Étude bibliographique

Une relecture des relations internationales de post-guerre froide[Record]

  • Houchang Hassan-Yari

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  • Houchang Hassan-Yari
    Professeur et directeur du Département de science politique et d’économique du Collège militaire royal du Canada de Kingston.

Betts, Richard K., Conflict After the Cold War. Arguments on Causes of War and Peace, 2e éd., New York, Longman, 2002, 567 p. L’ouvrage de Betts est un recyclage annoté des textes classiques couvrant un vaste éventail d’écrits, des écoles de pensées en relations internationales aux tensions transnationales en passant par l’économie, l’idéologie et la technologie militaire. Le livre de John A. Vasquez, Classics of International Relations, 2e éd., Englewood Cliffs, New Jersey, Prentice Hall, 1990, est un autre recueil de textes classiques dans le domaine des relations internationales.

Duncan, W. Raymond, Barbara Jancar-Webster et Bob Switky, World Politics in the 21st Century, New York, Longman, 2002, 696 p. Ce manuel imposant des relations internationales reprend les thèmes fondamentaux de la discipline et se préoccupe des questions de l’heure tels le terrorisme, l’acceptation de la Chine au sein de l’omc, la question des aliments modifiés génétiquement, etc.

Lawson, Stephanie (dir.), The New Agenda for International Relations. From Polarization to Globalization in World Politics ?, Oxford uk, Blackwell Publishers, 2002, 234 p. Lawson regroupe plusieurs textes d’universitaires oeuvrant dans différentes disciplines de science sociale et qui adoptent de plus en plus une perspective internationale et globale dans leurs études.

Papp, Daniel S., Contemporary International Relations. Frameworks for Understanding, 6e éd., New York, Longman, 2002, 535 p. Manuel presque complet, l’ouvrage de Papp analyse tous les éléments essentiels, classiques et plus modernes, pour comprendre les relations internationales.

Une clarification d’ordre méthodologique s’impose avant l’entrée dans le vif du débat. En dépit de la chute du Mur de Berlin et le démantèlement des régimes de démocraties populaires, les relations au niveau mondial restent intergouvernementales et non internationales ; celles-ci demeurent un idéal lointain à atteindre. Contrairement à l’idée surgie au cours des années 60 selon laquelle l’État allait se dissiper devant l’expansion phénoménale des firmes et banques multinationales, celui-ci surmonte les défis existentiels et continue d’occuper le centre décisionnel sur l’échiquier mondial. Il exerce allègrement son monopole de force « légitime » à l’intérieur et fournit un cadre légal pour l’échange avec le monde extérieur. Après les décennies de certitude de la guerre froide et la dissuasion nucléaire, les rapports inter-étatiques, libérés de la mainmise des super-puissances, entament une période de turbulence. Les antagonismes ethnique et tribal éclatent dans plusieurs régions. Ces conflits révèlent la nature artificielle et prétendument complexe des relations internationales. La dimension ethnocentrique et tribale des conflits post-guerre froide expose l’inconsistance dans l’évolution des relations internationales dans deux mondes avec des intérêts incompatibles : le club restreint des pays surdéveloppés et le reste. C’est dans ce contexte d’anarchie localisée et contrôlable que plusieurs observateurs des relations mondiales cherchent à trouver des points de repère communs et reposent des questions sur les éléments de l’identité des groupements que l’on pensait compris. Daniel S. Papp analyse les relations internationales contemporaines et tente de repérer des cadres d’analyse accessibles pour en faciliter la compréhension. D’autres formulent des hypothèses sur les micro-question, oubliées en faveur des macro-problèmes existentiels durant la guerre froide ; ils reviennent sur les débats désormais classiques de l’identi-fication des structures et acteurs des relations internationales. Le contexte l’exigeant, les questions d’ordre national, ethnique et tribal, de la violence dans certaines de ses formes tels guerre, armes et terrorisme ou encore de la question des femmes reprennent une place de choix dans l’analyse des relations internationales. À ces questions s’ajoutent des interrogations sur la pauvreté, les droits humains, l’environnement et l’explosion démographique. L’avenir de la guerre en préoccupe plusieurs qui évoquent l’utilité d’une relecture des textes devenus désormais classiques pour comprendre mieux la dynamique des relations internationales depuis la fin de la guerre froide. Certains observateurs poussent les limites rigides du cadre d’étude en proposant un nouvel ordre du jour pour les relations internationales. Ils s’interrogent sur le passage de la polarisation du système bipolaire à la mondialisation dans la politique mondiale. Malgré l’affirmation de Dougherty et Pfalzgraff selon laquelle la théorie des relations internationales change constamment, on assiste à une remarquable continuité dans la référence aux paradigmes classiques comme cadre d’analyse dans la littérature sur les relations internationales. Toutes les recherches d’innovation et de théorisation tournent autour de la mise à jour des théories existantes, leur purification ou encore la création de contre-théories. La permanence des théories classiques et leurs dérivés est un signe des temps. La vision réaliste, qui est liée directement à la problématique de puissance et à la domination universelle des États-Unis, maintient sa suprématie sur les autres écoles de pensée. Contrairement à la longue vie du duo réaliste-idéaliste, l’émergence et la courte vie des théories marxiste et de dépendance, populaires dans le contexte de l’euphorie de décolonisation et de contre-pouvoir de l’Union soviétique, ne sont que des souvenirs lointains. La théorie idéaliste est particulièrement malmenée par les conditions euphoriques de l’après-guerre froide et la consolidation de la puissance américaine. Les événements du 11 septembre 2001 et la « guerre contre le terrorisme » ne font que renforcer cette domination massive et le recul des idéaux plus conciliants dans les relations mondiales. …

Appendices