soi et le sens de l’identité de chaque personne. De cette manière, un rituel créatif comme la cérémonie de Yom Hashoah aide les résidents à faire face à la mort, au deuil et au souvenir dans un environnement familier de soutien, tout en contribuant au sentiment d’appartenance à la famille, la culture et la communauté, partagé par les résidents et leurs familles élargies.
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La « Revengeance » des duchesses : une mise en scène carnavalesque hors Carnaval
Anne-Florence Bisson
pp. 113–132
AbstractFR:
Cette étude vise à analyser les défis et les enjeux entourant la création d’une activité citoyenne à l’intérieur du Carnaval de Québec, la « Revengeance » des duchesses, destinée à assurer une réappropriation par les résidents de cette fête jugée par beaucoup trop touristique. Née dans ce contexte de questionnement du sens de la fête, et s’inspirant librement de la « tradition » des Duchesses du Carnaval, abandonnée en 1996, la « Revengeance » des duchesses propose de nouvelles activités, non reconnues dans la programmation officielle du Carnaval. Nous nous interrogeons donc sur les processus de réappropriation de la fête par les résidents des quartiers de la ville de Québec et sur les usages du Web 2.0 dans la construction des dynamiques culturelles et identitaires aujourd’hui.
EN:
The purpose of this study is to analyze the challenges and issues surrounding the creation of a community activity within the Québec Carnival, the “Revengeance” of the duchesses intended to ensure a reclaiming on the part of residents of this festival judged by many to be too tourist oriented. Originating in the course of calling into question the meaning of the festival, and taking its inspiration freely from the “tradition” of the Carnival Duchesses, which was set aside in 1996, the “Revengeance” of the duchesses proposes new events not officially recognized in the official Carnival program. We then raise questions regarding the ways residents from Québec City’s neighbourhoods take back the festival and the uses of Web 2.0 in the construction today of cultural and identity dynamics.
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Of Ideas and Objects
Andrée Gendreau
pp. 133–147
AbstractEN:
This article provides a comparative overview of the history of museums in Europe and North America, from their origins to their most recent postmodern transformations. It highlights the very unique evolution of museums in North America compared to their European counterparts due to their emphasis on leisure and their strong ties with local communities. It also shows how museums in Quebec, and in Canada as a whole, tend to focus more on ideas than those in Europe, the Musée de la civilisation being a prime example. North American museums have demonstrated the capacity to adapt to the specific needs of communities by being open and flexible institutions capable of preserving heritage, speaking to citizens, and transmitting − or simply bringing life to − past and present cultures.
FR:
Cet article propose un regard d’ensemble comparatif sur l’histoire des musées en Europe et en Amérique du Nord, de leurs origines à leurs transformations les plus récentes. Il met en évidence sur l’évolution distincte des musées en Amérique du Nord par rapport à leurs homologues européens, avec leur accent sur la dimension ludique et les liens étroits qu’ils développent avec les communautés locales. Il montre également comment les musées au Québec, et dans l’ensemble du Canada, ont plutôt tendance à se concentrer davantage sur les idées par rapport aux musées en Europe, le Musée de la civilisation en étant un parfait exemple. Les musées nord-américains ont ainsi démontré la capacité de s’adapter aux besoins spécifiques des communautés en se développant comme des institutions ouvertes et souples, capables de préserver le patrimoine, de parler aux citoyens, de transmettre des savoirs ou mettre simplement de donner vie aux cultures passées et présentes.
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Un patrimoine culturel immatériel émergent : le Courir du Mardi gras de Faquetaigue, en Louisiane
Lucie Benoit
pp. 149–183
AbstractFR:
Cet article examine sous quelle forme les Cadiens, au XXIe siècle, perpétuent la tradition du Courir du Mardi gras dans une perspective de développement durable de leur patrimoine, à travers l’étude de cas du Courir de Faquetaigue. Après avoir exposé la tradition du Mardi gras chez les Cadiens, nous abordons la mise en contexte du Courir de Faquetaigue, qui s’écarte du caractère touristique et commercial tel qu’observé lors d’autres Mardi gras de la Louisiane. Au moyen d’une observation participante et d’entrevues semi-dirigées avec des participants, nous en analysons les aspects spécifiques : le défi du poteau, qui évoque la tradition des jeux et des travaux communautaires, l’hommage à Dennis McGee, musicien pionnier de la culture louisianaise, et l’idée de communauté telle que définie par les participants. Il ressort de cette analyse que ce n’est pas tant son caractère géographique local qui définit, aux yeux des participants, ce Courir de Faquetaigue, mais plutôt « l’esprit » du lieu, et les gens avec qui ils le réalisent. Ces acteurs montrent qu’ils font évoluer consciemment cette tradition en faisant en sorte qu’elle s’inscrive dans un esprit de continuité.
EN:
This article examines how Cajuns, in the 21st Century, are keeping the Mardi Gras tradition alive, in a perspective of sustainable development of their heritage, through the case study of the Courir (or run) of Faquetaigue. After a presentation of the cajun Mardi Gras, it will put the Faquetaigue Mardi Gras run into context and observe its differences with some of the runs considered traditionnal and of the touristic and commercial character of some other runs found in Louisiana. Drawing from a participant observation of the event and interviews with participants, this research analyzes specific aspects of the Courir of Faquetaigue: the challenge of the post, which evokes the traditions of games and community work, the tribute to Dennis McGee, a musican and a pioneer of the cajun culture and the idea of community as defined by the participants in the Faquetaigue run. Our analysis concludes that it is not so much the local and geographical character that defines, in the eyes of the participants, the Faquetaigue run, but, rather, the “spirit of place” that takes place and the people, or community, by which it is performed. These actors show how they consciously develop this tradition by inscribing it into a sense of continuity.
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“The mill whistle was blowing and the Germans were coming”: Industrial Soundscapes, World War II, and Remembrance in Corner Brook, Newfoundland
Janice Tulk
pp. 185–203
AbstractEN:
In summer 2007, while conducting maintenance on the mill’s structure, the Corner Brook Pulp and Paper Mill silenced the whistle that had been part of the local “soundscape” (Schafer 1977) for more than eighty years. When the whistle did not return immediately, public outcry was voiced in the local newspaper over the loss of part of the city’s heritage. Its return in December 2007 at half the previous daily frequency provided the impetus for a collection project.
While the mill whistle is an important tool that marks the passage of time, regulates the movement of bodies, and signals trouble at the mill (such as a fire), its significance to the community extends beyond the utilitarian. It plays a role in memorialization (sounding on Remembrance Day) and celebration (marking, for example, the end of WWII), and has become a familiar icon for local song-writers and authors alike. This article provides an overview of “The Mill Whistle Project” designed to document the mill whistle in Corner Brook, describes the historic functions of the mill whistle, and identifies alternative uses of the whistle over time. It then interrogates the whistle’s relationship to World War II and Remembrance Day, demonstrating its extension as a community-wide notification system, its mobilization as a means of celebration, and its continuing role in memorialisation.
FR:
À l’été 2007, pendant les opérations d’entretien sur la structure du Brook Pulp and Paper Mill de Corner Brook, l’usine éteignit le sifflet qui avait fait partie du « paysage sonore » (Schafer 1977) depuis plus de quatre-vingts ans. Quand le sifflet n’a pas été immédiatement rétabli, le journal local fut le lieu d’expression d’un tollé général sur la perte d’une partie du patrimoine de la ville. Son retour en Décembre 2007 à la moitié de la fréquence quotidienne précédente a donné l’impulsion pour un projet de collecte. Bien que le sifflet de l’usine soit un outil important pour marquer le passage du temps, réguler le mouvement des corps, et signaler des urgences à l’usine (comme une incendie), son importance pour la communauté s’étend au-delà de ces considérations utilitaires. Il joue un rôle dans les commémorations (sonner le jour du Souvenir) et célébrations (souligner, par exemple, la fin de la Seconde Guerre mondiale), et est devenu une icône populaire pour des auteurs et auteurs-compositeurs locaux. Cet article donne un aperçu du « Projet Mill Whistle » conçu pour documenter le sifflet de l’usine de Corner Brook. Il décrit les fonctions historiques de sifflet de l’usine, et identifie les autres utilisations de sifflet au fil du temps. Il interroge par la suite les liens du sifflet avec la Seconde Guerre mondiale et le jour du Souvenir, pour montrer ainsi son développement en tant que système de communication à l’échelle communautaire, sa mobilisation comme un outil de célébration, et son rôle continu dans construction de la mémoire collective.
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La mémoire de l’esclavage dans l’espace public : initiatives pour sa patrimonialisation à Bordeaux (France) et à Port-au-Prince (Haïti)
Jean Ronald Augustin
pp. 205–226
AbstractFR:
La problématique de la mémoire de l’esclavage est devenue mondiale. Cette réflexion explore les initiatives de patrimonialisation de la mémoire de l’esclavage à Bordeaux (France) et à Port-au-Prince (Haïti). Elle se base sur l’interprétation des résultats de nos enquêtes de terrain conduites en 2013 à Bordeaux et à Port-au-Prince, des observations participantes et des recherches archivistiques. Il en découle que le patrimoine de la mémoire de l’esclave à Bordeaux se présente comme une thérapie à la stigmatisation morale et une contribution à favoriser le « mieux vivre ensemble » dans une société qui devient de plus en plus créolisée. À Port-au-Prince, il s’inscrit sur les registres de victimisation, de revendications et de sa valorisation et est à la croisée de la volonté de faire le deuil de l’esclavage et l’affirmation de la grandeur du peuple haïtien pour comprendre son univers social.
EN:
The issues involved in remembering slavery have taken on worldwide significance. This reflection deals with initiatives to heritagize the remembrance of slavery in Bordeaux (France) and Port-au-Prince (Haiti). It is based on an interpretation of the results from our 2013 fieldwork investigations in Bordeaux and Port-au-Prince, along with participant observations and archival research. Implied is the fact that the heritage of slavery remembered in Bordeaux represents a therapy for the moral stigmatization and contributes toward promoting “living better together” in a society which is undergoing, more and more, a process of creolization. In Port-au-Prince that heritage is, rather, one that speaks of victimization, protests and recognition; it is, in fact, at a crossroad between a desire to mourn over slavery and the affirmation of greatness on the part of the people of Haiti in order to understand their social environment.
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Prayer and Power: A New Women’s Tradition in a Ukrainian Village
Mariya Lesiv
pp. 227–249
AbstractEN:
A young girl from the western Ukrainian village of Horodnytsia was seriously ill. In 2007, a family in Germany sent her a statuette of the Mother of God that was said to have miraculous power. The gift was intended to help the girl to recover from her illness. The statuette took on a new purpose, developing into a new tradition. It was incorporated into a homemade altar that traveled from house to house, accompanied by many local women performing religious songs and prayers. This paper draws attention to the Horodnytsia ritual’s collective significance. From an emic perspective, as shared by the ritual’s practitioners, the new tradition communicated women’s response to the ongoing post-Soviet socio-economic crisis. From my own, etic, perspective, informed by performance and gender studies, the altar’s role appeared to expand beyond this, revealing women’s creative, though unselfconscious, attempt to subvert the patriarchal order of vernacular Christianity. The ritual empowered the village women, especially because it was shaped by the familiar model of religious authority. The women consecrated their domestic space following a well-known pattern of church spatial organization. They established their own authority through the development of a kind of close contact with the sacred that they could not achieve in the context of the traditional church.
FR:
Une jeune fille du village ouest-ukrainien de Horodnytsia était gravement malade. En 2007, une famille d’Allemagne lui a envoyé une statuette de la Mère de Dieu, qui avait prétendument pouvoir miraculeux. Le don avait pour but d’aider la fille à se remettre de sa maladie. La statuette a cependant pris une nouvelle signification, et de là se développa une nouvelle tradition. Elle a été incorporée dans un autel bricolé qui a voyagé de maison en maison, accompagné par de nombreuses femmes entonnant des chants religieux et des prières.
Cet article met l’accent sur l’importance collective du rituel de Horodnytsia. Du point de vue émique, partagé par les praticiens du rituel, la nouvelle tradition communique la réponse des femmes à la crise socio-économique post-soviétique en cours. De ma propre perspective étique, inspirée des études de genre et de la performance, le rôle de l’autel semble aller au-delà de ces considérations, en ce qu’il révèle les efforts créatifs, bien qu’inconscients, de femmes de subvertir l’ordre patriarcal du christianisme vernaculaire. Le rituel donne un pouvoir aux femmes du village, en particulier parce qu’il a été façonné par le modèle familier de l’autorité religieuse. Les femmes sacralisent leur espace domestique selon un schéma bien connu de l’organisation spatiale de l’église. Elles établissent leur propre autorité à travers le développement d’un contact étroit avec le sacré qu’elles ne pouvaient pas atteindre dans le cadre traditionnel de l’église.
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Patrimoine partagé et carnaval caribéen
Lucie Pradel
pp. 251–271
AbstractFR:
Par sa représentation de diverses formes d’expressions patrimoniales, par son alliage de traditions orales, rituelles, sociales, de même que de savoirs et de savoir-faire, le carnaval est représentatif du patrimoine immatériel. Le terme « carnaval » minore la dimension d’un festival artistique animé par la musique, la danse, le théâtre, l’art de la performance, la peinture, la sculpture, le stylisme, la chapellerie, l’art photographique. Le carnaval se singularise par son rôle d’incubateur de nouvelles pratiques et par son influence dynamique sur d’autres secteurs d’activités, à savoir les secteurs artistique, culturel, social et économique. La notion de patrimoine partagé est utile en tant que mode d’interprétation du carnaval et, de manière plus large, cette notion contribue également à l’interprétation du patrimoine immatériel.
EN:
By showcasing the diversity of its expressive heritage forms, its hotpotch of oral, ritual and social traditions, of knowledge and know-how, the carnival is an example of intangible heritage. The term “carnival” plays down the dimension of an artistic festival enlivened through music, dance, theatre, performance art, painting, sculpture, design, headgear and photographic art. The carnival distinguishes itself through its role as a breeding ground for new ways of doing things and through its dynamic influence on other activity sectors, notably the artistic, the cultural, the social and the economic. The idea of shared heritage is useful as a way of interpreting the carnival and, in a great sense, this idea also contributes to a way of understanding intangible heritage.
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Residual Radicalism: Labour Song-Poems of Industrial Decline
Richard MacKinnon and Lachlan MacKinnon
pp. 273–298
AbstractEN:
The making of songs is an important, yet under-explored tradition amongst steel workers throughout North America. Steel making has been an essential part of Cape Breton Island’s economy and landscape since the mid-nineteenth century. The first steel mill was constructed in Sydney Mines in the 1870s; a larger mill was built in the newly emerging city of Sydney, the island’s largest centre, by 1901. Distinctive traditions of work and leisure began to emerge amidst the grid-patterned streets and company-owned homes of workers and managers. In the early years of the twentieth century, a close-knit working-class consciousness had taken root in the steel making centre of Sydney, Cape Breton Island. Songs explore topics such as the harsh conditions of work in the steel plant, personalities and places, tragedies, the industrial conflicts of the 1920s, and the attitudes of workers toward management. Many are often tinged with satire and witty analysis of working-class life.
Sydney, as with many communities in North America, has profoundly experienced the process of deindustrialization in the latter part of the twentieth century. The last operating coal mines closed in Cape Breton the 1990s and the Sydney Steel plant shut its doors in 2000. This paper explores the questions: what role did songs about steel play in the development of class consciousness during the development of the steel industry in Sydney? Do songs play an equally significant role in the latter part of the twentieth century when the community was undergoing the process of deindustrialization? What types of songs about steel making and the steel mill are found in each of these significant periods in Sydney’s history? An exploration of some of these songs reveal much about how human beings respond to the processes of industrialization and deindustrialization.
FR:
La composition de chansons chez les travailleurs de l’acier en Amérique du Nord constitue une tradition importante, bien que peu étudiée. L’industrie de l’acier a joué un rôle majeur dans l’économie et le paysage de l’île du Cap-Breton depuis le milieu du XIXe siècle. La première aciérie a été construite à Sydney Mines dans les années 1870, et une usine plus grande a été construite dans la ville naissante de Sydney, le plus grand centre urbain de l’île, en 1901. Des traditions distinctes de travail et de loisirs ont commencé à émerger au sein du quadrillage de rues et des habitations de la compagnie pour ses travailleurs et gestionnaires. Dans les premières années du XXe siècle, une conscience de la classe ouvrière avait pris racine au coeur de l’industrie de l’acier à Sydney. Leurs chansons traitaient de sujets tels que les conditions difficiles de travail dans l’aciérie, les lieux et ses grandes personnalités, les tragédies, les conflits de travail dans les années 1920, et l’attitude des travailleurs envers la direction. Beaucoup de ces chansons étaient souvent teintées de satire et témoignaient d’un regard acerbe de la vie de la classe ouvrière.
Sydney, comme de nombreuses communautés nord-américaines, a profondément subi le processus de désindustrialisation de la fin du XXe siècle. Les dernières mines de charbon du Cap-Breton ont cessé leurs activités dans les années 1990 et l’usine Sydney Steel ferma ses portes en 2000. Cet article explore les questions suivantes: quel rôle a joué des chansons sur le développement d’une conscience de classe au cours du développement de l’industrie de l’acier à Sydney? Ces chansons ont-elles joué un rôle tout aussi important dans la dernière partie du XXe siècle, lorsque la communauté a subi les processus de désindustrialisation? Quels types de chansons sur l’industrie de l’acier trouve-t-on pour chacune de ces périodes dans l’histoire de Sydney? Une analyse de certaines de ces chansons révèle somme toute beaucoup sur la façon dont les êtres humains réagissent aux processus d’industrialisation et de désindustrialisation.
Carnet de notes / Notebook
Comptes rendus / Reviews
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Christie Davies. Jokes and Targets. (Bloomington: 2011, Indiana University Press. 328 pp. ISBN: 978-0-253-22302-9)
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Herb MacDonald. Cape Breton Railways. An Illustrated History. (Sydney: 2012, Cape Breton University Press. Pp. 260. ISBN: 978-1-897009-67-3)
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Alison R. Marshall. The Way of the Bachelor: Early Chinese Settlement in Manitoba. (Vancouver: 2011, University of British Columbia Press. Pp. xv-226. ISBN 978-0-7748-1916-9)
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Jon Bartlett and Rika Ruebsaat. Dead Horse on the Tulameen: Settlers Verse From BC’s Similkameen Valley. (Princeton: 2011, Canadian Folk Workshop. Pp. 293. ISBN: 978-0-9877255-0-9)
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Tim ingold. Being Alive: Essays on Movement, Knowledge and Description. (London: 2011, Routledge. Pp. 288. ISBN: 978-0-4155768-4-0)