Éditorial

L’éducation relative à l’environnement auprès des adultes : mouvances et repères[Record]

  • Carine Villemagne and
  • Lucie Sauvé

…more information

  • Carine Villemagne
    Université de Sherbrooke, Québec, Canada

  • Lucie Sauvé
    Université du Québec à Montréal, Canada

L’éducation relative à l’environnement (ERE) auprès des adultes est en plein essor. Les adultes, jeunes et moins jeunes, se retrouvent en effet dans un nombre grandissant de sphères d’activités qui proposent des éducations en matière d’environnement. Que l’on soit par exemple un adulte participant à une animation guidée dans un musée, un élu fraichement en poste dans un conseil municipal ou un citoyen inquiet des incidences d’un projet industriel local sur la qualité de vie de sa communauté, les occasions d’apprentissage, par nécessité ou plaisir, sont nombreuses au sujet de questions socioécologiques contemporaines. Il n’est toutefois pas toujours pertinent que l’ERE commence par accabler ces adultes avec une énumération de catastrophes environnementales et l’impératif de s’engager dans la résolution de problèmes environnementaux. Car à travers les médias omniprésents, les adultes sont généralement alertés au sujet des questions vives. C’est davantage une formation à l’approche critique des réalités socioécologiques et du monde de l’information qu’il faut privilégier, de même que l’exploration de moyens d’action à leur portée individuelle et collective. Mais plus encore, au fondement de leur rapport au monde, il importe de les inviter à découvrir ou re-redécouvrir le territoire où ils vivent, leur milieu de vie, et toute cette nature de laquelle ils font partie. Il faut pouvoir s’émerveiller par exemple, de la diversité des oiseaux qui cohabitent au parc ou encore, s’imprégner de l’odeur d’un sous-bois et apprécier le bruit des feuilles sous les pas. Ces moments de vie sont autant d’expériences qui peuvent être fondatrices d’un rapport à l’environnement sensible, plaisant et apaisant, sur lequel peut prendre appui l’envie de participer à de projets environnementaux ou encore à des mobilisations écocitoyennes. Louis Espinassou (2015) considère que l’expérience du dehors est essentielle pour le développement des enfants, pour fonder leur relation au monde et favoriser leur compréhension de celui-ci. Il en est de même pour les adultes. « Être adulte » a longtemps été associé à un état, un statut qui conférait des caractéristiques immuables ; il n’en est plus ainsi aujourd’hui. L’intelligence, l’identité, les compétences, les intérêts et les sensibilités de l’adulte sont reconnus comme évoluant sans cesse dans le creuset fertile des expériences de la vie. Du berceau jusqu’à la fin, la personne humaine se transforme et ne cesse de faire des apprentissages dans des contextes variés, informel, non-formel ou formel. L’ERE se penche sur une dimension fondamentale d’un tel développement de l’adulte, celle de sa relation aux réalités écologiques, à travers un processus expérientiel et dialogique qui, en lien avec la rationalité critique, laisse également place à l’imaginaire, à la créativité et à l’appréhension symbolique des réalités (Cottereau, 2003 ; Pineau et Galvani, 2017). Et ces réalités - où se croisent les dimensions naturelles et sociales de l’environnement -, sont d’abord celles de son milieu de vie, de sa maison, de sa ruelle, de son quartier, et puis de sa ville, de sa région, de son pays, de la planète. Si le champ de l’ERE auprès des adultes était encore récemment qualifié de sous-théorisé par divers auteurs anglophones (Clover, de O. Jayme, Hall et Follen 2013 ; Walter, 2007, 2009), force est de constater une certaine effervescence dans la francophonie et le monde hispanophone. Dans les années 2000, pour Walter (2009) comme pour Lange et Chubb (2009), le grand défi de l’ERE auprès des adultes était celui du peu d’intégration de ses fondements et objectifs dans le domaine global de l’éducation des adultes. On observait également que les pratiques d’ERE auprès des adultes étaient encore trop axées sur les changements de comportements et/ou sur des démarches peu participatives. Même si ces telles pratiques demeurent, on …

Appendices