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Thème ô combien d’actualité, la mondialisation fait l’objet d’une littérature abondante. Aussi est-ce toujours un risque que de réaliser un ouvrage sur ce thème. Ici, l’ouvrage de Pierre de Senarclens avait déjà fait l’objet, depuis 1998, de trois éditions, qui toutes étaient d’une lecture utile. Il nous offre ici la 4e édition de cet ouvrage et si l’auteur constitue une référence dans ce domaine, sans parler de risque, c’est toujours un défi que de mettre à jour des recherches sur la mondialisation.
D’ores et déjà, on peut dire que le défi est brillamment relevé et l’auteur nous livre,en sept chapitres, une analyse à la fois très dense et très serrée de la mondialisation.
Après un premier chapitre consacré aux origines du système international dans lequel est étudiée l’évolution du concept de la souveraineté au fil des différentes époques, l’auteur aborde, dans un deuxième chapitre, la question des doctrines et des théories des relations internationales. À l’occasion de ce chapitre, il traite aussi de la problématique des organisations internationales.
Puis, dans un troisième chapitre portant plus particulièrement sur la mondialisation, il regrette que celle-ci soit souvent appréhendée comme une « modernité irrépressible » assise sur une vision linéaire de l’histoire qui nie les facteurs d’incertitude et de puissance qui marquent les relations internationales.
Le quatrième chapitre met l’accent sur les conséquences sociales de la mondialisation et sur le fait que celle-ci, malgré la généralisation du libéralisme économique, n’a pas conduit à une généralisation du développement. Il insiste sur le caractère politique de la pauvreté et, à cet égard, l’auteur rappelle que les États conservent une responsabilité éminente dans la mise en oeuvre du progrès économique et social.
Sur un thème voisin, celui de l’emploi, des migrations et de l’environnement, le chapitre 5 évoque les nouvelles vulnérabilités du système international liées à la libéralisation des échanges. C’est alors l’occasion d’évoquer le rôle des sociétés transnationales qui, avec 160 millions d’emplois générés, sont une source considérable de capital, d’emplois, d’investissement et de progrès techniques. L’auteur rappelle aussi fort opportunément que, en contrepoint, leur but ultime est la recherche du profit et qu’elles conservent le contrôle des brevets, ce qui ralentit d’autant le développement. C’est aussi dans ce chapitre que sont analysées les contradictions qui existent entre développement du commerce mondial et respect de l’environnement.
Le chapitre 6, quant à lui, traite des conflits armés et rappelle que la distinction entre conflits internes et conflits internationaux n’est plus toujours pertinente. Cette confusion entre les différentes sphères ouvre de nouveaux champs de recherches sur les conflits internationaux et renouvelle la problématique de l’ethnicité. Tout juste regrettera-t-on les critiques non fondées que Pierre de Senarclens adresse aux théories de Benjamin Barber ou Samuel Huntington et, à la différence de l’auteur, nous croyons, nous, que la nouvelle grille de lecture des relations internationales contemporaines doit s’effectuer à travers les conflits de civilisation.
Enfin, dans un dernier chapitre, l’auteur s’interroge sur les défis institutionnels du système international, et notamment sur la question récurrente de la réforme du système des Nations Unies et des institutions financières et commerciales internationales.
Cet ouvrage, qui étudie les mutations qui marquent les relations internationales, est d’une grande clarté et bien documenté. Il s’adresse aux étudiants de droit, de science politique ou de sociologie ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent aux grandes questions du monde contemporain. Sa lecture, malgré certaines conclusions que nous ne partageons pas, est vivement conseillée.