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La forme nécessaire à un peuple, pour tenir tous les autres dans la sujétion, est aujourd’hui, plus que jamais, un privilège qui ne peut durer. La nation qui prétendrait à un pareil empire […] deviendrait l’objet d’une horreur universelle.
Benjamin Constant[1]
À la suite de l’ouragan Katrina qui a ravagé la Louisiane et anéanti une grande partie de la Nouvelle-Orléans en août 2005, éditorialistes et analystes ont évoqué sans relâche l’étrange vulnérabilité de la première puissance mondiale[2]. Incapable de gérer une crise dont le scénario avait pourtant été envisagé un an auparavant[3], contraint de dégarnir un front (l’Irak) pour en alimenter un autre (la sécurité sanitaire et militaire à la Nouvelle Orléans), l’« hyperpuissance[4] » serait devenue un colosse aux pieds d’argile. Aux dires de plusieurs observateurs de la vie politique aux États-Unis, Katrina constituerait un point tournant (turning point[5]) de la politique américaine, au même titre que le 11 septembre 2001, il y a de cela quatre ans. De la même manière, la fin de la guerre froide avait consacré l’émergence d’un « empire sans rival[6] », autour d’un monde qui tendait vers l’unipolarité sans tout à fait s’en satisfaire[7]. Si la notion d’empire est constamment présente dans la littérature américaine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle connaît un essor réel à travers le foisonnement d’ouvrages et d’articles récents usant – et abusant parfois – de la qualification « d’empire ». La politique étrangère menée par l’administration Bush et les perceptions qui en découlent, ne sont pas étrangères au regain de la notion. Elle est d’ailleurs assortie d’une connotation négative lorsqu’il s’agit d’appréhender l’expansion militaire et culturelle américaine en termes d’impérialisme, particulièrement depuis la mutation de la politique étrangère sous l’impulsion du gouvernement Bush et dans le sillage de l’onde de choc créée par le 11 septembre[8]. Au travers de la littérature pléthorique générée dans cette mouvance, nous avons choisi de privilégier, parmi les ouvrages récents, des regards différents sur l’empire américain, virtuel, avéré, imposé, internalisé ou sollicité. Au coeur de ces analyses, repose le rôle pivot des États-Unis dans le monde, et surtout sa (re)qualification, en autant de déclinaisons contemporaines de l’Empire.
I – Regards croisés sur les déclinaisons contemporaines de l’Empire
L’ouvrage d’Arnaud Blin, « Le désarroi de la puissance. Les États-Unis vers la ‘guerre permanente’[9]? » se situe dans la logique des théoriciens du déclin de l’Empire[10]. Sans discuter la nature de la puissance américaine – par essence impériale –, c’est son paradoxe qu’envisage Arnaud Blin, entre régression et progression. L’auteur, qui a dirigé le Centre Beaumarchais à Washington, analyse la « stratégie de guerre permanente », qu’il présente comme le socle du « grand dessein » néoconservateur. Or, ajoute-t-il, la puissance américaine n’a pas les moyens de ce « grand dessein » et c’est là que reposerait l’essentiel du paradoxe[11].
L’ouvrage de Barthélémy Courmont, « L’empire blessé. Washington à l’épreuve de l’asymétrie[12] », s’inscrit dans une optique similaire, où la première puissance mondiale pourrait être amenée à céder face aux « nouveaux barbares », non en raison de leur force ou de leurs assauts conjugués et récurrents, mais du fait d’une réponse inadaptée qui la conduirait à sa perte. Barthélémy Courmont, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (iris[13]), explique que la démarche impériale des États-Unis ignore l’évolution de sa perception à l’étranger : devenue une « démocratie autiste refusant d’admettre la critique[14] », les États-Unis seraient dès lors voués au déclin[15].
L’emprunt à la terminologie impériale pour redéfinir la place des États-Unis dans le monde mène parfois plus loin encore, et jusqu’à la re-qualification même du régime politique américain, comme en témoigne le titre de l’ouvrage de Vincent Michelot : « L’empereur de la Maison-Blanche[16] ». L’auteur, qui enseigne la civilisation américaine à la Faculté des Langues de l’Université Lyon 2, décrit la présidence américaine en trois temps : le « couronnement » (l’élection), la « gestion du capital électoral » et les « enjeux de politique internationale ». C’est, selon lui, cette dernière dimension qui permet « de montrer le président dans le rôle qui, en apparence, le rend impérial[17] ». Il y a toutefois un saut qualitatif réel entre l’idée de présidence impériale initialement développée par Arthur Schlesinger jr – et au demeurant fort discutée – sur laquelle s’appuie l’auteur et l’affirmation présumée d’un empereur à la tête de ce que doit être – par définition – un empire au vu du titre de cet ouvrage[18]. Le terme, au sens juridique et historique, est utilisé ici de façon déconcertante : appliqué à l’analyse que veut conduire Vincent Michelot, il tend à enchevêtrer deux niveaux de lecture (système constitutionnel et relations internationales) au travers d’une seule notion, « l’empereur », entendue comme extension de la notion de présidence impériale. L’idée même de structure impériale n’est pas véritablement discutée ou étayée, puisque l’auteur ne se réfère que trois fois à l’empire[19] – qui semble n’être qu’un argument de vente – alors que, pourtant, le postulat d’empire mériterait qu’on s’y arrête avant même d’en user.
C’est d’ailleurs la démarche – fort louable car trop rare – à l’origine de l’oeuvre collective dirigée par Michel Wieviorka – sociologue et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (ehess) –, « L’empire américain[20] », qui pose véritablement la question : Peut-on vraiment parler d’empire américain ? Car, ajoute Michel Wieviorka dans l’introduction de cet ouvrage, il existe de nombreux « registres de la domination », l’empire présentant « l’inconvénient de réduire à une forme principale de domination un ensemble complexe de phénomènes dont l’unité n’est pas évidente[21] ». Sur la base de cette même interrogation, géopoliticiens, géographes, sociologues, politologues et historiens offrent donc un faisceau de regards croisés sur l’unipolarité du monde. Car le retour du débat sur l’empire est lié au besoin de donner un sens au glissement unipolaire[22] du monde contemporain. Tous fondés sur ce postulat, ces quatre ouvrages permettent d’aborder la question, cruciale à l’heure où le gouvernement américain semble vouloir mener de front plusieurs batailles – militaires et politiques –, de la (re)qualification du rôle des États-Unis dans le monde. Il s’agit en effet ici de déterminer si la tentation impériale est consubstantielle des États-Unis et dans quelle mesure la redéfinition de l’hégémon pour qualifier le rôle pivot des États-Unis peut supporter l’idée de vulnérabilité de la puissance.
II – La tentation impériale est-elle inhérente au système politique américain[23] ?
L’empire américain correspond-il à une réalité tangible ou s’agit-il d’un construit fondé sur la perception d’une politique impérialiste ? Cette vaste question que tentent d’embrasser les auteurs du collectif dirigé par Michel Wieviorka trouve un embryon de réponse à travers l’idée même de destinée manifeste. Alors même que les États-Unis se sont forgés contre l’idée d’empire (britannique en l’occurrence) au moment de la guerre d’indépendance, l’érection de la destinée manifeste porte en elle l’idée d’un empire universel. Cette définition permettrait alors de répondre au flottement induit par la fin de la guerre froide. Elle concorderait, pour beaucoup, avec la constitution, à l’extérieur même des États-Unis, « d’une image impériale[24] », fondée sur un « péril américain[25] » et « la hantise de la contamination culturelle[26] ». Dans son affirmation à l’intérieur des États-Unis, elle correspondrait alors à une réalité : « la question n’est plus de savoir si [l’empire] existe mais quelle forme il prendra[27] ». D’ailleurs la prégnance de la notion d’universalité dans le discours néoconservateur et la mainmise des « faucons » sur le processus décisionnel à la suite des événements du 11 septembre[28], verraient au travers du messianisme américain la résurgence latente d’une démarche délibérément impérialiste ou, si l’on veut contourner toute connotation de ce terme, d’une volonté expansionniste universalisante[29]. « L’Amérique messianique[30] » se définit ainsi autour de cette nouvelle destinée manifeste, ce que Sébastien Fath a fort justement qualifié de « néo-messianisme sécularisé », « utopie contemporaine d’un modèle américain intrinsèquement investi des attributs de la puissance suprême[31] ». Le projet néoconservateur, selon Arnaud Blin, verrait dès lors dans la « guerre permanente », le moyen d’atteindre la pax americana puisque « la guerre permanente mène[rait] à la paix perpétuelle[32] ». Si sa vision du néo-conservatisme est particulièrement réductrice[33], il faut ajouter à cela que la plupart des théoriciens de l’empire américain tendent à confondre idéologie et formulation de la politique étrangère. Car la mise en oeuvre du projet « impérial[34] » n’est que la traduction d’une idéologie qui a réussi[35]. Or, comme on l’a constaté récemment, le « moment néoconservateur » s’est étiolé lorsque les variables qui lui avaient permis de s’affirmer, ont naturellement mué, lorsque les facteurs qui en avaient permis l’essor se sont délités[36]. L’ambition impériale n’est donc pas consubstantielle des États-Unis. Tout au plus la destinée manifeste trouve-t-elle, lorsqu’elle rencontre une idéologie messianiste, un écho particulier mais il s’agit plus là d’un alignement particulier – et rare – des astres politiques que d’une caractéristique profonde du régime américain. Au-delà elle induit ce paradoxe évident pour la diplomatie américaine « d’être persuadée que, loin de représenter une menace pour leurs voisins, leurs rivaux, leurs concurrents ou leurs adversaires, sa puissance est naturellement bénéfique[37] ». En ce sens, la tentation impériale[38] demeure toujours un des traits du style national américain[39], pour autant que l’on entende cette « impérialité » en termes de projection universalisante fondée sur le sentiment d’avoir raison (self righteousness) et que l’on ne présume pas de son incidence sur la conduite de la politique étrangère américaine. Car au fond, l’une des difficultés de cette requalification du rôle des États-Unis dans le monde repose sur la nécessité de réduire l’ambivalence entre vulnérabilité et puissance.
III – La vulnérabilité de l’hyperpuissance est-elle constitutive d’un paradoxe ?
Les invasions barbares sont-elles ce qui conduira l’empire américain à sa perte ? Dans la logique définie auparavant par Benjamin Barber dans « L’empire de la peur. Terrorisme guerre, démocratie » (version française de Fear’s Empire, Terrorism, War and Democracy) Barthélémy Courmont voit au contraire la fin de l’empire dans ses « fractures internes, luttes d’influence et d’intérêts[40] ». Alors que Denis Rétaillé constate à l’inverse, que « l’empire périra non par implosion ou insuffisance de puissance » mais au contraire parce qu’il a généré un « fédéralisme horizontal » de « réseaux non hiérarchisés[41] ». Ainsi, la thèse de Paul Kennedy, selon laquelle l’empire s’épuise et s’échine à protéger ses acquis, connaît une nouvelle déclinaison. Fondée sur l’idée du « rendement décroissant de la puissance[42] », l’empire est voué à mourir étouffé dans les fastes de sa grandeur, incapable de répondre de façon appropriée aux coups des acteurs asymétriques. Faut-il alors imaginer que l’hyperpuissance impériale s’est enferrée dans le dilemme du beurre ou des canons[43] et, qu’incapable de trancher, elle finit par trahir sa propre puissance ? Barthélémy Courmont avance ainsi que « devant l’absence d’un adversaire à sa taille, le géant américain se retrouve victime de sa trop grande puissance, et ne parvient pas à imposer son modèle sans que celui-ci ne soit perçu comme une contrainte plus qu’un choix[44] ». Vulnérable en son coeur – et non plus à sa périphérie[45] –, l’empire deviendrait dès lors « incohérent[46] ». Plus encore, selon Arnaud Blin, la tentative « d’imposer un ordre quasi impérial » aurait « pour effet de plonger le monde dans un état de chaos et d’anarchie[47] ». Pour Philip Golub, l’Amérique s’est donné pour mission « de mettre sous tutelle les États faillis et les barbares du tiers-monde [en recourant] à une rhétorique démocratique […] pour légitimer l’expansionnisme[48] ». Or, les discours d’empire – réel ou supposé, prédateur ou civilisateur[49] ? – sont le plus souvent construits autour du déficit de légitimité de la répartition du pouvoir. Le plus souvent critique, ce propos sur l’empire est pourtant biaisé puisqu’il qualifie par présomption la vulnérabilité de l’hyperpuissance. Ainsi, l’empire sera ou chutera tandis que l’hégémon ploiera et s’adaptera. Pour aller au-delà des contradictions inhérentes à la requalification du rôle des États-Unis en termes d’empire[50], Justin Vaïsse renvoie alors à la notion d’« empire informel » : constatant l’absence d’un équivalent de l’édit de Caracalla, il en déduit l’existence « par nature » de l’empire, mais d’un « empire fondé sur l’assentiment[51] ». Alain Joxe abonde dans ce sens, car selon lui, l’empire américain a jeté les bases d’une nouvelle forme d’empire, qui érode les souverainetés sans s’inscrire dans une logique de conquête permanente[52]. Barthélémy Courmont[53], pour sa part, constate une « multipolarité déséquilibrée » qui se mue en empire : la stabilité que lui confère ce statut donne aux États-Unis un répit au regard de l’état instable d’hégémonie[54]. De toute évidence, la pax democratica n’est pas universelle, elle doit séduire[55]. C’est ainsi que des historiens en sont venus à penser l’empire consensuel[56] ou encore l’empire par « invitation[57] ». Distincte de l’empire bienveillant de Robert Kagan[58], cette dimension impériale des États-Unis permettrait de qualifier le déficit de légitimité de la politique étrangère américaine[59] : « les nations incarnant ces valeurs [démocratiques] se trouvent confrontées à un double paradoxe. Elles ne peuvent ni prétendre imposer leur expérience, ni renoncer à faire progresser leur modèle […] Le paradoxe de l’empire démocratique est que celui-ci est jugé désirable mais que son ordre est intolérable[60] ». Alors que Kagan se limite à l’empire d’État pour qualifier l’état de l’empire, Joseph Nye, au travers de son échiquier à trois dimensions, y inclut l’ensemble des acteurs, dont la société civile[61], répondant ainsi aux théories déclinistes[62] : l’empire américain, non territorialisé, ne serait donc pas mû par un esprit de conquêtes territoriales mais par sa volonté d’exporter ses propres débats[63]. La République impériale[64] pourrait avoir ceci de paradoxal de n’être qu’une simple forme de domination hégémonique[65] constante[66] dont la vulnérabilité inhérente ne constituerait pas une contradiction mais, au contraire, une caractéristique profonde et irréductible.
L’empire américain ferait-il face aux « nouveaux barbares » qu’il aurait lui-même créés ? Attaqué en son coeur ou à sa périphérie, les interprétations des causes de son déclin diffèrent, tout comme l’ampleur de sa chute. Cependant, l’explication impériale revêt parfois une dimension par trop statique, qui ne permet pas de prendre la mesure de l’adaptabilité de la puissance et de la plasticité de la politique étrangère. L’empire apparaît comme ce « grand dessein » que croit deviner Arnaud Blin, une intention définie et constante, vouée à terme à la déchéance. Si le grand dessein de l’hyperpuissance est effectivement impérial, il ne peut l’être uniquement par la force[67]. En ce sens, le triptyque de Joseph Nye, base de l’empire par cooptation, reste la seule alternative à l’acception traditionnelle de la logique impériale. Mais cet empire-là est vulnérable, sans pour autant que ses faiblesses représentent une diminution absolue de sa puissance. Elles reflètent simplement le cadre – national et international – dans lequel s’exerce le pouvoir et avec lui, l’empreinte du style national américain sur le processus de formulation de la politique étrangère. Elles traduisent la relativité de la puissance américaine, tandis que les théoriciens du déclin présument de son absoluité. Ainsi l’« impérialisme mou » des États-Unis ne se traduirait en démonstration d’hyperpuissance qu’en réaction aux assauts d’acteurs externes, nécessairement asymétriques. Il demeure que si la dénomination d’empire est devenue courante pour redéfinir la place des États-Unis dans le monde, l’empire américain est lui-même sans cesse requalifié, preuve que nul ne peut se résoudre à s’en satisfaire pleinement.
Appendices
Note biographique
Élisabeth Vallet
Chercheure à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’Université du Québec à Montréal.
Notes
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[1]
De l’esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne, 1814.
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[2]
Pueng Vongs, « Katrina Shakes Global Faith in us », Pacific News Service, San Francisco, 15 septembre 2005, news.pacificnews.org/news.
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[3]
Voir le communiqué de la Federal Emergency Management Agency (fema), sur les conclusions du plan « Ouragan Pam », fema, Hurricane Pam Exercise Concludes, Communiqué nº R6-04-093, 23 juillet 2004.
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[4]
Hubert Védrine, Face à l’hyperpuissance. Textes et discours. 1995-2003, Paris, Fayard, 2003, 380 p.
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[5]
Sur la notion de « point tournant » de la politique étrangère américaine, Sébastien Barthe et Charles-Philippe David, « Foreign Policy-Making in the Clinton Administration. Reassessing Bosnia and the ‘Turning Point’ of 1995 », Occasional Papers, Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, no 2, 2004, 19 p.
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[6]
Jean-Jacques Roche, Un empire sans rival, Essai sur la Pax democratica, Paris, Éditions Vinci, 1996.
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[7]
Or, ainsi que le souligne Julien Tourreille, l’unipolarité est surtout la condition systémique d’une politique étrangère américaine unilatéraliste, unilatéralisme qui, notamment sous George W. Bush, est venu renforcer la perception de l’existence d’un véritable « empire » américain, Julien Tourreille, « Unipolarité et exceptionnalisme. Comment l’unilatéralisme de la politique étrangère américaine s’inscrit dans la durée », Études Raoul-Dandurand, no 8, 2005, pp. 3-22.
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[8]
Le phénomène n’est pas nouveau : cette dimension caractérisait également la présidence Reagan et sa politique étrangère, alimentant d’ailleurs un antiaméricanisme virulent, proche de ce que l’on a pu constater sous la présidence de George W. Bush. Sur la période reaganienne, voir Denis Lacorne, Jacques Rupnik et Marie-France Toinet (dir.), L’Amérique dans les têtes. Un siècle de fascinations et d’aversions, Paris, Hachette, 1986, 310 p.
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[9]
Arnaud Blin, op. cit.
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[10]
Pour un regard polémique sur les « déclinistes », lire Justin Vaïsse, « Ni Todd, ni Revel. Pour un regard lucide sur les États-Unis », Esprit, février 2004, pp. 209-221.
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[11]
Arnaud Blin, op. cit., p. 150.
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[12]
Barthélémy Courmont, op. cit.
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[13]
Ses travaux portent sur les questions nucléaires contemporaines et l’évolution des concepts de dissuasion aux États-Unis. On notera un ouvrage à paraître sur l’administration américaine et l’utilisation de la bombe à Hiroshima, chez L’Harmattan, coll. Raoul-Dandurand.
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[14]
Barthélémy Courmont, op. cit., p. 156.
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[15]
Alain Joxe constate également « l’unilatéralisme autistique globale » de la puissance américaine ; Alain Joxe, « L’empire du chaos est-il militaire », in Michel Wieviorka, op. cit., p. 187.
-
[16]
Vincent Michelot, op. cit.
-
[17]
Ibid.
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[18]
Ibid, pp. 167-193, que l’auteur consacre au concept de présidence impériale.
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[19]
Vincent Michelot, op. cit., pp. 8, 154, 202. Or l’idée même d’empereur sous-tend traditionnellement une « autorité despotique », ce que n’infirme pas l’auteur. Voir sur ce point, Émile Durkheim, « La contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale », thèse de 1892 publiée dans la Revue d’histoire politique et constitutionnelle, juillet/décembre 1937, p. 32. Pourtant le système des poids et contrepoids s’inscrit dans une logique opposée et ne traduit pas, dans les faits, le despotisme du pouvoir mais, tout au plus, son atomisation. Voir à ce titre Élisabeth Vallet (dir.), La présidence des États-Unis, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 2005, pp. 28-30 et 78-99. En effet, « les présidents américains ont été les premiers à récuser, parfois amèrement, cette image d’un homme aux pouvoirs extraordinaires », selon Justin Vaïsse et Pierre Mélandri, dans L’empire du milieu. Les États-Unis et le monde depuis la fin de la guerre froide, Paris, Éditions Odile Jacob, 2001, p. 13. Ce sont là « les faux-semblants de l’hégémonie » ajoutent-ils.
-
[20]
Malheureusement parue chez un éditeur aujourd’hui disparu : Michel Wieviorka (dir.), op. cit.
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[21]
Ibid., p. 19.
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[22]
G. John Ikenberry, « Illusions of Empire. Defining the New American Order », Foreign Affairs, mars/avril 2004, pp. 144-154 ; Idem, « America’s Imperial Ambition », Foreign Affairs, septembre/octobre 2002, pp. 44-60.
-
[23]
Voir Niall Ferguson, Colossus. The Price of America’s Empire, New York, Penguin Press, 2004, 368 p.
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[24]
Philippe Roger, « Empire américain, fantasmes français », dans Michel Wieviorka (dir.), op. cit., p. 109.
-
[25]
Octave Noël, Le péril américain, Paris, De Soye et fils, 1899, cité par Philippe Roger, op. cit., p. 115.
-
[26]
Ibid. Sur la présomption d’impérialisme culturel : Jean-Claude Ruano-Borbalan, « Les voies sinueuses de l’hégémonie culturelle », dans Michel Wieviorka (dir.), op. cit., pp. 237-238.
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[27]
Philippe Roger, en référence à l’article d’Ivo H. Daadler et de James M. Lindsay dans The New York Times du 10 mai 2003, « Despite Debate on an American Empire, It’s not If but What Kind ».
-
[28]
Voir dans ce sens, l’analyse de Charles-Philippe David, Au sein de la Maison-Blanche. La formulation de la politique étrangère des États-Unis depuis 1945, Québec, Presses de l’Université Laval, 2004, pp. 593-640.
-
[29]
Et qui s’appuierait sur une puissance militaire sans précédent, voir Chalmers Johnson, The Sorrows of Empire. Militarism, Secrecy, and the End of the Republic, New York, Metropolitan Books, 2004, 400 p.
-
[30]
Alain Frachon et Daniel Vernet, L’Amérique messianique. Les guerres des néo-conservateurs, Paris, Seuil, 2004, 223 p.
-
[31]
Sébastien Fath, dans Dieu bénisse l’Amérique. La religion de la Maison-Blanche, Paris, Seuil, 2004, pp. 195 et 197.
-
[32]
Arnaud Blin, op. cit., p. 138. Même si cette dernière, reconnaît l’auteur, demeure « un idéal ».
-
[33]
Voir sur ce point, James Fallows, « The Unilateralist. A Conversation with Paul Wolfowitz », The Atlantic Monthly, mars 2002, pp. 26-29 et Mark Bowden, « Wolfowitz. The Exit Interviews », The Atlantic Monthly, juillet/août 2005, pp. 110-122.
-
[34]
Sur ce point, G. John Ikenberry, « America’s Imperial Ambition », op. cit. et Michael Mann, Incoherent Empire, New York, Verso, 2003, 284 p. ; ainsi que Jean-Frédéric Légaré-Tremblay, « L’idéologie néo-conservatrice et la politique étrangère sous George W. Bush », Études Raoul-Dandurand, no 9, 2005, pp. 19-22.
-
[35]
Parmi ces « idéologues », voir Dimitri K. Simes, « America’s Imperial Dilemma », Foreign Affairs, novembre/décembre 2003, pp. 91-102 et dans le même esprit (sans emprunter toutefois au même univers lexical) William Kristol et Robert Kagan, « Towards a Neo-Reaganite Foreign Policy », Foreign Affairs, juillet/août 1996, pp. 18-32 ; ou encore Charles Krauthammer, « The Unipolar Era », dans Andrew J. Bacevich (dir.), The Imperial Tense. Prospects and Problems of American Empire, Chicago, Ivan R. Dee, 2003, pp. 47-65.
-
[36]
Voir Charles-Philippe David, Au sein de la Maison-Blanche, op. cit., ainsi que, du même auteur, « La politique étrangère de Bush. Formulation et décision », Politique étrangère, no 4, hiver 2004. « Le facteur variable qui explique dans ces conditions les atermoiements de cette diplomatie et ses virements de bord répétés réside donc dans les contraintes internes, et, prioritairement, dans le caractère fondamentalement démocratique d’une politique extérieure surexposée par les médias et confrontée à un rythme électoral effréné », selon Jean-Jacques Roche, « Un empire sans rival », Enjeux diplomatiques et stratégiques, Paris, Économica, 2005, p. 24.
-
[37]
Jean-Jacques Roche, ibid., p. 25.
-
[38]
Michael Cox, « The Empire’s Back in Town. Or America’s Imperial Temptation. Again », Millennium, vol. 23, no 1, 2003, pp. 1-27 ; et du même auteur, « Empire by Denial ? Debating us Power », Security Dialogue, vol. 35, no 2, 2004.
-
[39]
Sur ce point, voir Louis Balthazar, dans Charles-Philippe David, Louis Balthazar et Justin Vaïsse, La politique étrangère des États-Unis. Fondements, acteurs, formulation, Paris, Presses de Sciences po, 2003, pp. 43-69.
-
[40]
Barthélémy Courmont, op. cit., p. 32.
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[41]
Denis Rétaillé, « Y a-t-il un centre américain au monde ? », dans Michel Wieviorka, op. cit., p. 86.
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[42]
Jean-Jacques Roche, op. cit., p. 43.
-
[43]
Jacques Fontanel, Les dépenses militaires et le désarmement, Paris, Publisud, 1995, p. 136.
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[44]
Barthélémy Courmont, op. cit., p. 210.
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[45]
Ibid, p. 118.
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[46]
Voir dans ce sens, la thèse de Michael Mann, op. cit.
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[47]
Arnaud Blin, op. cit., p. 150.
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[48]
Philip S. Golub, « L’imaginaire impérial américain », Le Monde diplomatique, septembre 2002.
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[49]
Philippe Roger, « Empire américain, fantasmes français », op. cit., p. 113.
-
[50]
Qui a même conduit certains auteurs à parler de période post-impériale : Martin Shaw, « Post-Imperial and Quasi-Imperial. State and Empire in the Global Era », Journal of International Studies, vol. 31, no 2, mars 2002, pp. 327-336.
-
[51]
Justin Vaïsse, « Les sens de l’empire », dans Michel Wieviorka, op. cit., p. 208.
-
[52]
Alain Joxe, op. cit., p. 186.
-
[53]
Barthélémy Courmont, op. cit., p. 185.
-
[54]
Ibid., pp. 203-204.
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[55]
Jean-Jacques Roche, op. cit., p. 418.
-
[56]
Charles S. Maier, « An American Empire », Harvard Magazine, no 2, novembre/décembre 2002, pp. 28-31.
-
[57]
Geir Lundestad, « Empire by Invitation ? The United States and Western Europe, 1945-1952 », Journal of Peace Research, no 23, 1986, pp. 263-277 ainsi que Empire by Integration. The United States and European Integration, 1945-1997, New York, 1998. Voir John Lewis Gaddis, We Now Know. Rethinking the Cold War, New York, Oxford University Press, 1997.
-
[58]
Robert Kagan, « The Benevolent Empire », Foreign Policy, no 111, été 1998, pp. 24-35.
-
[59]
Justin Vaïsse, op. cit., p. 208.
-
[60]
Jean-Jacques Roche, op. cit., pp. 417-418.
-
[61]
Joseph Nye, Soft Power, the Means to Success in World Politics, New York, Public Affairs, 2004, 240 p.
-
[62]
Voir, à ce titre, l’analyse de la littérature décliniste par Justin Vaïsse, « Tout empire périra. Le débat sur le déclin des États-Unis », Relations internationales, no 94, été 1998.
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[63]
Selon Christian Chavagneux, « Les règles du jeu de la mondialisation dépendent-elles uniquement des États-Unis ? », dans Michel Wieviorka, op. cit., p. 139.
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[64]
Raymond Aron, République impériale. Les États-Unis dans le monde, 1945-1972, Paris, Calmann-Lévy, 1973, 340 p.
-
[65]
Robert Gilpin, War and Change in World Politics, New York, Cambridge University Press, 1981, pp. 41-44.
-
[66]
Susan Strange, « The Future of the American Empire », Journal of International Affairs, vol. 42, no 1, 1988, pp. 305-315.
-
[67]
Dans ce sens : Robert O. Keohane, After Hegemony. Cooperation and Discord in the World Political Economy, New Jersey, Princeton University Press, 1984.
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