Abstracts
Résumé
Dès l’avènement du régime seigneurial en terre canadienne, l’Église catholique s’est imposée comme un acteur incontournable dans la propriété de fiefs. Le destin des propriétés seigneuriales ecclésiastiques au lendemain de la Conquête est assez bien connu. En effet, à l’exception notable des Jésuites, la plupart des communautés et institutions vont préserver leurs terres jusqu’au terme de la période seigneuriale. Or, l’abolition du régime seigneurial au Québec s’est réalisée de manière très progressive. L’année 1854, généralement présentée comme celle de l’abolition, ne constitue qu’un jalon de la lente extinction de la propriété seigneuriale en sol québécois et les seigneurs ont conservé, après 1854 et jusqu’à nos jours, la totalité de leurs anciens domaines et toutes les terres non concédées à cette date. Ainsi, les «censitaires» ont continué, jusqu’en 1940, à verser des rentes aux «seigneurs» québécois. En 1935, le gouvernement du Québec adoptait la Loi abolissant les rentes seigneuriales qui créait le Syndicat national du rachat des rentes seigneuriales, lequel visait à mettre un terme à cette persistance. Ce texte vise à rendre compte, grâce aux riches archives de cet organisme, de la manière dont les acteurs ecclésiastiques ont réagi aux transformations de l’institution seigneuriale entre 1854 et 1940. Il permettra d’observer des continuités, d’importantes ruptures, mais aussi l’avènement de nouveaux «seigneurs» ecclésiastiques au XXe siècle.
Abstract
From the moment the seigneurial system was implemented on Canadian soil, the Catholic Church has established itself as a major player in the ownership of fiefs. The fate of the ecclesiastical properties after the Conquest is quite well known. Indeed, with the notable exception of the Jesuits, most of the communities and institutions had preserved their land until the end of the seigneurial regime. The abolition of the feudal system in Quebec has been very gradual. The year 1854 generally presented as one of abolition is merely a milestone in the slow extinction of the seigneurial property and the seigneurs retained after 1854 up until today, all their domanial lands as well as the lands that were not granted to 1854. Thus, the "censitaires" continued until 1940, to pay rents to their "seigneurs". In 1935, the Quebec government passed the Loi abolissant les rentes seigneuriales and created the “Syndicat national du rachat des rentes seigneuriales”, which aimed to put an end to this anachronistic persistence. The purpose of this text is to show, supported by the archives of the above mentioned organization, how the ecclesiastical actors reacted to changes which affected the seigneurial ownership between 1854 and 1940. It will observe continuities, significant disruptions but also the emergence of new "seigneurs" in the twentieth century.