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Ce texte réunit trois communications présentées devant la Commission trilatérale au mois de mars 2007. Les auteurs sont respectivement un ancien directeur de la Central Intelligence Agency des États-Unis, la présidente d’Areva – une entreprise liée à l’énergie nucléaire de France – et le premier vice-président de Pertamina – compagnie pétrolière d’Indonésie. Dans cette plaquette, les auteurs tentent d’expliquer, à l’aide de quelques tableaux et figures, les contraintes physiques, les conditions économiques et les options politiques qui gouvernent les choix nationaux dans l’amélioration de la sécurité énergétique, tout en atténuant les problèmes liés aux changements climatiques globaux.
John Deutch propose un tour d’horizon sur les problèmes énergétiques globaux et sur les changements climatiques, tout en offrant une analyse des politiques énergétiques domestiques des États-Unis. Deutch commence son texte par une description des problèmes de sécurité liés à la dépendance aux importations de combustibles fossiles. Il soutient que les revenus des pétrodollars servent d’instruments politiques pour les pays producteurs, de soutien financier pour des organisations terroristes ou encore de moyens d’acquérir des armes de destruction massive. L’auteur trace ensuite un portrait de la vulnérabilité des infrastructures énergétiques. Il note que les militaires sont nécessaires pour protéger ces infrastructures et que le déploiement des forces armées permet d’appuyer les intérêts des États-Unis en maintenant une stabilité dans les régions productrices de pétrole et en contrecarrant les activités terroristes. Troisièmement, l’auteur aborde la question du réchauffement climatique. Il prétend que la plupart des modèles ainsi que les différentes études sur les changements climatiques ne permettent pas de comprendre avec certitude les impacts d’une hausse des températures sur le climat, ni d’évaluer la capacité des économies à répondre à ces défis. Pour Deutch, la solution aux problèmes de réchauffement climatique réside dans un prix à l’émission de carbone, le développement de nouvelles méthodes de combustion du charbon, un effort de la part des pays en voie de développement pour réduire leurs émissions de carbone, de nouvelles avancées technologiques et un accroissement de l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la production d’électricité dans le contexte d’un contrôle strict des technologies d’enrichissement et de retraitement des combustibles.
Lauvergeon présente pour sa part dans une perspective européenne les changements climatiques et les problèmes de sécurité énergétique. Dans un plaidoyer d’une trentaine de pages, elle fait d’abord une revue de la littérature sur les preuves scientifiques irréfutables des changements climatiques. Elle résume ensuite les différentes forces politiques qui ont entraîné un engagement plus profond des pays européens eu égard à des mécanismes de fixation des prix de l’énergie en fonction des émissions de gaz à effet de serre. Lauvergeon démontre que la position européenne s’affiche en fort contraste avec celle des États-Unis qui préfèrent mettre l’accent sur des mécanismes de marché pour encourager le développement de technologies propres. Devant l’incertitude quant aux technologies de l’avenir, Lauvergeon suggère d’investir dans les technologies actuellement disponibles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle soutient que la sécurité énergétique de l’Europe dans un contexte de changement climatique ne peut être atteinte que par le développement de l’énergie nucléaire à très grande échelle. De l’avis de l’auteure, l’énergie nucléaire représente une solution concurrentielle et sécuritaire tout en contribuant à la réduction des émissions de dioxyde de carbone.
Quant à Prawiraatmadja, il tente de démontrer que les problèmes de sécurité énergétique en Asie sont liés à la vulnérabilité des importations de combustibles fossiles en provenance du Moyen-Orient, à la volatilité des prix du pétrole, à la congestion sur certaines voies maritimes, aux problèmes de réglementation du marché du pétrole et à l’instabilité dans la qualité et la quantité des stocks de combustibles fossiles. À son avis, il importe de diversifier les importations du Moyen-Orient, d’augmenter le volume de réserves stratégiques des économies du bassin Pacifique, d’accroître les capacités de raffinage des pays asiatiques et d’établir un marché à terme du pétrole pour l’ensemble de l’Asie.
Les études sur la sécurité énergétique et les changements climatiques prennent de plus en plus d’importance. L’augmentation des besoins énergétiques et les problèmes environnementaux afférents sont une réalité. Pour les auteurs, le concept de sécurité énergétique est perçu en tant que processus de gestion plutôt que de réduction du risque inhérent à l’importation des sources énergétiques. Les trois soutiennent que la sécurité énergétique et la réduction de la croissance d’émissions de gaz à effet de serre ne peuvent être atteintes que par des solutions planétaires. Mais, sans se soucier du moindre paradoxe, ils soutiennent du même souffle que chaque État doit continuer d’exercer sa souveraineté sur ses propres besoins énergétiques. Ces textes ne reposent sur aucune hypothèse ou méthode scientifique rigoureuse et ils ne contiennent aucune analyse approfondie de la problématique sécurité énergétique et environnement. Les textes ne sont qu’une justification des politiques énergétiques des États-Unis ou une apologie des stratégies des entreprises énergétiques dans leur laxisme face aux problèmes environnementaux qu’ils génèrent.