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Drones et robots. La guerre des futurs, Édouard Pflimlin, 2017, Levallois-Perret, Studyrama, 96 p.[Record]

  • Pierre Colautti

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  • Pierre Colautti
    Hautes études internationales, Université Laval, Québec, Canada

Les études sur la guerre ou war studies s’attardent régulièrement sur la place de la technologie dans le déroulement des guerres historiques et contemporaines, l’histoire ayant démontré que les innovations militaires ont su influencer l’issue de ces conflits. Toutefois, des mouvements de contestation ont émergé ces dernières années contre l’utilisation massive d’une technologie militaire en particulier : le drone. L’emploi massif qui en a été fait, notamment par l’administration Obama, s’inscrivait alors dans une volonté de ne plus exposer de soldats sur le champ de bataille, essentiellement après les conflits d’Irak et d’Afghanistan qui furent coûteux à la fois en argent et en vies humaines. Cette technologie est devenue le symbole de l’horreur de la guerre et de ses victimes civiles. C’est donc dans un contexte d’interrogation et de réflexion citoyenne autour de l’utilisation des nouvelles technologies militaires que s’insère l’ouvrage d’Édouard Pflimlin, Drones et robots. La guerre des futurs. Fort de son expérience journalistique, et auteur du blogue « La guerre des robots » sur le site Internet du journal français Le Monde, Pflimlin fournit un outil clair et accessible à tous. Si l’ouvrage se distingue par sa concision, il couvre l’ensemble des thématiques essentielles à la compréhension des enjeux de la robotisation des armées et de la pratique guerrière qui en découlera à l’avenir. La guerre contre le terrorisme enclenchée après les attentats du 11 septembre 2001 a précipité l’utilisation croissante de la robotique. En premier lieu, les drones, ces avions sans pilotes et contrôlés à distance, permettent d’anéantir des objectifs (humains ou matériels) sans risquer la vie d’un pilote. Au-delà des drones aériens, l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan a permis de tester une multitude de robots, à la fois terrestres et maritimes. C’est notamment le cas des robots démineurs, popularisés par le film The Hurt Locker. Si les armées se sont lancées très tôt dans le développement de tels engins – dès le 19e siècle avec les travaux de Nikola Tesla ou du capitaine Max Boucher – c’est que les robots peuvent éloigner les soldats du champ de bataille, et donc minimiser les pertes humaines. Ils peuvent remplacer les soldats dans les opérations dites dangereuses, sales (en zones contaminées par exemple) ou bien pour des tâches répétitives comme la surveillance. L’intérêt des États pour la robotique militaire ne concerne plus seulement les principaux pays occidentaux. Pflimlin nous livre un état des lieux des effectifs dans le monde. Les États-Unis et Israël sont les deux pays les plus avancés en la matière, mais de nombreux pays émergents ont déjà engagé des programmes de développement, y compris pour des robots armés. L’auteur détaille les projets naissants du Brésil et du Japon, mais aussi les projets plus anciens du Pakistan, de l’Iran, de la Turquie ou encore de l’Inde. Les robots représentent un intérêt aussi bien d’ordre opérationnel qu’économique. Le marché de la robotique militaire, poussé par la lutte contre le terrorisme, est en pleine expansion et devrait tripler entre 2014 et 2020. Israël, la Chine et les États-Unis s’imposent pour l’instant comme les plus grands exportateurs de matériels robotiques. Pflimlin cherche dans sa dernière partie à questionner les perspectives futures de l’emploi des drones et des robots. La tendance qui semble se dessiner est celle d’une augmentation considérable de la part des budgets de défense consacrée au développement de ces technologies, essentiellement d’ailleurs dans des programmes de robots armés. Si l’usage excessif et parfois illégal des drones par la cia a fait naître des mouvements de contestation dans de nombreux pays, le déploiement potentiel de robots autonomes suscite déjà la mobilisation. Ces « systèmes …