Abstracts
Résumé
Raymond Aron est souvent décrit comme l’un des grands théoriciens du réalisme moderne. Cette manière de l’insérer dans les taxinomies traditionnelles doit cependant être interrogée. Une lecture attentive de son oeuvre permet en effet de constater qu’Aron a élaboré une approche singulière sur la base d’une double critique : celle d’une tradition libérale qui a généré des projets jugés illusoires ; celle d’un réalisme de guerre froide qui s’est mué en idéologie simplificatrice. L’originalité de l’approche aronienne réside donc dans la tentative de surmonter l’opposition classique de ces deux « écoles », en conservant la meilleure part de chacune d’elles. C’est pourquoi on propose d’envisager Raymond Aron comme un théoricien réaliste hétérodoxe, comme le tenant d’un « machiavélisme postkantien ».
Mots-clés:
- Aron,
- idéalisme,
- praxéologie,
- réalisme,
- théorie
Abstract
Raymond Aron is often considered one of the greatest modern theorists of realism. However, one may question this way of classifying Aron. Indeed an attentive reading of his work reveals a singular approach that is based on two criticisms. The first one reproaches the classical liberal tradition for having engendered illusory projects. The second one is directed to a cold war realism that is accused of transforming itself into a simplistic ideology. Thus the originality of Aron’s approach resides in its attempt to overcome the classical opposition between the two schools, while preserving what is most valuable in them. That’s why one proposed to consider Aron as a heterodox realist, namely as an advocate of a « post-Kantian machiavellianism ».
Keywords:
- Aron,
- idealism,
- praxeology,
- realism,
- theory
Resumen
Raymond Aron es considerado como uno de los grandes teóricos del realismo moderno. Sin embargo, esta manera de insertarlo en las taxonomías tradicionales puede y debe ser contestada. Una lectura atenta de su obra permite constatar que Aron elaboró una visión particular basada en la doble crítica contra una tradición liberal generadora de proyectos ilusorios y contra la ideología simplificadora de un realismo de guerra fría. La originalidad de la visión de Aron consiste entonces en el intento de sobrepasar la clásica oposición entre estas dos escuelas, al tiempo que preserva lo mejor de cada una de ellas. Por esta razón, proponemos considerar a Raymond Aron como un teórico realista heterodoxo o el defensor de un “maquiavelismo postkantiano”.
Palabras clave:
- Aron,
- maquiavelismo,
- praxeología,
- realismo,
- teoría
Appendices
Bibliographie
- Aron Raymond, [1938] 1986, Introduction à la philosophie de l’histoire. Essai sur les limites de l’objectivité historique, Paris, Gallimard.
- Aron Raymond, [1938-1940] 1993, Machiavel et les tyrannies modernes, Paris, Livre de Poche/Éditions de Fallois.
- Aron Raymond, 1948, Le grand schisme, Paris, Gallimard.
- Aron Raymond, 1951, Les guerres en chaîne, Paris, Gallimard.
- Aron Raymond, [1953] 2006, « En quête d’une doctrine de politique étrangère », repris dans Les sociétés modernes, Paris, Presses universitaires de France.
- Aron Raymond, 1959, « Préface » à Max Weber, Le savant et le politique, Paris, Plon.
- Aron Raymond, [1961] 2005, « L’aube de l’histoire universelle », repris dans Penser la liberté, penser la démocratie, Paris, Gallimard.
- Aron Raymond, [1962] 2004, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy.
- Aron Raymond, [1964a] 1967, « Max Weber et la politique de puissance », repris dans Les étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard.
- Aron Raymond, [1964b] 2006, « Macht, Power, Puissance, prose démocratique ou poésie démoniaque ? », repris dans Les sociétés modernes, Paris, Presses universitaires de France.
- Aron Raymond, [1965a] 1998, Démocratie et totalitarisme, Paris, Gallimard.
- Aron Raymond, [1965b] 2005, Essai sur les libertés, Paris, Hachette.
- Aron Raymond, [1967] 2006, « Qu’est-ce qu’une théorie des relations internationales ? », repris dans Les sociétés modernes, Paris, Presses universitaires de France.
- Aron Raymond, 1971, De la condition historique du sociologue, Paris, Gallimard.
- Aron Raymond, [1976] 2009, Penser la guerre, Clausewitz, Paris, Gallimard, 2 vol.
- Aron Raymond, 1978a, « Mr. X… règle ses comptes avec son passé. L’isolationnisme de George Kennan », Commentaire, no 2.
- Aron Raymond, 1978b, « Pour le progrès. Après la chute des idoles », Commentaire, no 3.
- Aron Raymond, 1979, « De l’impérialisme américain à l’hégémonisme soviétique », Commentaire, no 5.
- Aron Raymond, 1980, « L’hégémonisme soviétique : An I », Commentaire, no 11.
- Aron Raymond, [1981a] 2004, Le spectateur engagé, Paris, Éditions de Fallois.
- Aron Raymond, 1981b, « L’équilibre ébranlé. Remarques sur un débat », Commentaire, no 14.
- Aron Raymond, [1983] 2010, Mémoires, Paris, Robert Laffont.
- Aron Raymond, 1984, Les dernières années du siècle, Paris, Julliard.
- Audier Serge, 2004, Raymond Aron. La démocratie conflictuelle, Paris, Michalon.
- Badie Bertrand, 2005, « Raymond Aron, penseur des relations internationales. Un penseur “à la française” ? », Études du Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES), no 5.
- Burnham James, [1943] 1948, Les Machiavéliens, défenseurs de la liberté, Paris, Calmann-Lévy.
- Carr Edward, [1946] 1939, The Twenty Years’ Crisis : 1919-1939, New York, Palgrave.
- Cozette Muriel, 2004, « Realistic Realism? American Political Realism, Clausewitz and Raymond Aron on the Problem of Means and Ends in International Politics », The Journal of Strategic Studies, vol. 27, no 3.
- Cozette Muriel, 2008a, « What Lies Ahead : Classical Realism on the Future of International Relations », International Studies Review, vol. 10, no 4.
- Cozette Muriel, 2008b, Raymond Aron and the Morality of Realism, Canberra, Australian National University, Department of International Relations, Working paper 2008/5.
- Hassner Pierre, [1963] 1999, « Emmanuel Kant », dans L. Strauss et J. Cropsey (dir.), Histoire de la philosophie politique, Paris, Presses universitaires de France.
- Hassner Pierre, [2000] 2003, « Le rôle des idées dans les relations internationales », dans La violence et la paix II, La terreur et l’Empire, Paris, Seuil.
- Hobbes Thomas, [1651] 2000, Léviathan, Paris, Gallimard.
- Hoffmann Stanley, 1983, « Raymond Aron et la théorie des relations internationales », Politique étrangère, vol. 48, no 4.
- Kant Emmanuel, [1785] 1993, Fondements de la métaphysique des moeurs, Paris, Le Livre de Poche.
- Kant Emmanuel, [1795] 1991, Vers la paix perpétuelle, Paris, Garnier-Flammarion.
- Keynes John Maynard, [1936] 1988, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Paris, Payot.
- Machiavel Nicolas, [1513] 1992, Le Prince, Paris, Garnier-Flammarion.
- Manent Pierre, 2010, Le regard politique, Paris, Flammarion.
- Marx Karl, [1859] 1994, Avant-propos de la Critique de l’économie politique, repris dans Philosophie, Paris, Gallimard.
- Mises Ludwig von, [1949] 1985, L’Action humaine. Traité d’économie, Paris, Presses universitaires de France.
- Montesquieu, [1748] 1990, L’esprit des lois, Paris, Bordas.
- Morgenthau Hans, [1948] 2005, Politics Among Nations : The Struggle for Power and Peace, New York, McGraw-Hill.
- Perreau-Saussine Émile, 2003, « Raymond Aron et Carl Schmitt lecteurs de Clausewitz », Commentaire, no 103.
- Philonenko Alexis, 1976, « Kant et le problème de la paix », dans Essais sur la philosophie de la guerre, Paris, Vrin.
- Pipes Richard, 1984, Survival Is Not Enough : Soviet Realities and America’s Future, New York, Simon and Schuster.
- Raynaud Philippe, 1989, « Raymond Aron et le droit international », dans La politique historique de Raymond Aron. Cahiers du Centre de philosophie politique et juridique de l’Université de Caen, no 15.
- Raynaud Philippe, 2002, « Raymond Aron et le jugement politique. Entre Aristote et Kant », dans C. Bachelier et É. Dutartre (dir.), Raymond Aron et la liberté politique, Paris, Éditions de Fallois.
- Ricoeur Paul, [1986] 2005, L’idéologie et l’utopie, Paris, Seuil.
- Roche Jean-Jacques, 2011, « Raymond Aron, un demi-siècle après Paix et guerre entre les nations », Cahiers de la revue Défense nationale, nos 736 et 737.