Comptes rendus

Canada : Campaigns for International Security. Canada's Defence Policy at the Turn of the Century. Bland, Douglas L. et Sean M. Maloney. Montréal/Kingston, McGill-Queen's University Press, 2004, 291 p.[Record]

  • Richard Garon

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  • Richard Garon
    Programme Paix et sécurité internationales
    hei, Université Laval, Québec

De nombreux auteurs présentent le Canada comme un pays non militaire, anti-militaire, ou voire même pacifiste. Avec Campaigns for International Security, Douglas Bland et Sean Maloney soutiennent que le Canada est loin d'être non militaire, en fait, il est sans politique de défense. L'originalité de cet ouvrage ne consiste pas vraiment en ses observations et recommandations générales aussi bien que spécifiques, mais au fait qu'il est pratiquement l'unique ouvrage académique portant sur la politique canadienne de défense. Le livre se divise en six chapitres et comprend deux annexes. Les deux dernières parties offrent une typologie intéressante des activités militaires, une liste des opérations nationales et internationales auxquelles ont participé les Forces canadiennes durant les années 1990 et 2000, ainsi qu'une liste des différentes abréviations militaires. Dès le premier chapitre, les deux auteurs définissent le contexte international, ainsi que la participation canadienne aux actions militaires du Nouvel ordre international. Pour Douglas Bland et Sean Maloney, le Canada n'est plus seulement une nation engagée dans le maintien de la paix, mais un acteur oeuvrant à la stabilité internationale. Cet ouvrage est donc centré sur un concept clé, celui des campagnes de stabilité ou Stability Campaigns. Ce concept est défini de manière large. Bien que les objectifs d'une campagne de stabilité soit militairement presque les mêmes que ceux du maintien de la paix, pour Douglas Bland et Sean Maloney, les deux notions sont différentes. Selon ces auteurs, le déploiement de forces durant une campagne de sécurité est sujet aux objectifs politiques de l'État. Les opérations de stabilisation ne sont donc pas impartiales ou neutres comme dans le cas du maintien de la paix. Les différences majeures entre les deux concepts se situent au point de vue des objectifs à atteindre, mais également au niveau des moyens employés. Outre la définition de ce concept, le premier chapitre dresse un bilan des activités canadiennes dans le Nouvel ordre mondial. En général, selon ces auteurs, le Canada a grandement contribué à la stabilité internationale depuis la fin de la guerre froide. Cependant, pour Bland et Maloney, l'avenir est sombre car les capacités militaires canadiennes s'effritent rapidement et la politique canadienne de défense est improvisée et souvent incohérente. La deuxième section propose ce qui devrait être la politique de défense canadienne ou du moins, des pistes pour l'élaboration d'une telle politique. Ces deux auteurs adoptent la définition et la vision de l'élaboration des politiques telles que proposées par William Jenkins. Selon cette approche, l'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique se définit comme étant une série de décisions par des acteurs spécifiques à l'intérieur d'un processus de décisions. La majorité du chapitre porte donc sur l'identification théorique des types de processus d'élaboration de la politique de défense, ainsi que des acteurs influents au sein de ce processus. En lien avec ce développement théorique, la troisième partie du livre nous révèle que l'attitude canadienne envers la défense et la sécurité reflèterait un comportement national canadien Canadian Way of Warfare et en particulier l'approche nationale des relations civilo-militaires. Douglas Bland et Sean Maloney définissent cette attitude comme étant la volonté de s'impliquer dans des processus militaires, sans y investir de ressources militaires ou monétaires importantes. Ainsi, sans la menace d'une crise urgente, les Canadiens ne seraient pas enclins à investir des ressources pour leur propre défense. Pour ces auteurs, il est évident que le Canada a besoin de forces armées et qu'il faudra, à un moment ou à un autre, les utiliser pour faire valoir ses intérêts nationaux et accroître son influence. Selon cette logique, la politique canadienne de défense serait constamment imprégnée par une contradiction …