Comptes rendus / Reviews

Bijoux à secrets. Par Patrizia Ciambelli (Paris : Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Collection Ethnologie de la France, 2002. 144p., ISBN 2-73510945-3)[Record]

  • Christine Bricault

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  • Christine Bricault
    Université Laval
    Québec

Avant tout, il est important de noter le rapport de proximité qui existe entre l’auteure et son objet d’étude. Bijoutier de profession, le père de Patrizia Ciambelli tenait une bijouterie dans le quartier de Santa Lucia à Naples. Toute jeune fascinée par le travail de son père, l’auteure a entrepris des années plus tard de rencontrer « des femmes qui ont accepté d’ouvrir pour [elle] leurs coffrets et de laisser parler leurs bijoux » (vii). En effet, l’étude s’appuie sur des sources de première main recueillies au moyen de l’enquête orale. L’auteure a réalisé des enquêtes en France, en Italie et en Espagne auprès de citoyens de tous milieux et de toutes classes sociales, tout d’abord entre 1993 et 1995 et, par la suite, entre 1996 et 2000. Au total, 304 questionnaires ont été remplis. Bref, il s’agit d’un travail de terrain de grande échelle. L’étude de Patrizia Ciambelli se base sur la prémisse selon laquelle les bijoux participent en eux-mêmes à la construction identitaire d’un individu. La démonstration de l’auteure suit une progression logique qui témoigne des différents statuts du bijou : du caractère enfantin du bijou jusqu’à l’épineuse question des bijoux de famille. Le volume est divisé en six chapitres de proportion inégale dans lesquels on peut entrer  véritablement dans le monde des joyaux. Le premier chapitre de l’ouvrage, intitulé « Bijoux indiscrets », agit en guise d’introduction. L’auteure expose ses intentions en insistant sur le rôle qu’il importe d’accorder à l’homme, très souvent exclu d’un tel sujet. Elle se propose de chercher, en considérant les bijoux comme témoins de vie, à connaître les règles qui présupposent l’achat, le port et le don de bijoux. La section suivante nous plonge véritablement dans le monde du bijou typé : le bijou féminin. L’auteure traite de la première parure de l’enfant : sa médaille de baptême. Elle nous porte à voir le comportement des jeunes filles qui se fabriquent des bijoux. Qui plus est, l’ethnologue laisse parler ses informateurs et cite un récit de nettoyage de bijou fascinant. On y apprend aussi que la première acquisition du bijou se fait par le regard. Les fillettes s’initient donc aux diverses règles implicites et explicites du port des bijoux en observant les membres féminins de la cellule familiale. Finalement, Ciambelli propose la théorie de l’accès graduel selon laquelle l’ordre dans lequel la femme accède au bijou respecte une certaine progression : on passe du métal à la pierre et de l’opacité à la brillance. « La Boucle et la marque », troisième chapitre du livre, propose de résumer l’histoire de la boucle d’oreille. On y aborde plusieurs sujets, dont les anciennes techniques de perçage, le perçage en tant que rite d’initiation et le perçage et l’amitié. Toutefois, ce qui nous a semblé le plus intéressant de cette section reste la réflexion que propose l’auteure sur la douleur lors du perçage. Cette dernière explique que, jusqu’à un certain point, la souffrance devient un élément de motivation, une expérience du mal. Finalement, Patrizia Ciambelli expose certaines croyances populaires selon lesquelles percer un trou dans l’oreille éclaircirait la vue. La quatrième section, plus difficile à saisir, tend à montrer l’analogie qui peut exister entre la femme et le cheval par l’expression « ferrer l’épouse ». On aborde ici le sujet du mariage et de l’échange d’alliances. Après avoir traité de la fonction et de la signification des bijoux en forme de fer à cheval, l’auteure relate l’importance du forgeron et de la figure de saint Éloi. Ces éléments, quoique semblant se détacher des propos premiers de l’auteure, sont toutefois rapidement rattachés à la …