Cet essai analytique est basé sur une recension de trois ouvrages récents qui analysent empiriquement, à l’aide d’une méthode principalement quantitative, diverses formes de violence politique. Nous nous efforçons d’y dégager les éléments d’une perspective empirique de la sécurité internationale à partir des recoupements entre les analyses contenues dans l’annuaire 2015 du Stockholm International Peace Research Institute (sipri), dans la publication bisannuelle Peace and Conflict 2016, élaborée conjointement par le Center for International Development and Conflict Management de l’Université du Maryland (États-Unis) et l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève (Suisse), ainsi que dans le Conflict Barometer (éditions 2014 et 2015) du centre de recherche allemand Heidelberg Institute for International Conflict Research (hiik). Cet essai s’appuie également sur les analyses de l’édition 2017 de la publication française État du monde. Si les sources d’information utilisées par les deux premiers ouvrages se recoupent, en particulier par l’utilisation des données émanant du Uppsala Conflict Database Program / Peace Research Institute Oslo (ucdp/prio), elles sont généralement distinctes. Le sipri exploite ses propres bases de données sur l’armement et fait des analyses par cas, alors que les articles du Peace and Conflict 2016 (p&c) sont basés sur une variété de bases de données (indiquées entre parenthèses en bibliographie). L’un des objectifs de cette dernière publication est d’ailleurs l’utilisation approfondie des sources quantitatives de données. Ainsi, alors que les auteurs de l’annuaire du sipri complètent le portrait de la sécurité internationale contemporaine par une analyse qualitative et de statistique descriptive, plusieurs articles du p&c contiennent plutôt des analyses statistiques. L’annuaire du sipri, qui en est à sa 46e année de publication, présente pour sa part une vision traditionnelle de la sécurité internationale (dépenses militaires, transferts d’armements et industrie militaire, état des forces nucléaires nationales, armes chimiques et biologiques). p&c consacre un seul article à la thématique de l’économie politique de la défense. Cette publication bisannuelle qui paraît depuis 2001 adopte un point de vue plus large de la sécurité internationale et traite de thèmes divers : la répression politique, la démocratisation et l’exclusion ethnique, les acteurs non étatiques, etc. Depuis 1991, le hiik rend compte annuellement des données émanant de sa Disaggregated Conflict Dataset (discon), qui est entièrement consacrée à l’analyse des conflits. Contrairement au sipri, le discon s’intéresse au processusde conflit et au passage à des moyens violents. Il repose sur des informations plus détaillées qui sont à la fois quantitatives et qualitatives, une méthodologie qui s’est précisée avec la révision de 2011. Ainsi, la collecte de données est étendue au niveau sous-national et l’intensité de la violence est calculée par mois plutôt qu’uniquement par année. Par exemple, dans l’édition 2015 du Conflict Barometer, une série de cartes retrace l’évolution de l’intensité de la violence pour chaque mois et montre comment les violences dans le nord-est du Nigéria progressent et débordent au Cameroun, au Niger et au Tchad (2015 : 84). Les bases de données tendent en fait à l’heure actuelle à être de plus en plus raffinées et permettent d’établir des schémas de violence à plus petite échelle, car ceux-ci paraissent de plus en plus pertinents pour comprendre les menaces à la sécurité et à la paix contemporaines. Le portrait révélé par l’analyse des données du Uppsala Armed Conflicts Dataset est nuancé ; il marque une distinction relative de l’évolution récente des formes de violence collective, sans pour autant confirmer une nouvelle tendance. Bien que la décroissance globale relative du taux de violence se poursuive, les sursauts de violence indiquent que le monde …
Appendices
Bibliographie
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