Comptes rendus : Régionalisme – Amériques

Sistema interamericano y democracia. Antecedentes historicos y tendencias futuras.Tickner, Arlene B. (comp.). Bogota, Ediciones Uniandes, 2000, 397 p.[Record]

  • Jacques Paquet

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  • Jacques Paquet
    Candidat au doctorat en science politique
    Auxiliaire de recherche
    Institut québécois des hautes études internationales
    Université Laval, Québec

Au cours de la dernière décennie, la promotion et la préservation de la démocratie sont devenues des piliers centraux du système interaméricain. En effet, nous n’avons qu’à évoquer l’adoption par les États de l’hémisphère en 1991, à Santiago au Chili, de la Résolution 1080 permettant à l’Organisation des États américains (oéa) de prendre les mesures nécessaires afin de promouvoir et de défendre la démocratie représentative. Ou encore, nous pouvons rappeler la signature du Protocole de Washington en 1992 prévoyant la suspension de l’organisation régionale s’il y a interruption de l’ordre constitutionnel. Comment expliquer cette prise en charge des questions liées à la démocratie par l’oéa, organisme confiné historiquement aux questions de sécurité traditionnelles ? C’est dans le cadre des événements entourant le cinquantenaire de la création de l’oéa en 1998, et afin de répondre à l’engouement depuis la fin de la guerre froide des cercles académiques pour l’étude des institutions internationales, que le Centre d’études internationales (cei) de l’Université de los Andes en Colombie, avec l’appui de l’Unité pour la promotion de la démocratie (upd) de l’oéa, a réuni un groupe de travail composé de seize chercheurs provenant de douze pays de l’hémisphère. Ce groupe avait pour objectif d’aborder de façon compréhensive une grande variété d’enjeux se rapportant à la relation existant entre le système interaméricain, en particulier l’oéa, et la démocratie dans l’hémisphère. L’approche théorique qui oriente les quatorze articles de cet ouvrage est le constructivisme. Celui-ci, contrairement à d’autres approches dans le champ des relations internationales tels le néo-réalisme et l’institutionnalisme néo-libéral, postule que les identités et les intérêts de l’État sont définis en termes de la construction sociale de la subjectivité. Ainsi, les règles formelles caractérisant les diverses institutions internationales acquièrent une signification seulement lorsque les États participent dans des « processus de connaissances collectifs ». Arlene B. Tickner, compilatrice de la publication, affirme que ce n’est que dans l’optique constructiviste qu’il est possible de comprendre l’importance qu’a acquise la démocratie dans l’oéa. Elle est le produit des changements dans les préférences et les identités des États membres, eux-mêmes issus des interactions mutuelles, facteurs de construction d’une conscience hémisphérique démocratique. L’ouvrage peut être divisé selon trois thèmes. Le premier thème concerne l’analyse de l’évolution du système interaméricain, plus particulièrement depuis la création de l’Organisation des États américains en 1948, et de la relation de celui-ci avec le renforcement de la démocratie dans l’hémisphère. Pour ce faire, non seulement la trajectoire du système interaméricain est examinée en termes généraux (chap. 1) mais sont abordés également le rôle des États-Unis (chap. 2), le développement des principes de non intervention et de souveraineté (chap. 3), l’importance du thème des droits humains (chap. 4), et les programmes stratégiques comme l’Alliance pour le progrès (chap. 5) pour la promotion de la démocratie. Nous pouvons également inclure dans ce premier thème les chapitres 6 et 7 qui font l’analyse du rôle de l’oéa dans divers conflits caribéens et d’Amérique centrale tant pendant qu’après la guerre froide. Le deuxième thème, quant à lui, s’intéresse aux mécanismes multilatéraux mis en place pour la résolution des problèmes de l’hémisphère. Ces derniers ont reçu une impulsion définitive lors de l’adoption de l’Engagement de Santiago en 1991, et plus particulièrement de la Résolution 1080, laquelle permet à l’oéa d’intervenir en cas d’interruption de l’ordre constitutionnel démocratique dans les pays membres. Ainsi, les chapitres 8, 9, 10 et 11 examinent quatre cas pour lesquels la Résolution 1080 fut évoquée afin d’éviter une rupture de l’ordre constitutionnelle, c’est-à-dire Haïti (1991), le Pérou (1992), …