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Volume 79, Number 2, 2013
Table of contents (5 articles)
Articles
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L’érémitisme en Nouvelle-France et la vocation singulière de Toussaint Cartier au XVIIIe siècle
Claude La Charité
pp. 5–19
AbstractFR:
Au siècle des Lumières, l’érémitisme est un phénomène marginal pour l’Église catholique qui lui préfère les ordres missionnaires. Le cas de Toussaint Cartier, qui vécut sur l’île Saint-Barnabé au large de Rimouski de 1728 jusqu’à sa mort en 1767, pourrait a priori donner à penser que la Nouvelle-France était plus favorable à ce type de vocation. Or, tel n’est manifestement pas le cas : le témoignage du marquis de Montcalm, la condamnation de l’érémitisme par le pape Benoît XIV, le cas de l’ermite de Trois-Pistoles au début du XVIIIe siècle et les dispositions de l’ancien droit civil à l’égard des ermites constituent autant de points de vue qui éclairent d’un jour nouveau la vocation énigmatique et problématique de Toussaint Cartier pour les institutions de son temps.
EN:
In the eighteenth century, hermetism was a marginal phenomenon for the Catholic Church, which favoured the missionary orders. The case of Toussaint Cartier, who lived on the island of St. Barnabé off the coast of Rimouski from 1728 until his death in 1767, might lead us to infer that New France was more tolerant of this type of vocation. Now, such was manifestly not the case, as is obvious from the testimony of the marquis de Montcalm, the condemnation of hermetism by Pope Benedict XIV, the case of the hermit of Trois-Pistoles in the early eighteenth century, and provisions regarding hermits in the old civil law. All these points of view shed new light on the enigmatic and problematic vocation of Toussaint Cartier for the institutions of his time.
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L’Église et la propriété seigneuriale au Québec (1854-1940) : continuité ou rupture ?
Benoît Grenier
pp. 21–39
AbstractFR:
Dès l’avènement du régime seigneurial en terre canadienne, l’Église catholique s’est imposée comme un acteur incontournable dans la propriété de fiefs. Le destin des propriétés seigneuriales ecclésiastiques au lendemain de la Conquête est assez bien connu. En effet, à l’exception notable des Jésuites, la plupart des communautés et institutions vont préserver leurs terres jusqu’au terme de la période seigneuriale. Or, l’abolition du régime seigneurial au Québec s’est réalisée de manière très progressive. L’année 1854, généralement présentée comme celle de l’abolition, ne constitue qu’un jalon de la lente extinction de la propriété seigneuriale en sol québécois et les seigneurs ont conservé, après 1854 et jusqu’à nos jours, la totalité de leurs anciens domaines et toutes les terres non concédées à cette date. Ainsi, les «censitaires» ont continué, jusqu’en 1940, à verser des rentes aux «seigneurs» québécois. En 1935, le gouvernement du Québec adoptait la Loi abolissant les rentes seigneuriales qui créait le Syndicat national du rachat des rentes seigneuriales, lequel visait à mettre un terme à cette persistance. Ce texte vise à rendre compte, grâce aux riches archives de cet organisme, de la manière dont les acteurs ecclésiastiques ont réagi aux transformations de l’institution seigneuriale entre 1854 et 1940. Il permettra d’observer des continuités, d’importantes ruptures, mais aussi l’avènement de nouveaux «seigneurs» ecclésiastiques au XXe siècle.
EN:
From the moment the seigneurial system was implemented on Canadian soil, the Catholic Church has established itself as a major player in the ownership of fiefs. The fate of the ecclesiastical properties after the Conquest is quite well known. Indeed, with the notable exception of the Jesuits, most of the communities and institutions had preserved their land until the end of the seigneurial regime. The abolition of the feudal system in Quebec has been very gradual. The year 1854 generally presented as one of abolition is merely a milestone in the slow extinction of the seigneurial property and the seigneurs retained after 1854 up until today, all their domanial lands as well as the lands that were not granted to 1854. Thus, the "censitaires" continued until 1940, to pay rents to their "seigneurs". In 1935, the Quebec government passed the Loi abolissant les rentes seigneuriales and created the “Syndicat national du rachat des rentes seigneuriales”, which aimed to put an end to this anachronistic persistence. The purpose of this text is to show, supported by the archives of the above mentioned organization, how the ecclesiastical actors reacted to changes which affected the seigneurial ownership between 1854 and 1940. It will observe continuities, significant disruptions but also the emergence of new "seigneurs" in the twentieth century.
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Le campus de l'Université Laval : lieu de modernisation d’une institution universitaire catholique et du Québec
Richard Leclerc
pp. 41–54
AbstractFR:
Pour développer les activités de l’Université Laval et moderniser ses infrastructures, afin d’offrir à ses étudiants et à ses professeurs un environnement d’enseignement et de recherche de qualité, ses dirigeants décident de créer une Cité universitaire en 1945. Ce projet visant à déménager l’Université, qui est à l’étroit dans ses bâtiments du Vieux-Québec, vers un campus moderne localisé en banlieue de Québec constitue un exercice mené par l’Église catholique ayant contribué à la modernisation de la société québécoise. De plus, la Cité universitaire a eu un impact sur l’aménagement du territoire et le développement économique de la ville de Québec.
EN:
For the development of its activities and the modernization of its infrastructures, in order to offer a better academic environment to its students and professors, the leaders of Université Laval decided to found a new campus in 1945. This project to move the Université from its small buildings of Vieux-Québec to a large modern campus in the suburb of the ville de Québec constituted an action taken by the Catholic church and contributed to the modernization of the Québec society. Moreover, the campus had an impact on the land planning and the economic development of the ville de Québec.
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Une migration silencieuse. Paroles de prêtres laïcisés dans le diocèse de Rimouski
Bernard Gagnon and Françoise Paradis Simpson
pp. 55–70
AbstractFR:
De 1965 à 1979, trente-quatre prêtres séculiers du diocèse de Rimouski ont quitté la prêtrise. Or, il existe au Québec peu d’études historiques et sociologiques sur le nombre précis des départs et les raisons de ceux-ci. S’il est possible d’avancer quelques facteurs clés pour mettre en contexte ces sorties — la modernisation et les changements dans les moeurs de la société québécoise, Vatican II et ses promesses avortées de réformes, ou encore la discipline du célibat —, les motivations, les intentions et les représentations des acteurs concernés n’ont pas été l’objet d’investigation détaillée. Pour remédier à ce fait, nous avons mené une série d’entretiens avec des prêtres et des anciens prêtres du diocèse de Rimouski qui étaient au coeur de la tourmente qui traversa l’Église locale sous la période à l’étude. Nous présentons dans cet article les premiers résultats de nos travaux ainsi que le constat général d’un écart marqué entre la signification «tumultueuse» et la concrétisation «discrète» des sorties dans le contexte du diocèse rimouskois.
EN:
From 1965 to 1979, thirty-four secular priests from the diocese of Rimouski left the priesthood. And yet, few historical and sociological studies in Quebec exist on the exact number of departures or the reasons behind them. While a few key factors can be advanced to put these departures into context — modernization and changes in the mores of Quebec society, Vatican II and its failed promises of reforms, or the requirement of celibacy — the motives, intentions and representations of those involved have not been a subject of detailed investigation. To remedy this fact, we have held a series of interviews with priests and former priests of the diocese who were at the heart of the turmoil experienced by the local Church during the period in question. In this article, we present the preliminary findings of our work as well as the general observation of a marked gap between the “tumultuous” meaning and the “discreet” nature of the departures in the context of the diocese of Rimouski.