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Cet ouvrage collectif est le cinquième titre de la collection « The G8 and Global Governance Series ». Il est publié grâce à une collaboration multidimensionnelle canado-germanique comprenant notamment le Centre d’études internationales de l’Université de Toronto et l’Institut de politique économique de l’Université de Cologne. Il fait essentiellement le bilan de la réunion du G8 qui s’est tenue à Cologne en 1999, vingt-cinq ans après le premier sommet de Rambouillet en 1974.
Il s’agit d’un ensemble composé de quatorze essais rédigés essentiellement par des universitaires allemands et canadiens appartenant à des écoles de pensée différentes combinées à des approches épistémologiques et idéologiques rarement convergentes (économiques et politologiques pour être plus précis). Il en ressort un panaché de diagnostics et de solutions pour le moins varié concernant l’impact de ce sommet sur les nouvelles avenues que pourra emprunter la gouvernance mondiale sous l’égide du G8. Le volume se scinde en trois parties et une conclusion (que les auteurs considèrent comme une quatrième partie).
La première porte sur les composantes économiques du système mondial qui ont représenté le coeur même des débats du G7/8 depuis ses débuts, à savoir la coordination des politiques macroéconomiques et monétaires dans le contexte du système multilatéral, notamment commercial, qui les gouverne. Le défi majeur à relever est celui de la sécurisation de la stabilité financière alors que les causes et conséquences de ce phénomène demeurent encore mal connues. Le système financier international devrait devenir plus transparent, avoir davantage d’imputabilité, une réglementation bancaire plus efficace ainsi qu’un rôle plus limité pour le fmi. Cependant une dimension essentielle vient quelque peu endiguer ces voeux que certains perçoivent comme pieux. Il s’agit plus spécifiquement de la dollarisation dans une perspective régionale qui façonne une gouvernance autour de cet espace économique de plus en plus mondialisé, notamment celui des Amériques.
La deuxième partie s’intitule, faute de mieux, « l’ordre du jour général » au sein duquel se retrouvent des thèmes aussi variés que ceux du G7 face à la dette des pays les plus pauvres, le rôle du G7/8 dans la fin des hostilités en Bosnie et au Kosovo ainsi que la dynamique entre le G7/8 et l’Union européenne. Le vieux débat entre l’aide ou le commerce refait surface. Là encore, il apparaît clairement qu’une plus grande ouverture des marchés tant au Nord (diminution des subventions à l’agriculture notamment) qu’au Sud aurait un impact plus significatif sur le développement des pays dits en voie de développement. La gestion de la crise au Kosovo et en Bosnie sous l’égide informelle du G8 a permis de mettre de l’avant les atouts de la diplomatie de concertation qui se veut moins formelle et plus orientée vers les efforts de coordination des acteurs. Quant aux interférences entre les politiques de l’Union européenne (ue) et les recommandations du G8, il semble que l’ue aille plus loin que le G8 dans ses politiques à l’égard de l’environnement alors que c’est l’inverse pour les politiques commerciales. La double appartenance pour les pays membres de l’ue et du G8 ne pose cependant pas de difficultés étant donné la nature profondément différente des deux regroupements multilatéraux.
Quant à la troisième partie, elle regroupe des études quelque peu disparates sur les spécificités du G20, la coopération en matière de politique macroéconomique internationale à l’ère de l’euro (qui aurait pu être placée en première partie), le projet de rapprochement du G7/8 avec la Chine, les perspectives internationales de la gouvernance privée et enfin les défis de la création d’une gouvernance mondiale pour un développement durable. Le sommet de Cologne restera dans l’histoire comme celui de la création du G20 qui aborde la problématique des réformes du système financier international en associant des joueurs clés que sont devenus les pays tels que le Brésil, la Corée, l’Inde ou encore le Mexique sans oublier la désormais incontournable Chine. Le potentiel de cet aréopage se démultiplie s’il devient un forum de négociation plus systémique en intégrant les discussions de nature aussi bien financière que commerciale ou encore écologique, devenant ainsi un véritable outil de gouvernance mondiale.
Quant aux normes éthiques de gestion du secteur privé, ce sommet a encore renforcé le besoin de plus de transparence, d’imputabilité (déjà exigé du système financier international tel qu’évoqué dans la première partie de cet ouvrage collectif) et de la nécessité pour les gouvernements d’une meilleure collaboration pour lutter contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale. Les cyniques pourraient rétorquer que cela n’a pas empêché les scandales financiers qui ont suivi.
En conclusion, le bilan de Cologne est analysé sur la base des résultats obtenus. L’attribution de notes pour évaluer les accomplissements de ce sommet en fonction de leur atteinte des dix catégories d’objectifs apparaît aussi scolaire que hautement subjective et donc peu convaincante. Cependant, l’apport majeur de cette rencontre est indéniablement la mise en place d’un consensus sur une mondialisation qui soit socialement viable et qui, en conséquence, passe notamment par une meilleure coordination des politiques macroéconomiques et une volonté affirmée d’aborder les défis internationaux de guerre et paix. La raison d’être du G7/8 a ainsi été renforcée puisqu’il est devenu aujourd’hui incontournable d’établir des garde-fous sociaux servis par une libéralisation du marché et une gouvernance démocratique. Le pluralisme qui en découle laisse ainsi une plus grande place à l’influence qu’exerce la société civile.
Les sommets devraient ainsi se contenter d’établir les règles du jeu et s’abstenir de toute tentation d’interventionnisme au niveau, par exemple, de la définition du salaire minimum ou encore des normes écologiques à respecter à travers le monde (p. 301). Or il s’agit là d’une conclusion quasi idéologique que ne partage sûrement pas l’ensemble des auteurs de cet ouvrage collectif si on se fie au constat des divergences disciplinaires, épistémologiques et politiques constatées au début de cet ouvrage.
Ce volume recèle nombre d’analyses et d’informations pertinentes et variées sur le sommet de Cologne pour les chercheurs intéressés à suivre attentivement l’évolution des efforts multilatéraux informels, symbolisés par les acteurs du G7/8, en vue d’une gouvernance mondiale souple et réaliste.