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Chaire de recherche du Canada sur les patrimoines ethnologiques des francophones d’Amérique (xvie-xxie siècles)[Record]

  • Laurier Turgeon

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  • Laurier Turgeon
    Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique
    Université Laval, Québec

La Chaire sur les patrimoines ethnologiques des francophones d’Amérique est une chaire de niveau I financée pour une période de sept ans (2003-2010) par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada. Elle poursuit quatre objectifs. Le premier, d’ordre théorique, vise à renouveler le concept de patrimoine ethnologique pour l’adapter aux réalités et aux préoccupations du xxie siècle. Nous voulons remettre en question les notions d’authenticité, de tradition et d’identités originaires, généralement rattachées au patrimoine ethnologique, pour reconceptualiser ce dernier en mettant l’accent sur le mouvement, les mutations et les mélanges. Loin d’être figé, le patrimoine ethnologique est continuellement reconstruit par les contacts, les échanges et les interactions entre individus et groupes différents. En plus de faire ressortir le caractère dynamique du patrimoine, cette approche neuve permettra de contribuer aux études culturelles sur la mondialisation, le transnationalisme et le métissage, qui représentent aujourd’hui un courant théorique majeur en sciences humaines. Le deuxième objectif, méthodologique celui-ci, veut prendre comme champ d’observation le patrimoine des francophones d’Amérique. Le choix de ce terrain élargi permet d’étudier les francophones de vieille souche, les nouveaux francophones issus de l’immigration et aussi les francophones d’adoption, c’est-à-dire ceux provenant d’une autre culture qui choisissent le français comme langue première. Le patrimoine des francophones d’Amérique offre un terrain d’une grande originalité pouvant éclairer la réflexion actuelle sur le transnationalisme et le métissage culturel en raison de ses nombreux contacts avec le patrimoine d’autres groupes (Amérindiens, Anglais, Irlandais, etc.), des mélanges culturels engendrés et de son caractère diasporique. Par notre démarche résolument interdisciplinaire, nous serons à même, d’abord, de déconstruire l’histoire du chassé-croisé des emprunts culturels des francophones d’Amérique (xvie-xxie siècle), à partir d’un corpus élargi (sources manuscrites, imprimées, matérielles, orales et iconographiques) et, ensuite, de construire une histoire relationnelle de ce patrimoine, centrée sur les métissages et les syncrétismes. Le troisième objectif, d’ordre pédagogique, est destiné à fournir aux chercheurs, aux postdoctorants et aux étudiants : 1) un encadrement interdisciplinaire de haut niveau, 2) un forum qui favorise les débats et l’élargissement de nos perspectives de recherche, 3) un lieu propice à la diffusion de travaux (colloques, conférences, ateliers, publications, etc.), 4) des bourses de deuxième et de troisième cycles ainsi que des bourses postdoctorales. Enfin, la Chaire veut contribuer à faire de l’Université Laval un centre international d’études sur le patrimoine. Elle aidera à promouvoir et à fédérer, en lien étroit avec l’Institut du patrimoine culturel (IPAC), les recherches en matière de patrimoine des centres, des autres chaires et des groupes de recherche de la Faculté des lettres, puis à fonder un laboratoire d’enquêtes et d’entrevues multimédia, grâce à une subvention d’infrastructure de la FCI. Le patrimoine ethnologique évoque l’idée de catégories ethnoculturelles étanches et d’identités originaires enracinées dans des lieux et des temps immuables. Il présente souvent la transmission et la conservation comme une lutte contre la dégradation, la disparition ou la destruction. Il exprime un désir de récupération et de restauration des restes, mais il traite peu de la création. Il observe ce qui disparaît, encore trop rarement ce qui apparaît (Chiva 1990 : 236). Pendant longtemps, le patrimoine a suscité une pratique de gestion des biens familiaux — des « biens du père » selon l’étymologie du mot. Il a été mis au service de l’État, qui l’a confondu avec la patrie et qui a agi avec l’idée que la transmission des « biens de la nation » assure la continuité et la stabilité de la communauté nationale (Lowenthal 1985, 1996 ; Poulot 1998, 2001). Dans le cadre actuel de la mondialisation, une politique du patrimoine se veut un …

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