FR:

Au cours des dernières décennies, la dimension civile est devenue un maillon essentiel des opérations de paix. En 2010, l’onu déployait 20 000 civils dans des missions de paix, tandis que l’ue et l’osce faisaient appel à 2 000 et 3 000 civils. Cette dimension se situe aussi au coeur de la Force africaine en attente de l’Union africaine. Cet article dresse un état des lieux préliminaire du renforcement des capacités civiles pour les opérations de paix ; un sujet assez peu étudié par la littérature, sinon à travers le prisme plus global de la consolidation de la paix. À cette fin, il revient sur le concept de « dimension civile » en considérant l’évolution du maintien de la paix, puis analyse son émergence lente et laborieuse. Enfin, il décrit certains des principaux défis opérationnels liés à son développement.

EN:

In the last two decades, the civilian dimension has become an essential aspect of peace operations. In 2010, the un had deployed 20 000 civilians in peace operations, while the eu and the osce had sent 2 000 and 3 000 civilians. This dimension also is one of the bases of the African Standby Force of the African Union. This article gives a preliminary overview of the reinforcement of civilian capacities in peace operations, a topic that hasn’t been broadly covered by the literature, except through the broad scope of peacebuilding. This article addresses the concept of the civilian dimension though the evolution of peacekeeping, then analyses its slow and laborious emergence. Finally, it identifies some of the main operational challenges of its development.

FR:

L’Organisation internationale de la Francophonie (oif) s’écarte-t-elle de sa vocation originelle? Cet article s’interroge d’abord sur la finalité et les objectifs de la Francophonie. Alors que les uns estiment que l’oif est un vecteur de domination hégémonique, d’autres jugent qu’elle représente un véritable acteur politique international anti-hégémonique qui possède une valeur ajoutée propre en matière de paix et de sécurité. La Francophonie s’avère cependant davantage une institution fondée sur le principe d’appropriation géopolitique d’un espace géoculturel distinct. Dans cette perspective, l’article retrace la prise en charge croissante par l’oif de ce rôle distinct et nécessaire en matière de sécurité internationale et cerne sa valeur géoculturelle ajoutée.

EN:

This paper critically examines the purposes and objectives of the Organisation internationale de la Francophonie (oif). While analysts debate whether the oif is a hegemonic or counter-hegemonic instrument of statecraft, we argue that it is an institution founded upon the principle of geopolitical ownership of a distinctive geocultural space. Its prime task, with regards to conflict resolution, is to help transfer responsibilities and capabilities from Northern to Southern member states. From this perspective, we contend that the oif has progressively taken charge of a distinct and necessary geocultural role with regards to international security.

FR:

L’intervention du Canada en Afghanistan depuis 2001 a été qualifiée de guerre, d’opération de paix et même de campagne contre-insurrectionnelle. À notre avis, ces actions tombent plutôt dans une zone grise. En effet, elles poussent à leur limite les principes fondateurs des opérations de paix, mais semblent en préserver certaines caractéristiques. Cet article propose une étude des attributs de ces activités à l’aide d’un cadre d’analyse théorique pour essayer de situer la mission afghane dans le spectre des opérations militaires. Il s’agit donc d’éclairer cette zone floue en cherchant à identifier la position ontologique la plus appropriée pour différencier ces types d’activités.

EN:

Canada’s intervention in Afghanistan since 2001 has been described as a war, a peace operation and even a counter-insurgency campaign. In our opinion, these actions fall rather into a gray area. Indeed, this intervention seems to go beyond the limits of the founding principles of peace operations, but appears to preserve some characteristics of these. This article analyzes the features of these activities by using a theoretical model in order to determine which type of military operations the Afghan mission does belong to. The aim is therefore to clarify this gray area by seeking to identify the ontological position most appropriate to differentiate between these types of activities.

FR:

Cet article aborde la question des attitudes et des perceptions des militaires par rapport aux opérations de paix. En comparant les cas canadien et américain, tout en se basant sur la littérature portant sur les facteurs institutionnels et individuels, cet article propose quelques pistes de réflexion sur la place qu’occupent les opérations de paix et les opérations autres que la guerre dans les activités des organisations militaires.

EN:

This article addresses the issue of military perceptions and attitudes toward peace operations. By comparing the Canadian and American cases, as well as discussing the literature pertaining to individual and institutional factors, this article proposes some insights on the place that peace operations and operations other than war occupy within the activities of militaries.

FR:

Les ratés qu’a récemment connus la consolidation de la paix en Bosnie-Herzégovine sont attribués à l’immaturité des politiciens, à leur atavisme communiste et à leur électoralisme. Dans cet article, il est estimé que ces comportements politiques correspondent à des stratégies rationnelles s’ils sont remis dans leur contexte. Ce retour à des stratégies d’obstruction y est attribué à l’érosion de l’arrangement informel conclu entre les acteurs locaux et internationaux. En échange de la collaboration des élites nationales aux réformes, l’autorité extérieure agissait jusqu’à récemment comme garde-fou contre les idées radicales et en tant que despote éclairé, évitant aux élus d’assumer les coûts politiques de leurs décisions. Le retrait international hésitant a érodé cet échange de bons procédés et a amené les élites locales à réorganiser leurs stratégies politiques.

EN:

The recent backlash of the peacebuilding operation in Bosnia-Herzegovina has been explained by the local elites’ political immaturity, communist background and electoral strategies. This article argues that it can be explained by the erosion of the informal agreement between local parties and interveners. In return for the local elites’ cooperation, the external authorities used to contain radical factions, and had installed a “benevolent autocracy” that spared the elected officials from assuming the political costs of taking decisions. The international wavering on the exit strategy put an end to this understanding, which led to the reorganisation of local political strategies.