Abstracts
Résumé
L’influence de la doctrine et de la pensée ultramontaines au Canada français, de ses réseaux et de ses luttes politico-religieuses, a fait l’objet de nombreuses recherches. Cependant, l’étude de ses aspects originaux eu égard à la question nationale reste peu explorée. Contrairement à l’ultramontanisme français – monarchiste, critique des Églises nationales et résolument en faveur d’un catholicisme universaliste – sa variante canadienne-française a fait sienne une certaine idée romantique de la nation : l’avènement d’une « contre-société » intégralement catholique s’y est fait projet d’édification nationale. C’est sur cette « affinité élective » entre l’ultramontanisme et le nationalisme canadien-français que porte cet article. En effet, la traduction sociopolitique de l’ultramontanisme mennaisien en sol canadien-français n’est pas sans réserver plusieurs surprises, qu’aident à cerner le rôle providentiel dévolu au peuple et à ses coutumes, son ambition d’institutionnalisation du social et son parti pris farouche pour l’autonomie de l’Église. À ce titre, la pensée « réformiste » d’Étienne Parent, sur laquelle Fernand Ouellet a déjà souligné l’influence des « doctrines théocratiques », exprime ce mélange de nationalisme et d’ultramontanisme, et suggère l’attrait plus large qu’il suscite dans le cadre tumultueux de l’Acte d’Union du Haut et du Bas Canada, puis du « renouveau religieux ». Une telle analyse permet a fortiori de situer le nationalisme canadien-français parmi les types d’édification nationale, ceux des « nations culturelles sans État souverain », où précisément la constitution d’une « Église-nation » est susceptible d’advenir.
Abstract
This article studies the links between ultramontanism and French Canadian nationalism. If the influence of the ultramontane doctrine in French Canada, its networks and its politico-religious quarrels, has been the subject of many researchs, less has been written on its view of the national question. Unlike French ultramontanism – monarchist, critique of « national churches » and strongly universalist -, French Canadian ultramontanism readily adheres to a certain romantic idea of nations : the project of a « counter-society », fully Catholic, here becomes a project of nation-building. To explore this « elective affinity » between ultramontanism and nationalism in French Canada, this article first provides an overview of the thought of « reformist » Étienne Parent, on which Fernand Ouellet observed the influence of « theocratic doctrines ». It then studies various facets of Mennaisian ultramontanism, especially the providential role given to the people and its customs, its will to institutionalize social life, and its fierce combat for the Church’s independance. In so doing, it situates French Canadian nationalism among the many types of nation building, that of « cultural nations without sovereign state », where the constitution of a « Church-Nation » has the best chance to occur.
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