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Cet ouvrage, sous la direction de Christian Deblock, est écrit par quinze auteurs. Il s’agit donc d’un livre collectif composé de quinze articles articulés autour de l’omc et de la question des relations économiques internationales. Après une introduction générale sur l’omc, les différentes contributions sont regroupées en deux parties. Une première, centrée sur la question de l’intégration, une seconde, mettant en avant le poids des différents marchés que forment les relations économiques internationales.

Il s’agit là d’une oeuvre de nature scientifique. En effet, les annotations en bas de page sont très nombreuses et la plupart des articles sont complétés de références bibliographiques. Enfin, l’ouvrage comprend deux annexes essentielles: une liste des abréviations et une chronologie « du gatt à l’omc ».

Le lecteur trouvera ainsi dans ce livre le traitement des points essentiels relatifs à la vie économique internationale actuelle. C’est en janvier 1995 qu’est née l’Organisation mondiale du commerce. Cette nouvelle organisation internationale doit remplir quatre fonctions : 1) être l’enceinte pour les négociations commerciales ; 2) assurer la mise en oeuvre, l’administration, le fonctionnement et la réalisation des objectifs des accords dont elle a la charge ; 3) administrer la procédure de règlement des différends ; 4) coopérer avec la Banque mondiale et le fmi en vue d’élaborer des politiques économiques plus cohérentes au niveau mondial.

Quarante-huit ans après la conférence de la Havane, l’objectif de l’omc a évolué. Il ne s’agit sans doute plus d’une vision globale qui inscrivait la dimension commerciale dans un objectif de sécurité, de justice et de bien-être. Ainsi, à titre illustratif, il importe de rappeler que l’omc n’appartient pas au système des Nations Unies.

Par-delà des aspects particuliers qui concernent l’omc et les négociations commerciales actuelles, la lecture de l’ouvrage permet de mieux comprendre les enjeux fondamentaux auxquels le monde doit faire face. Bien souvent on accuse, à tort, l’omc de maux dont elle n’est pas responsable. En effet, l’omc n’a pas de responsabilité d’initiative; elle gère des accords qui sont approuvés par les États. Ainsi, en un sens, l’omc peut être considérée comme la caisse de résonance de problèmes dont l’origine est extérieure à cette organisation. L’intérêt de ce livre est justement de permettre une compréhension plus globale de problèmes dont la dimension commerciale n’est qu’un aspect.

Au-delà de cette question du commerce international, c’est toute la question des relations économiques internationales qui se trouve posée. En effet, il s’agit, dans le monde dans lequel nous vivons, d’être en mesure de maîtriser la transition de relations internationales à des relations globales, c’est-à-dire de passer du stade de l’interdépendance à celui de l’intégration. Cette évolution est doublée d’un deuxième processus dont il importe aussi de maîtriser le développement. Ce phénomène d’intégration est impulsé par l’entreprise et non par l’État. De fait, de plus en plus, les enjeux et les solutions relatives à ces derniers portent de moins en moins sur une problématique de relations économiques entre pays; mais de plus en plus sur celle de l’organisation économique interne à chaque pays. Les décisions prises au niveau international sont ainsi en rapport direct avec les choix socio-économiques à l’intérieur de chacune des sociétés nationales.

Trois problèmes très importants découlent alors logiquement de cet état de fait. En premier lieu, il s’agit naturellement de la question de la souveraineté des États. Dans le cadre de ce processus d’intégration impulsé par l’entreprise, quelle définition et quelle pratique donner à ce concept ? En deuxième lieu, se pose la question du contenu de sens à donner à la notion de développement. S’agit-il là d’une conception qui doit prendre une signification unique, ou qui demeure déclinable selon des conceptions particulières et donc locales. Enfin, en troisième lieu, à travers le sujet du commerce international, c’est la question des droits de l’homme et de la personne qui se trouve posée par cet ouvrage. S’engage-t-on, de fait, dans un processus d’universalisation de cette question ?

Ainsi, le lecteur de cet ouvrage comprendra très vite que les interrogations posées par les auteurs du livre prennent une dimension non seulement économique mais aussi très largement politique. Un ouvrage dense qui, compte tenu de sa présentation, est aisé à lire.