Abstracts
Résumé
Le dernier roman de Nadine Gordimer, No Time Like the Present (2012), a pour thème central le conflit entre la poursuite de l’engagement politique, d’une part, et la lassitude ou la désillusion qu’engendre la politique, d’autre part, conflit qui caractérise de manière notoire le champ socio-politique de l’Afrique du Sud post-apartheid. En comparant le dernier roman de Nadine Gordimer à son premier, The Lying Days (1953), et en s’appuyant sur l’ouvrage de Fredric Jameson concernant l’allégorie nationale, cet article montre comment No Time Like the Present décrit et critique sur le mode autoréflexif les relations changeantes entre littérature et politique dans un contexte sud-africain. Le paysage politique complexe de l’après-apartheid, qui n’est plus scindé entre blanc et noir – entre pro- et anti-apartheid – est reconfiguré de manière formelle à travers une ambivalence narrative qui déconstruit également les barrières séparant la vie publique de la vie privée. Le roman exploite jusqu’au maximum les limites des contraintes allégoriques qu’impose le contexte politique afin de révéler que plus rien n’est aussi « simple que les lettres noires sur la page blanche ». Il en résulte une ambivalence formelle qui exprime l’absence d’une orientation politique post-apartheid claire – une situation difficile que je désigne comme la « zone grise » du roman.