Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Philippe Marchesin, Introduction aux relations internationales, 2008, coll. Hommes et sociétés, Paris, Karthala, 224 p.[Record]

  • Jérôme Montes

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  • Jérôme Montes
    Office des nouvelles internationales
    Biarritz, France

Ce manuel, tiré d’un cours donné au centre franco-russe de science politique et d’études européennes à Minsk, vise à enrichir l’étude des relations internationales en restituant, de manière concise, les différents aspects de la discipline : théories (idées politiques, paradigmes, nouveaux débats), acteurs (État, élargissement de la scène internationale), système international (bipolarité, unipolarité) et politique étrangère (diplomatie, stratégie). L’ouvrage renouvelle ainsi l’introduction aux études internationales en mettant en relief l’irruption des sociétés et la prise en compte des mondes non occidentaux, les manuels de relations internationales traitant souvent ces derniers de manière résiduelle. La part belle faite aux États « périphériques » tient à l’espace croissant qu’occupent désormais les puissances « par anticipation » (en particulier Chine, Inde et Brésil) sur la scène internationale. Cette originalité du propos tient, aussi, au parcours original de l’auteur qui a enseigné dans des pays très différents : de la Mauritanie à la France, en passant par la Turquie et la Biélorussie. Longtemps présenté à travers l’ordre westphalien comme le seul protagoniste des relations internationales, l’État voit dorénavant son monopole contesté même s’il demeure prépondérant. Cette remise en cause participe à la fois d’un dépassement par le haut (mondialisation, régionalisation) et d’un dépècement par le bas (appels identitaires). La diplomatie d’État reste au coeur de la politique étrangère, mais la prise de décision résulte d’une savante composition avec la « communauté diplomatique ». L’irruption des sociétés, notamment, se traduit par une influence grandissante d’acteurs non gouvernementaux multiples et variés dont les relations réciproques sont essentielles pour appréhender la politique internationale dans un monde globalisé où prolifèrent les organisations internationales, les firmes transnationales, les ong, les « individus » (Prix Nobel, experts internationaux, modes populaires d’action internationale), mais aussi les groupes terroristes et les organisations criminelles. Leurs statuts s’apprécient en fonction de la visibilité et du poids de chacun, bien entendu, mais aussi et surtout à travers les agencements de leurs interactions et leurs aptitudes à agir de manière transnationale. Ainsi, tout fait social, y compris le plus privé, est susceptible, en fonction des circonstances, d’avoir des répercussions internationales. Il en découle une internationalisation des faits sociaux. Ce changement d’échelle constitue une nouvelle donne à prendre en compte par les analystes. C’est cette hétérogénéité qu’illustre le concept de gouvernance mondiale, c’est-à-dire un processus continu de coopération et d’accommodement entre intérêts divers et conflictuels. Le traitement à l’échelle internationale des questions environnementales est, à cet égard, exemplaire. Comme le champ de la diplomatie, celui de la stratégie est marqué par l’émergence de nouveaux acteurs. Les conflits infra-étatiques opposant des clans, des ethnies ou des factions se font, en effet, de plus en plus nombreux. Dans un même ordre d’idées, la notion de sécurité humaine prend en compte des risques qui ne sont pas uniquement militaires (mais plutôt politiques, économiques, sociétaux ou environnementaux) et met en avant de nouveaux acteurs de la sécurité opérant dans des « zones grises » qui échappent au contrôle étatique. Destiné en priorité aux néophytes, cet ouvrage de synthèse invite à une relecture pertinente des relations internationales, en mettant en lumière de nouveaux acteurs et de nouveaux horizons. D’un point de vue théorique, l’auteur prend le soin de restituer les grands paradigmes (du réalisme au constructivisme) et les textes de référence (de Thucydide à Charles-Philippe David) ainsi que les faits saillants qui ont marqué la politique internationale (crise de Cuba, chute du mur de Berlin). Il convient enfin de saluer la qualité de l’écriture, très didactique, et de la méthodologie d’un livre qui n’a nulle autre prétention que celle de proposer un aperçu général et actualisé de la discipline en un …