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Au cours des trois dernières décennies, la région a été redécouverte comme une catégorie importante d’analyse économique qui est d’un grand intérêt politique dans le système international. Il s’agit ici, aussi, d’un processus qui a été renforcé par la tendance à la décentralisation de l’État. Le rôle des réseaux régionaux (aux niveaux continental et subnational) est fondamental pour comprendre les changements et les développements économiques et politiques et doit être analysé à la lumière d’autres changements, comme ceux qui se sont produits dans les domaines des technologies de l’information, de la restructuration des processus de production et dans le cadre du capitalisme de libre marché et insouciant en matière sociale ou « sans engagements sociaux ». Toutefois, ce processus n’est pas homogène dans l’économie politique internationale, et en Europe, comme le souligne Baldersheim, il y a différents points de vue et perspectives de ce qu’est le régionalisme.

En dix chapitres, un groupe de chercheurs coordonné par Baldersheim et Øgård se sont proposés d’analyser et de comprendre les processus de construction régionale dans les pays nordiques, dans une perspective bottom-up. À cette fin, une attention particulière est accordée au rôle des acteurs politiques comme agents de développement. Comme les directeurs de l’ouvrage le soulignent, les théories qui façonnent le débat sur les politiques de développement régional sont actuellement celles de la société de l’information et du rôle de la « classe créative », les perspectives culturalistes et les modèles de la dynamique institutionnelle. Les chercheurs discutent ainsi ce que sont les politiques spécifiques qui déterminent la politique en général, c’est-à-dire l’émergence de nouvelles politiques de développement régional qui créent des pressions sur les structures institutionnelles existantes en rendant nécessaires de nouveaux modèles d’organisation qui conviennent mieux à la recherche de nouvelles actions.

L’idée principale est que les nouvelles options politiques et les nouveaux réseaux exercent des pressions sur les modes de gouvernance actuels et conduisent ainsi à des changements. Les auteurs font valoir que, dans le contexte de la mondialisation, la création des réseaux entre les régions permet à celles-ci d’affecter leurs ressources de façon nouvelle et de résoudre les problèmes ensemble, en surmontant les frontières institutionnelles. Toutes les régions ne sont cependant pas en mesure de relever le défi de devenir des piliers du développement local ou régional. Ainsi, Baldersheim cherche à répondre à la question de savoir quelles sont les politiques et options institutionnelles les plus susceptibles d’être adoptées ou mises en oeuvre dans le contexte d’un monde plus compétitif dans lequel se trouvent les régions. Dans le chapitre qui ouvre le livre, H. Baldersheim et M. Øgård ont pris comme point de départ le slogan « l’Europe des régions » et cherchent à confirmer la réalité du concept. Au cours de leur recherche, ils ont trouvé que certaines régions étaient caractérisées par les notions d’identité régionale ou de région d’apprentissage, ou encore par des politiques flexibles de développement régional et par des attitudes en faveur de l’intégration européenne. Ils ont toutefois également constaté des contrastes marqués entre les différentes régions du Nord en matière de participation à des réseaux et d’attitude envers l’intervention étatique, de même qu’au regard de l’intégration européenne. L’espace entre les régions favorables au statu quo et celles d’avant-garde reproduisait la structure « centre-périphérie » entre les régions du Nord.

L’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Union européenne en 1995 a impliqué une réorganisation des politiques régionales, et l’expression « Europe des régions » a commencé à devenir populaire. En 2000, ce processus a été interrompu, et les réformes dans le secteur public au Danemark, en Finlande et en Norvège se sont opposées à un renforcement du niveau régional. Toutefois, des changements différents sont survenus dans les quatre pays nordiques. Les défenseurs du régionalisme d’intégration préconisent qu’il y ait une plus grande influence des régions dans les affaires européennes. On s’attend à ce que ce régionalisme ait un impact sur la façon dont les régions sont rattachées aux citoyens et sur le rôle des élus en particulier, puisque le rôle des régions en tant qu’agents de développement est de plus en plus important. Comme le décrit Sandberg, bien que l’adhésion à l’Union européenne ait pu être un élément déterminant dans la poursuite de la régionalisation, elle ne l’est plus maintenant. Actuellement, le mouvement pour restructurer le gouvernement régional est associé à des raisons nationales plutôt que supranationales. Mais, comme permettent de le penser les conclusions de Baldersheim, on n’est pas loin d’une réalité où les régions seraient vraiment, en tant qu’acteurs dans les relations internationales, impliquées dans la « haute politique ».

Dans ce contexte, il est également intéressant de noter que le nouveau régionalisme européen modifie son objectif et que les « politiques de l’innovation » occupent une place importante dans laquelle la culture est soulignée, de même que le rôle joué par celle-ci dans la vie des citoyens. Il comprend la culture sous toutes ses formes comme un outil pour le développement local et régional.

Le livre est ainsi une source d’information, à jour et très intéressante, sur les politiques de développement local et régional mises en oeuvre dans les pays nordiques.