Abstracts
Résumé
La rencontre sur le terrain de jeunes Noirs, immigrants de deuxième génération, résidant dans le quartier Cergy-Saint-Christophe d’une ville nouvelle de la banlieue parisienne, permet de déconstruire une façon particulière de constituer des groupes autour de mouvances musicales et d’utiliser et de concevoir l’espace urbain. Ces jeunes, mal connus des intervenants de leur milieu, affichent de façon bruyante et voyante une allure nouvelle, se divisant en groupes organisés autour de la musique, soit le hip-hop et le rap pour les uns et le soul et le funk pour les autres. Le découpage des groupes de jeunes est à la fois spatial, temporel, ethnique et musical. Les sports pratiqués, la tenue vestimentaire, la façon d’occuper les temps libres sont autant d’éléments qui diffèrent d’un groupe à l’autre, dans une logique de différenciation qui permet à chacun de construire son identité. La participation à ces mouvances tend à s’opposer à l’engagement scolaire et constitue une sorte d’espace alternatif d’intégration sociale et de valorisation. L’analyse de l’utilisation de l’espace urbain et du discours sur la ville permet de mettre en relief la façon dont ces jeunes valorisent la modernité, en ce qu'elle serait susceptible d’instaurer des brassages de population qui leur permettraient de se sentir à égalité et d’être mieux acceptés socialement.
Abstract
This article deconstructs the particular ways in which young Black people, second-generation immigrants living in the Cergy-Saint-Christophe neighbourhood of a new town in the Parisian suburbs, form groups revolving around music scenes and use and imagine urban space. With their noisy, flashy new looks, these young people remain largely unknown to those who work with them. They split up into groups organized around music: hip-hop and rap for some, soul and funk for others. But the divisions between the various groups of youth are also marked out in terms of space, time and ethnicity. Groups differ from each other in factors such as the sports members play, the clothes they wear, and the way they spend their free time, according to a logic of differentiation that enables each person to construct his or her own identity. Membership of such scenes tends to be opposed to scholastic achievement, and constitutes an alternative space of social intégration and valorization. An analysis of the use of urban space and discourse about the town shows how these young people value modernity, in that it is likely to introduce mixes of people that might enable them to feel equal to and better socially accepted by others.