La réalisation de cet ouvrage a mobilisé les talents de sept universitaires de nationalité canadienne et croate, historiens pour la plupart, mais aussi politologues et juristes. Le coordonnateur de cette savante équipe est pour sa part l’auteur de plusieurs études sur l’histoire récente de l’ex-Yougoslavie, dont un récent L’agonie yougoslave (1986-2003). Les États-Unis et l’Europe face aux guerres balkaniques (Presses de l’Université Laval, 2003). L’ouvrage est préfacé par M. Georges-Marie Chenu, premier ambassadeur de France en Croatie, qui avait déjà préfacé, en 1998, La Croatie et la France. 797-1997. 1200 ans d’histoire, de Grégory Peroche (Paris, Éditions François-Xavier de Guibert). Témoin privilégié de la (re)naissance de la Croatie, le préfacier se risque à quelques piques contre la politique de son pays et le manque de discernement des dirigeants français de l’époque. Les Américains et l’otan constituent le deuxième fil conducteur de l’ouvrage. À l’instar de la France et du Royaume-Uni, les États-Unis ont accueilli avec méfiance la naissance du nouvel État. Les relations entre la Croatie et les États-Unis s’améliorent un peu à la faveur de l’arrivée au pouvoir de Bill Clinton, en 1993. Selon Jean-François Morel, Washington aurait même aidé la Croatie à remettre sur pied ses forces armées. Ce soutien n’est certainement pas étranger au succès des opérations Éclair, en mai 1995, et Tempête, en août de la même année, qui permettent aux Croates de bouter les Serbes hors de la quasi-totalité de leur territoire. Les négociations de Dayton peuvent alors s’ouvrir et aboutir. La coopération avec les États-Unis pâtit cependant, par la suite, du soutien accordé par Tudman aux nationalistes croates de Bosnie-Herzégovine et de la coopération hésitante de la Croatie avec le tpiy. De nouveau, l’installation de Mesic change la donne et restaure la vocation d’allié stable et prospère de son pays, aux yeux de l’administration américaine. Dès mai 2000, la Croatie est admise au sein du Partenariat pour la paix et réforme désormais son armée en vue de son admission à l’otan ; l’aide économique américaine s’accroît. Le dialogue entre les États-Unis et la Croatie, à partir de 2002, souffre des controverses liées à la création de la Cour pénale internationale ou du refus de la Croatie de soutenir la guerre en Irak. Les relations de la Croatie avec ses voisins immédiats sont traitées dans les trois derniers chapitres du livre. Selon R. Lukic, le bilan très lourd du conflit entre la Croatie et la Serbie n’a pas permis aux deux sociétés de renouer des contacts étroits. Si les deux États ont réussi à normaliser leurs rapports, surtout depuis la chute de Milosevic, toute tension n’est pas écartée ; le poids de l’extrême-droite fascisante aux élections législatives serbes du 28 décembre 2003 ou le refus de certains dirigeants serbes, comme Kostunica, de présenter des excuses au peuple croate pour les exactions commises par les Serbes en Croatie, en sont la preuve. Vis-à-vis de la Bosnie-Herzégovine, Jade Duschesneau-Bernier établit, là encore, que la mort de F. Tudman a suscité l’intensification des rapports et des accords bilatéraux ; l’auteur consacre une large analyse aux relations du parti hdz du président Tudman et du parti homonyme de Bosnie-Herzégovine. De lourds contentieux opposent la Croatie à la Slovénie, bien qu’elle n’a jamais été en guerre contre elle, une Slovénie qui a proclamé son indépendance en même temps que la Croatie et a dû également faire face au projet de Grande Serbie de Milosevic : avoirs croates de la Ljubljanska Banka, centrale nucléaire de Krsko, délimitation des frontières terrestres ou maritimes dans le golfe de Piran. Sans que le cours de l’ouvrage ne …
Lukic, Renéo (dir.), La politique étrangère de la Croatie, de son indépendance à nos jours, 1991-2006, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2006, 316 p.[Record]
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Loïc Simonet
Doctorant en droit international
Université Paris I – Panthéon-Sorbonne