Comptes rendus : Économie internationale

Dunkley, Graham, Free Trade. Myth, Reality and Alternatives, London/New York, Zed Books, 2003, 256 p.[Record]

  • Gabrielle Lachance

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  • Gabrielle Lachance
    Sociologie, option développement
    Sainte-Foy, Québec

Voici un énième ouvrage sur le libre-échange et la mondialisation néolibérale. À sa lecture, on ne peut que constater qu’il offre un point de vue complémentaire, une vision nouvelle de ce phénomène d’une grande complexité et dont on ne finit pas d’explorer les multiples facettes. Un phénomène qui ressemble à un kaléidoscope dont les dessins produits par les objets colorés placés dans le tube changent de formes et de couleurs à la moindre rotation. Le présent volume s’inspire d’une publication antérieure de G. Dunkley, Free Trade Adventure. The wto, the Uruguay Round and Globalism – A Critique. Cette fois-ci, il approfondit ces questions et apporte quelques suggestions pour des solutions de rechange à partir d’interrogations comme : Y a-t-il des arguments crédibles contre le libre-échange et la mondialisation ? Un degré d’autosuffisance est-il possible dans un monde globalisé ? Y a-t-il des solutions de rechange à cet ordre mondial en croissance ? Pour y répondre, il réévalue les théories classiques du commerce, utilise des données historiques et actuelles et applique un plus grand éventail de critères que ceux généralement utilisés par la science économique. En introduction, il dénonce les mythes de la mondialisation et du libre-échange, et allègue qu’en ajoutant d’autres critères que ceux purement économiques, le libre-échange perd de sa consistance. Il propose quatre groupes d’approches (science économique rationnelle du libre-échange ; interventionnisme du marché ; développement humain ; communauté et souveraineté) se rapportant à trois séries de questions : quelles sont les attitudes envers 1) le commerce, le développement et la technologie ; 2) les méthodes utilisées et les buts recherchés dans l’élaboration de politiques ; 3) des considérations politiques, sociales, culturelles, éthiques, écologiques et spirituelles ? Les quatre perspectives sont discutées dans les chapitres suivants. Les chapitres 2 et 3 sont l’un, théorique et l’autre, surtout historique. Dunkley conteste la logique sous-jacente à la théorie du libre-échange selon laquelle ce dernier (dixit les « globo-euphoristes ») est économiquement bon pour tout le monde, dans tous les pays et en tout temps. Il nie que les mérites du libre-échange aient été généralement acceptés et définitivement prouvés depuis Adam Smith. Au contraire, plusieurs économistes réputés ont admis les carences du libre-échange et fourni des justifications à une certaine forme de protectionnisme tout en réservant leur préférence au libre-échange. Cependant, il y a toujours eu des « hérétiques » qui ont soulevé des questions beaucoup plus fondamentales. Avec le chapitre 4, l’auteur entame le volet pratique de son étude. Il analyse de façon critique cinq mythes du libre-échange considérés par les « mondialistes » comme le côté pratique de cette doctrine. Dans les faits, il observe que l’histoire n’est ni linéaire ni déterministe ; elle constitue plutôt un processus complexe qui exige beaucoup de prudence politique et est en partie influencée par des intérêts, dont des intérêts imputés au libre-échange et à la mondialisation. L’affirmation que le libre-échange conduit à la croissance économique et à un développement durable est remise en question dans les chapitres 5 et 6. Même si de tels buts sont enviables, un autre modèle pourrait permettre à chaque pays de déterminer son propre modèle de développement, un développement qui tienne davantage compte de valeurs humaines et culturelles. Le libre-échange est-il vraiment meilleur pour la croissance que le protectionnisme ; et les politiques non interventionnistes qui donnent libre cours aux exportations sont-elles meilleures pour le développement du tiers monde que la limitation des importations ? Non, répond l’auteur. On ne peut conclure en faveur de l’une ou l’autre solution. En outre, plusieurs stratégies alternatives de développement sont possibles selon les circonstances particulières à chaque …