Comptes rendus : Régionalisme et régions - Europe

Carr, Fergus et Andrew Massey (dir.), Public Policy and the New European Agendas, Cheltenham, Edward Elgar, 2006, 450 p.[Record]

  • André S. Gosciniak

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  • André S. Gosciniak
    Centre d’analyse des politiques publiques
    Département de science politique
    Université Laval, Québec

Les premières années du 21e siècle ont constitué une période d’importants changements et de défis pour l’Union européenne : non seulement elle a vu l’adhésion de 12 nouveaux pays en 2004 et 2007, ce qui constituait, depuis le milieu des années 1990, le facteur qui venait encourager les réformes du fonctionnement de l’ue (et s’ajoutait à des tendances institutionnelles déjà avérées avec les Traités de Maastricht et d’Amsterdam), mais de plus, elle a vu émerger des problèmes latents au sein de plusieurs politiques communes, telles que l’agriculture ou l’environnement, sans oublier la sécurité ou la politique extérieure, qui toutes nécessitaient de nouveaux agendas européens. Et le lecteur intéressé par les questions européennes – mais pas nécessairement spécialiste – serait bien avisé de mettre à jour ses connaissances avec un ouvrage analytique évaluant ces changements. C’est le rôle que cherche à remplir le livre publié sous la direction de Carr et Massey, qui continue le travail commencé par les deux auteurs en 1999 avec la publication chez Edward Elgar de Public Policy in the New Europe. Eurogovernance in Theory and Practice. Cependant, si l’enjeu principal des deux publications est le même, la nouvelle édition met davantage l’accent sur les nouveaux agendas politiques européens dominés par l’élargissement de l’Union et la place de l’ue dans le système international qui sont au centre des trois premières parties de l’ouvrage. La quatrième section, qui occupe d’ailleurs presque la moitié du volume, analyse le développement des politiques européennes dans les plus importants secteurs de la coopération. Aussi, le lecteur découvrira rapidement les nombreuses questions transversales qui resurgissent dans la majorité des chapitres analytiques. En fait, Carr et Massey y consacrent même leur conclusion en distinguant cinq problèmes communs à la plupart des politiques européennes. D’abord, l’accroissement des compétences européennes et du nombre des états membres contribue à l’augmentation de la complexité et de la spécialisation des politiques de l’ue, en donnant encore plus d’importance aux élites technocratiques européennes et nationales qui cohabitent ainsi qu’avec d’autres acteurs, dans le cadre de la gouvernance à plusieurs niveaux. La question de la gouvernance dans un tel système politique européanisé se retrouve au coeur du premier chapitre écrit par Massey, qui constitue une étude sur les politiques publiques en Europe. L’auteur en profite également pour établir les fondations théoriques des chapitres empiriques subséquents et examine la question de la confiance des citoyens en les processus politiques de l’Union, celle de son lien avec la gouvernance européenne, sans oublier de rappeler que sans cette confiance, l’expérience européenne ne pourra aboutir à une unité démocratique. La complexité de l’élaboration des politiques publiques est également illustrée par Carr, dans son étude sur le rôle qu’occupe l’Union dans le système international et sur son implication au Moyen-Orient. L’auteur revient sur la question posée par Hedley Bull, à savoir si l’Union constitue un acteur international majeur. La réponse de Carr est positive en ce qui concerne les relations économiques, mais négative pour ce qui est des relations internationales ou encore de son rôle militaire. Ici, les ambitions européennes ont été dépassées par l’incapacité, avérée à plusieurs reprises, de créer un front commun européen. L’auteur argue cependant que même si la pesc n’a pas réussi à surpasser la politique nationale, les états membres ont reconnu que les stratégies communes peuvent être la seule réponse appropriée aux menaces actuelles de sécurité. Deuxièmement, la question de confiance, déjà abordée par Massey, est fermement liée à la question de l’imputabilité démocratique des instances décisives européennes (ainsi que de la bureaucratie de l’ue), qui joue un rôle important dans …