Comptes rendus : Droit international

Reconciliation via the War Crimes Tribunal ?Fatic, Aleksandar. Brookfield, Ashgate, uk, 2000, 117 p.[Record]

  • Yves Beigbeder

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  • Yves Beigbeder
    unitar, France

L’intérêt de cet ouvrage court (8 chapitres, 117 p.), pour les lecteurs occidentaux, est d’exposer le point de vue d’un auteur serbe à l’égard des récentes guerres balkaniques et du rôle joué par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (tpiy) dans la réconciliation entre les nations déchirées par ces guerres, un point de vue tant théorique que pratique qui le différencie des connaissances ou des conceptions généralement acceptées dans les pays de l’Europe occidentale et en Amérique du Nord. Ouvrage de qualité, il s’adresse aux spécialistes et aux universitaires. Au premier chapitre, l’auteur rappelle que les États-Unis et leurs alliés ont mené des attaques militaires, légitimées par le Conseil de sécurité pendant les années 1990 contre l’Irak et les positions militaires des Serbes bosniaques. Les agressions commises au nom du multilatéralisme dans les relations internationales auraient atteint un niveau constituant une menace majeure pour les pays qui n’ont pas de place à la table des décisions multilatérales dans les grandes organisations internationales. Le principe du multilatéralisme a été respecté à la création du tpiy, mais tous les membres de l’onu auraient dû pouvoir exprimer leurs inquiétudes et leurs suggestions concernant les poursuites, les procédures et la mise en oeuvre des sanctions. Seuls quelques pays ont joué un rôle actif de soutien au Tribunal et de contrôle de son travail, alors que les pays les plus concernés, c’est-à-dire les États de l’ex-Yougoslavie, sont apparus marginalisés et absents de la prise de décision à La Haye. Le Tribunal aurait pu faciliter la catharsis des sentiments de vengeance et d’affliction entre les nations blessées de l’ex-Yougoslavie s’il avait fonctionné comme un filtre de messages entre les communautés en conflit, assumant ainsi un rôle de réconciliation. Le manque de pouvoir du tpiy pour donner suite aux mandats d’arrêt a constitué une déception. Il a été perçu comme un instrument des grandes puissances pour exercer des pressions sur les pays des Balkans. Dans son 2e chapitre, l’auteur affirme que toutes les élites politiques de l’ex-Yougoslavie, élites communistes devenues nationalistes, ont été coupables d’abus de pouvoir politique sous une forme brutale qui a résulté en massacres, nettoyage ethnique et génocide. Cependant, ni Alija Izetbegovic, Président de la Bosnie, ni Franjo Tudjman, Président de la Croatie, n’ont été inculpés. Le bombardement de l’otan au Kosovo a été un acte arbitraire d’agression. Les leaders politiques des pays occidentaux ainsi que les principaux responsables de l’onu devraient répondre de leur action et inaction qui ont résulté en désastres humanitaires et crimes de guerre. Le 3e chapitre rappelle les évènements précédant les accords de Dayton. Les dispositions civiles de ces accords devaient établir une société civile en Bosnie, mais le retour des réfugiés a constitué un autre « crime contre l’humanité » de la part des pays d’Europe occidentale pressés de se débarrasser de leurs réfugiés. Le Tribunal aurait dû prévenir de nouvelles atrocités : les crimes de guerre les plus sérieux ont été commis après sa création. Selon le chapitre 4, le rôle principal du Tribunal était de rapprocher les peuples séparés par la guerre, en les aidant à obtenir une catharsis par la clarification de la question de la culpabilité pour les atrocités de guerre. Parmi les objections soulevées à l’égard de la création du Tribunal, l’auteur en retient deux : le Tribunal a servi d’instrument politique pour exercer des pressions principalement à l’égard des Serbes. Les acteurs internationaux ne sont pas impartiaux : les États-Unis, les principaux soutiens du Tribunal, sont les patrons des Bosniaques musulmans, l’Allemagne soutient les Croates, la Russie est l’alliée (faible) des Serbes, avec la …