Abstracts
Résumé
Dans cet article, nous analysons la rupture (et ses variations) en tant que ressource stratégique, dans le complexe de sécurité proche-oriental. Nous prenons pour appui trois moments de la relation franco-syrienne, qui sont autant de ruptures. Présentée comme irréversible, la rupture de 2004-2005 permet d’évaluer la centralité libanaise dans les relations franco-syriennes telles que les a conçues Jacques Chirac. Celle de 2007-2008 semble au contraire monnayable. Elle s’articule autour du rôle que la France souhaite pour elle-même dans les questions régionales, notamment sur le dossier de paix syro-israélien. Enfin, la rupture de 2011 apparaît comme une projection, un pari sur une solution de rechange au régime syrien. Ces césures s’inscrivent dans des variables régionales complexes, qui les ont provoquées ou qui sont influencées par elles.
Mots-clés :
- France,
- Syrie,
- rupture,
- ressource stratégique,
- relations bilatérales
Abstract
This paper analyzes the breaking of diplomatic relations (and variations thereon) as a strategic resource, focusing on security issues in the Middle East. We base our analysis on three key instances in the history of Franco-Syrian relations. The 2004–2005 diplomatic rupture, presented as irreversible, offers the opportunity to evaluate the centrality of Lebanon’s role in Franco-Syrian ties as conceived by Jacques Chirac. The 2007–2008 rupture, which appears to have been more negotiable, hinged on the role France sought to play in regional issues, especially with respect to peace between Syria and Israel. Finally, the 2011 breakdown of diplomatic relations can be interpreted as a gamble on finding an alternative to the Syrian regime. These breaks were rooted in complex regional variables that either caused them or were influenced by them.
Keywords:
- France,
- Syria,
- breakdown,
- strategic resource,
- bilateral relations
Resumen
Este artículo analiza la ruptura (y sus variaciones) como recurso estratégico en el complejo de seguridad cercano-oriental. Nos basamos en tres momentos de la relación franco-siria. La ruptura de 2004-2005, presentada como irreversible, permite evaluar la centralidad libanesa en las relaciones franco-sirias tales como las ideó Jacques Chirac. La de 2007-2008 parece por el contrario negociable. Se articula en torno al papel que Francia desea para ella misma en los temas regionales, especialmente en la cuestión de paz sirio-israelita. Finalmente, la ruptura de 2011 aparece como una proyección, una apuesta por una solución alternativa al régimen sirio. Estas rupturas se inscriben en variables regionales complejas, que las han provocado o que son afectadas por ellas.
Palabras clave:
- Francia,
- Siria,
- ruptura,
- recurso estratégico,
- relaciones bilaterales
Appendices
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